Un peu de Paris 13e

Dans son recueil de dessins Un peu de Paris (2001) Sempé croquait des scènes et lieux parisiens avec tendresse, poésie et humour. Le titre de la nouvelle exposition d’Éric Laforgue est un clin d’oeil et un hommage au dessinateur.

Décors graphiques
Le photographe a resserré les frontières de ses explorations urbaines au 13 e arrondissement, voisin d Ivry sur Seine où il réside. Il déambule, la journée ou la nuit venue, dans ces quartiers nouveaux qu’il a vu s sortir de terre il y a une vingtaine d années. Les Olympiades, la BNF et le quartier Patay Masséna érigé s au dessus des rails de chemin de fer, constituent son terrain de jeu. Il est sensible aux lignes architecturales de leurs bâtiments, à leur ambiance, à leurs lumières, à leurs habitants aussi. Il les saisit, tels des personnages de fiction, dans ces décors graphiques et cinématographiques.

Scènes de cinéma
Éric Laforgue a fait le choix d une focale fixe, le 35 mm qui offre la distance parfaite par rapport à ses sujets : ni trop proche pour les respecter et préserver le mystère, ni trop éloignée pour capter leur silhouette, leur humanité et faire naître des scénarios dans l imagination du spectateur. « J aime la façon dont les hommes se sont accaparé cet espace, dont ils jouent avec les lignes, et la manière dont ils composent avec leur environnement », raconte t-il. Pour saisir ces moments de grâce, il alterne entre deux méthodes. Parfois, tout est là : le personnage, le décor et sa lumière. Son oeil les saisit, l appareil photo les immortalise. D autres fois, manque l humain dans une scène parfaite. Le photographe patiente alors jusqu’à l entrée en scène d un corps. À la manière des photographes de rue à l ancienne qui travaillaient à l argentique, il ne mitraille pas. Soucieux de préserver la poésie du moment, il préfère attendre l ins tant parfait pour appuyer sur le déclencheur.

La beauté du quotidien
Pour l’exposition Un peu de Paris 13 , il a sélectionné une trentaine de photo graphies issues de ses pérégrinations. Les plus anciennes datent de 2011, les plus récentes de quelques semaines à peine car le photographe pour suit inlassablement sa quête. Il traque avec un émerveillement intact la beauté du quotidien et revendique la simplicité plutôt que le spectaculaire.

– Audrey Nait Challal