Véronique Durruty

L’ANGLE présente Révélations, une exposition panorama des « paysages émotionnels » de l’artiste Véronique Durruty qui réunit en exclusivité de larges extraits de ses séries de photographies parmi les plus oniriques : Blue(s), Black(s), Mer-mères et Nuances de l’infini.

Blue(s), paysages émotionnels

« Blue(s), paysages émotionnels » est une série d’oeuvres bi-sensorielles, image et son, qui tentent de saisir un état d’esprit « entre deux », entre rêve et réalité, hors des lieux.
« Je suis myope. J’aime cet intervalle de temps, au réveil, avant de chausser mes lunettes, où le monde flotte entre rêve et réalité. Gommé de ses défauts, de ses angles vifs, il est beau, doux, non violent. Ce monde flou où l’on est si bien, j’ai eu envie de la partager avec vous, les bien voyants. Mes « paysages émotionnels » sont des entre-deux, entre sommeil et veille, entre bonheur et nostalgie, entre le jour et la nuit. En fonction de votre état d’esprit, ils bougent, continuent à vivre. Je tiens à ce que mes photos ne figent rien, qu’elles restent dans l’ouvert, l’infini des possibles. Les paysages sont vides. Le personnage de la photo, c’est vous. Vous êtes invités à y rentrer, à vous y balader comme bon vous semble, à vous l’approprier. C’est pourquoi je ne vous dirai pas où, techniquement, les photos ont été prises. C’est à vous de me le dire. À moins que vous ne préfériez garder cela pour vous. Et pour élargir le champ imaginaire de ces photos, pour qu’on puisse même les regarder les yeux fermés, j’ai créé ou fait créer un son inspiré par chacune d’entre elles. Vous pouvez l’écouter si vous le souhaitez, quand vous le souhaitez. Et rêver différemment. » – Véronique Durruty

Black(s)

« Black, c’est sous la surface, un caisson d’isolation sensorielle, une grotte, un terrier, une cabane, on peut s’y lover en foetus et flotter hors du temps. Car Black(s), c’est la grande soupe initiale, celle d’avant le premier jour, d’avant que la lumière soit, d’avant que les terres fermes surgissent de dessous les océans, qu’on puisse y tenir debout, avoir la sensation de maîtriser son corps. Black, c’est le lieu clos du ventre de la mère où l’on se tient blotti, pelotonné, replié sur soi-même et pleinement satisfait de ce repliement-là, abrité de tout, des regards, des menaces, du Temps même. On resterait bien là, dans ce cocon obscur. Se fondre dans la pénombre, devenir l’ombre, sans proie ni loi, être la mère, être le monde, être le temps et la matière, l’atome et le suprêmement géant, mais même l’infini a une fin. Alors, ce sont les derniers instants de Black, avant de s’arracher à soi-même, avant que la mère nous lâche, qu’elle nous crache à l’air et à la lumière qui nous brûlent, d’un coup. » – Véronique Durruty

Mer-mères

« La mer comme une mère, une déesse de la fertilité qui charrie ses créations protéiformes invisibles. Dans la série Mer-mère, je joue le rôle d’une chamane en visualisant ces « esprits » qui nous entourent. » – Véronique Durruty

Nuances de l’infini

« La photographie a longtemps été – et est toujours – un moyen de figer un instant, de documenter la réalité avec force détails. Dans tous mes travaux, je cherche, sous des formes très diverses, à visualiser l’invisible. Nuances de l’infini est un/le bout de cette démarche : photographier l’absolu, l’infini. Face à ces photographies, il ne s’agit plus de se plonger dans un paysage rêvé comme dans Blue(s), dans un ventre fertile comme dans Black(s) ou dans Mer-mères, mais bien de faire un saut dans l’absolu, changer non seulement d’espace mais également être hors du temps. Les photographies des « nuances de l’infini », comme dans toutes mes séries, ne sont pas retouchées, j’ai voulu figer la lumière naturelle que nous offre notre monde sur des instants très fugaces, et la transformer ainsi en vision éternelle, lieu hypnotique, espace de méditation, de ressourcement. » – Véronique Durruty

Biographie
Artiste photographe et plasticienne, Véronique Durruty vit et travaille à Paris. Son travail explore le voyage par les sens et les sensations. Elle s’interroge sur la beauté, la réalité, et développe son approche tactile et poétique à travers différents supports, principalement la photographie, mais aussi le film, l’écriture et le dessin. Elle aime métisser les genres, mélanger les supports, confronter l’oeil et le nez, l’oeil et l’oreille, l’oeil et les mots. Son travail a fait l’objet de plus de 30 ouvrages et d’expositions dans le monde entier : Londres, Bruxelles, New York, Abou Dhabi, Tokyo… En France, on a pu voir son travail sur les grilles du Luxembourg, aux Rencontres d’Arles ou au MuCEM à Marseille. Ses oeuvres font partie de fonds publics et de collections privées (Belgique, Canada, Espagne, France, Grande-Bretagne, Inde, Italie, Japon, Maroc, Sénégal, USA…). Véronique Durruty est membre de l’agence humaniste Rapho (Brassai, Robert Doisneau, Willy Ronis, Sabine Weiss…) et son approche sensorielle et très personnelle de la photographie amène les domaines du luxe à collaborer avec elle.
Dans « La photographie en France, des origines à nos jours » (Ed. Flammarion), Claude Nori dit à propos de son travail : « Son appareil photographique retransmet les émotions et les vibrations en une moisson d’images à fleur de peau, sensuelles, mystérieuses, toujours harmonieusement composées (…). Son oeuvre personnelle exalte l’harmonie et la beauté des couleurs, des sons, des odeurs, des paysages et des corps dont plusieurs livres d’une grande liberté esthétique et formelle constituent de véritables originaux créatifs. »