Yann Arthus-Bertrand

En 2005, il crée la Fondation GoodPlanet dans le bois de Boulogne à Paris. Reconnue d’utilité-publique, elle a pour objectif de placer l’écologie et l’humanisme au cœur des consciences et de susciter l’envie d’agir concrètement pour la terre et ses habitants. Cet engagement lui vaut d’être nommé « Ambassadeur de bonne volonté » du Programme des Nations Unies pour l’Environnement en 2009. En 2017, il ouvre la Fondation au public et offre gratuitement un espace d’expérimentation pour accueillir des œuvres engagées, des rencontres et des moments de partage, autour d’une écologie généreuse. Il choisit alors de passer derrière la caméra et réalise des documentaires. En 2009, sort son premier film Home. Diffusé gratuitement et simultanément sur youtube et 120 télévisions dans le monde, on estime que Home a été vu par près de 600 millions de personnes. En 2011, Yann Arthus-Bertrand et Michael Pitiot explorent la vie dans l’océan de son origine à nos jours avec Planète Océan.

Mais Yann Arthus-Bertrand souhaite aussi interroger les liens tissés entre la planète et les humains qui l’habitent. Dans Human, sorti en 2015, plus de deux mille personnes, interviewées et filmées dans 60 pays différents pendant, plus de 2 ans, nous regardent droit dans les yeux et nous livrent des témoignages authentiques et profonds. En 2020, il co-réalise Woman avec Anastasia Mikova et dresse le portrait sensible de plus de mille femmes, à travers le monde. Son dernier documentaire, Legacy, notre héritage, sorti début 2021, co-écrit avec Franck Courchamps a été réalisé à partir d’images d’archives. 10 ans après Home, il témoigne avec force de la dégradation du monde qui nous entoure en moins d’une génération.

La même année, il acquiert un terrain de 30 ha de prairie dans les Yvelines, et lance le projet de la Vallée de la Millière, réserve intégrale de biodiversité. Transformer cet espace en lieu de renaturalisation (Rewild), c’est permettre aux espèces vivantes de recoloniser spontanément leur milieu détruit par l’activité humaine et les perturbations écologiques. C’est le premier projet français labellisé par le programme des Nations Unies pour la restauration des écosystèmes.

En 2022, il lance la production de 3 films : Vivant sur la biodiversité en France (qui sera diffusé à l’automne sur France Télévisions) ; France, une histoire d’amour où il entreprend un nouveau voyage, les pieds sur terre cette fois, sur les routes de France à la rencontre de français « engagés »; enfin, Ni d’ici ni d’ailleurs, histoire de migrants, qui après Human et Woman, 3e volet de cette trilogie, se penche sur celles et ceux qui partent de chez eux.

« Obsession ! » présente dans l’Espace Frans Krajcberg une série de 12 photographies spectaculaires du lac Magadi au Kenya, dans la Province de la vallée du Rift. Cette déchirure de la croûte terrestre, survenue il y a 30 millions d’années environ, s’étend sur près de 7 000 km dans l’est de l’Afrique. Bordé de hauts plateaux volcaniques, ce vaste fossé d’effondrement, succession de dépressions (rift valleys), allant de la mer Rouge jusqu’au Mozambique, abrite un chapelet de grands lacs (Turkana, Kivu,Tanganyika, Malawi…) et de plus petits comme le lac Magadi, le plus méridional. Ce lac alimenté par les eaux des pluies qui ruissellent sur les pentes volcaniques avoisinantes et par des sources chaudes salines, contient une eau à haute teneur en sel. Par endroits, sa surface est marbrée de licks, dépôts salins cristallisés mêlés à l’eau saumâtre.

En photographiant le lac Magadi, Yann ArthusBertrand met son regard au service d’un lieu qui n’est pas à proprement parler menacé mais avoue : “j’étais fasciné par la beauté graphique de ce site, par les tonalités étonnantes des formations cristallines et par la vie qu’il recèle en abritant une multitude de microcosmes“… Comme en témoigne Françoise Jacquot, responsable photo de Yann Arthus-Bertrand “Yann y est allé une dizaine de fois tant sa fascination pour ce lieu l’obsède. Encore et encore, il a sillonné ce lac toujours changeant, et rapporté les images d’un monde surprenant, envoûtant. Je n’y suis jamais allée mais je le connais comme personne. Il me suffit de me plonger dans les images de Yann et de son obsessionnel besoin d’y revenir, et mon esprit voyage, rêve, de ce monde révélé qu’il capte avec toujours autant d’enthousiasme et d’émerveillement”.

Ici Yann Arthus-Bertrand s’inscrit directement dans la lignée de Frans Krajcberg : “nous faisons partie de la même famille”. Ébloui, comme lui, par la beauté de la Nature menacée, son œuvre photographique et cinématographique magnifie sa fragilité et sa diversité. L’un et l’autre étaient convaincus de l’urgence de modifier notre regard sur le monde. Ils s’étaient rencontrés au sommet de Davos. Ils se retrouvent lors de la grande exposition Dialogues avec la Nature, organisée à Bagatelle, à Paris en 2005, dans le cadre de l’Année du Brésil en France. Première grande rétrospective sur son œuvre et son engagement, Frans Krajcberg choisit Bagatelle pour lancer le « Cri pour la planète ». Depuis, le photographe et l’artiste brésilien ont eu l’occasion d’échanger à plusieurs reprises et Yann Arthus-Bertrand a fait de nombreuses expositions et conférences au Brésil.

Yann Arthus-Bertrand souligne : “bien entendu la photographie est un outil exceptionnel pour témoigner. Mais il existe peu d’artistes véritablement engagés. Frans Krajcberg l’était ! Et le seul à le faire avec ses mains. C’est par ses sculptures qu’il exprimait sa révolte…”.

Avec « Obsession ! » Yann Arthus-Bertrand agit pleinement en “artiste engagé” au service de la Planète.

Né à Paris en 1946, Yann Arthus-Bertrand s’est toujours passionné pour le monde animal et les espaces naturels dont il capte les multiples facettes avec son appareil photo. En 1992, il se lance dans un vaste projet pour témoigner de la beauté du monde, et survole les continents. La Terre vue du ciel, son ouvrage paru en 1999, a été traduit en 27 langues et vendu à plus de quatre millions d’exemplaires. La dernière édition, avec texte et images réactualisées, est sortie en octobre 2021. En l’an 2000, ne trouvant pas de lieu pour exposer ses photographies, il les installe sur les grilles du jardin du Luxembourg à Paris. Ses images feront le tour du monde présentées en plein air.