Suture

À l’occasion de la foire internationale de la photographie PARIS PHOTO et dans le cadre de la série La jeune photographie allemande, le Goethe- Institut de Paris et la Deutsche Börse Photography Foundation exposent les travaux de la classe de photographie d’Adam Broomberg et Oliver Chanarin, deux voix de la photographie contemporaine de réputation internationale et professeurs à la Hochschule für Bildende Künste (HfBK) de Hambourg. Dans l’exposition collective « SUTURE », les 23 artistes examinent le potentiel de connexion du médium : ses limites, ses capacités et ses chances dans un monde en changement. La pensée critique et la constante répugnance à accepter le monde actuel sont le fil rouge qui relie la diversité de leurs positions. Pour les étudiant·e·s de la classe Broomberg & Chanarin, la photographie et l’art sont un porte-parole, un remède et une soudure. Leur Suture.

L’Histoire est souvent racontée à partir d’une perspective unilatérale qui se limite à une juxtaposition de conflits. La photographie servant depuis toujours à documenter des événements historiques, elle influe sur notre perception collective de la violence et de la destruction. À ces modèles de perception reconnus, les étudiant·e·s de la classe de Broomberg & Chanarin de l’Université des beaux-arts de Hambourg (HFBK Hamburg) souhaitent volontairement s’opposer. Les positions artistiques présentées comprennent des tentatives d’analyse critique aussi sensibles qu’implacables de blessures personnelles et de conflits sociaux. Par des démarches artistiques très variées, les étudiantes et étudiants analysent les plaies provoquées par les questions d’identité et d’origine et interrogent les notions de progrès et de réflexion.

IRL – une exposition numérique dans le Decentraland

Une partie de l’exposition est également un projet de recherche numérique lancé par le Goethe-Institut et la Deutsche Börse Photography Foundation en 2020. Dans le contexte de la pandémie, les étudiant·e·s se sont penché·e·s sur la question du potentiel de la photographie dans l’espace numérique et ses conséquences pour les artistes, les étudiant·e·s, les regardeurs et la société. En coopération avec la classe de photographie et la classe de graphique numérique de la HFBK de Hambourg et dans le cadre d’un échange interdisciplinaire international ainsi qu’avec le Movement Lab, département du Barnard College (Columbia University), les étudiant·e·s ont expérimenté de nouvelles technologies comme p. ex. la technique de capture de mouvement . C’est ainsi qu’est née l’exposition numérique IRL dans ledit métavers du monde fictif virtuel Decentraland. Decentraland est une plateforme de réalité virtuelle en 3D à partir de laquelle des utilisateurs/-trices créent des objets, développent des paysages et positionnent des utilisations de la réalité virtuelle toutes susceptibles d’être monétarisées. Pour ce faire, on utilise ladite blockchain Ethereum, banque de données open source de la cryptomonnaie Ether. Dans ce monde dominé par des placements hautement spéculatifs, des images rafraîchies de banques et blue-chip-galeries, les étudiant·e·s installent un cube noir mat en contre-projet à cette hypervirtualité. En entrant dans la salle, on est confronté à des videostreams in real life (IRL). Ces transmissions vidéo de caméras météorologiques, de bébés endormis et d’autres formes du biorythme, perturbe la réalité virtuelle en 3D normalisée de Decentraland dans laquelle ce ne sont pas les éléments météo, mais les forces d’un marché financier décentralisé qui déterminent le bleu du ciel et la lumière du soleil. Il faut comprendre IRL ainsi que l’exposition SUTURE comme étant la tentative des artistes participant·e·s de confronter des structures et narrations reconnues dans lesquelles se localise leur pratique artistique.

Les artistes participant·e·s :
Marc Botschen, Charlie Spiegelfeld, Ann-Sophie Krüger, Kristina Savutsina, CJ Chandler, Sebastian Stern, Alexander Kadow, Esteban Perez, Georg Kußmann, Julian Slagman, Lena Kunz, Razan Sabbagh, Manda Steinhauser, Max Eicke, Luise Hamm, Malin Dorn, Aras Gökten, Janosch Boerckel, Luísa Telles, Eli Singalovski, Sanja Zdrnja, Matthias Rebaschus et Max Schwarzmann