Février, 2025

Willy Ronis

jeu20fev(fev 20)22 h 00 mindim18mai(mai 18)6 h 00 minWilly RonisLe Tourbillon de la VieLa Galerie Rouge, 3 Rue Du Pont Louis-Philippe 75004 Paris

Détail de l'événement

Photo : Pub à Soho, Londres, 1955 © Willy Ronis

La Galerie Rouge est heureuse de vous convier à sa nouvelle exposition Willy Ronis, Le Tourbillon de la Vie.

Figure emblématique de la photographie humaniste, Willy Ronis (1910-2009) définissait cette école française comme « le regard du photographe qui aime l’être humain ». Influencé par la musique et la peinture, il composait ses images avec la précision d’un artiste, capturant le quotidien avec une sensibilité rare et une joie non dissimulée. Il voyait dans la photographie un moyen de sublimer la vie, affirmant : « Parfois, il est possible de chiper le moment sublime et d’en tirer une immense satisfaction. »

De Paris à la Provence, en passant par Londres et Venise, son objectif a capté les luttes sociales, l’espoir d’un monde meilleur après la Seconde Guerre Mondiale et les éclats de vie trouvés au hasard des rues. Cette exposition explore la diversité de son oeuvre photographique à travers des images emblématiques et d’autres, moins célèbres, qui renouvellent le regard que l’on porte sur son oeuvre. Ce goût pour la diversité des sujets, Willy Ronis le revendiquait comme une forme de liberté : « J’aime mieux tâter un peu de tout, quitte à porter mon effort sur ce que je fais volontiers et refuser ce qui m’intéresse moins. Être libre ? Oui, mais ça n’est pas tant la question de la liberté que le goût pour des choses diverses. »

Les tirages photographiques exposés dans Willy Ronis, Le tourbillon de la vie, viennent de la donation Tina Vazquez, personne qui a été au fil de sa vie, une aide, une amie, un membre à part entière de sa famille. Cette exposition met en avant la générosité de Willy RONIS et les liens d’amitié qui unissaient le photographe à Mme Vazquez. Elle raconte ainsi sa relation avec le photographe : « J’ai rencontré Willy et Marie-Anne [Marie-Anne Lansiaux, femme de Willy Ronis] dans les années 1970, par l’intermédiaire de l’Oeuvre de Secours aux Enfants (OSE) où j’étais salariée. Du fait de ses origines culturelles, Willy était très sensible à cette maison fondée au début du 19e siècle par des médecins russes juifs pour venir en aide aux populations juives persécutées dans l’Histoire. Marie-Anne et moi avons tout de suite eu un coup de coeur. Elle m’a ainsi laissé une place privilégiée dans la bulle dans laquelle l’a enfermée au fil des années sa maladie, pour le plus grand bonheur de Willy mais aussi de son fils, Vincent, qui était un homme d’une extrême gentillesse. Mon père et Marie-Anne sont décédés l’un après l’autre. Mes enfants disent que j’ai, depuis lors, traité Willy comme un père. Willy a vu grandir mes enfants, a veillé sur ma mère lorsque je travaillais, a fêté avec nous nos fêtes de famille.

En somme, j’ai vieilli avec lui et tout comme pour mes parents, j’ai pris soin de lui jusqu’à son dernier souffle. J’avais 63 ans quand il nous a quittés. J’étais devenue grand-mère de trois petits-enfants qu’il a pu connaître. Il avait 99 ans mais j’aurais tant voulu que nous soufflions ensemble ses 100 bougies. » En résonance avec l’oeuvre de Willy Ronis, des photographies d’Édouard Boubat et de Jean-Philippe Charbonnier seront exposées au sous-sol de la galerie. Ces deux photographes représentés par La Galerie Rouge ont en effet bien connu Willy Ronis, puisqu’ils ont tous les trois fait parties de l’agence Rapho et du « Club des 30 x 40 ».

Né le 14 août 1910 à Paris, Willy Ronis est le fils d’Emmanuel Ronis, juif ukrainien et de Tauba Gluckman, juive lituanienne, tous les deux exilés à Paris. Ses parents se rencontrent vers 1904 : lui est photographe, elle pianiste. Le couple s’installe dans le 9e arrondissement de la capitale. A l’âge de 7 ans, Ronis apprend le violon. Évoluant dans une famille de mélomanes, il rêve de devenir grand compositeur de musique. A 15 ans, son père lui offre son premier appareil photographique : il s’adonne alors à la prise de vue et au tirage en amateur. Après s’être inscrit en études de droit à la Sorbonne et avoir échoué à un oral, il part faire son service militaire. A son retour, en 1932, il retrouve un père gravement malade qui lui demande de l’aider dans son atelier photographique. Par devoir familial, Ronis s’initie au travail de laboratoire et de retouche, mais l’univers de la photographie traditionnelle le captive peu. Il préfère arpenter les expositions et fréquente assidument le musée du Louvre, développant ainsi une sensibilité artistique unique. En 1936, armé de son Rolleiflex, il photographie l’avènement du Front populaire et immortalise les manifestations ouvrières, publiant ses premiers clichés dans la revue Regards. Cette même année, la mort de son père l’oblige à vendre la boutique familiale. Désormais indépendant, il s’investit pleinement dans le photojournalisme. Il se lie avec Robert Capa, Brassaï, Henri Cartier-Bresson et André Kertész, partageant avec eux une vision humaniste de la photographie. En mars 1938, il capture une image emblématique : celle de Rose Zehner, syndicaliste aux usines Citroën, haranguant ses collègues en grève. Mais avec la guerre, Ronis refuse de se soumettre aux lois antijuives du régime de Vichy. Il fuit vers le sud de la France et met temporairement la photographie de côté, exerçant divers métiers dans le théâtre et le décor. Après la guerre, il reprend son appareil et documente avec talent la reconstruction du pays. Il rejoint l’agence Rapho en 1946 aux côtés de Robert Doisneau et devient le premier photographe français à collaborer avec Life Magazine. La même année, il épouse Marie-Anne Lansiaux, artiste peintre et militante communiste, qui figurera sur son célèbre Nu provençal (1949). Dans les années 1950, Ronis s’impose comme un photographe majeur de l’école humaniste. Membre du Groupe des XV, il milite pour la reconnaissance de la photographie comme un art à part entière. Son travail illustre la poésie du quotidien, capturant les rues de Paris, les bals populaires et les instants fugaces de bonheur simple. En 1955, Ronis quitte l’agence Rapho, mécontent de la façon dont ses images sont parfois utilisées. Certaines, retouchées ou légendées à des fins politiques sans son consentement, s’éloignent de leur sens premier. Déçu et déterminé à exercer un droit de regard sur ses clichés, il arrête le photojournalisme en 1972 et quitte Paris pour le Midi de la France. De 1972 à 1983, Ronis vit à Gordes, puis à l’Isle-sur-la-Sorgue. Durant cette période, il enseigne à l’École Supérieure d’Art d’Avignon, à la Faculté des Lettres d’Aix-en-Provence et à la Faculté des Sciences de Marseille, créant un cours d’Histoire de la Photographie. En parallèle, il répond à quelques commandes et poursuit ses travaux personnels. Les années suivantes marquent une reconnaissance institutionnelle. En 1979, Ronis est lauréat du Grand Prix national des Arts et Lettres pour la Photographie. Trois ans plus tard, on lui décerne le Prix Nadar pour sa première monographie Sur le fil du hasard paru aux Editions Contrejour. Cette reconnaissance pousse Ronis à revenir sur le devant de la scène. Son livre Belleville-Ménilmontant est rééditée en 1984. L’année suivante, Mon Paris est publié chez Denoël. En 2002, souffrant d’arthrite, il cesse de photographier mais reste une figure incontournable du monde de l’image. Il effectue des donations à l’État français en échange d’un soutien financier jusqu’à la fin de sa vie. Il s’éteint le 11 septembre 2009 à Paris, laissant derrière lui un héritage inestimable.

Dates

20 Février 2025 22 h 00 min - 18 Mai 2025 6 h 00 min(GMT+00:00)

La Galerie Rouge

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