Yveline Loiseur

Dans l’embrasement de la couleur et le miroitement de la lumière, l’exposition Votre souvenir brille comme une fête compose un poème visuel autour de la mémoire, de l’enfance et de la vieillesse, et de notre relation sensible avec ces autres êtres vivants qui constituent ce qu’on appelle la nature, eau, fleurs et arbres.

Yveline Loiseur considère le lieu d’exposition comme une géographie intérieure, une cartographie mentale où tout l’immense et compliqué palimpseste de la mémoire se déroule d’un seul coup, avec toutes ses couches superposées de sentiments défunts, mystérieusement embaumés dans ce que nous appelons l’oubli (Baudelaire). La mémoire est imagée sous forme de portraits d’enfants et de personnes âgées, ainsi que des fragments de paysages et des natures mortes. Emprunté à Proust, le titre de l’exposition Votre souvenir brille comme une fête 1 dessine les contours flous des songes qui nous habitent.

L’accrochage est construit autour de la ligne du temps que constitue le grand mur, qui sédimente dans sa verticalité les couleurs de nos souvenirs 2 et rejoue les âges de la vie. Les deux espaces d’exposition qui s’y enchâssent en deux plateaux déploient au rez-de-chaussée l’univers de l’enfance et de l’adolescence et à l’étage celui de la vieillesse. Deux ensembles se répondent, L’Heure défleurie (2022) et Conversation Pieces (2017-2020), entrainant avec eux dans le poudroiement de la couleur des images solitaires, des petites séries photographiques inédites et des livres d’artistes.

Les espaces intermédiaires, le hall d’entrée et le palier du premier étage, accueillent des livres d’artiste et un album pour la jeunesse, La Petite fille aux allumettes (2013). Ils en appellent à l’esprit des lieux attachés à la rencontre, à la porosité des pratiques artistiques, au partage du sensible.

1 Je contemple souvent le ciel de ma mémoire, Poèmes, Paris, Gallimard, 1982
2 Emprunté à Michel Pastoureau