Mars, 2025

Sebastião Salgado

sam01mar10 h 30 mindim01jui18 h 30 minSebastião SalgadoŒuvres de la collection de la MEPLes Franciscaines, 145B, avenue de la République 14800 Deauville

Détail de l'événement

Photo : Sebastião Salgado Manchots à jugulaire sur un iceberg, Îles Sandwich du Sud, 2009 Collection MEP, Paris. Don de Sebastião Salgado et Lélia Wanick Salgado en 2018 © Sebastião Salgado

Sebastião Salgado a réalisé, pendant près de cinquante ans, une oeuvre considerable, en mettant la problématique humaine au centre de son projet. Il est devenu l’une des plus grandes figures de la photographie humaniste et documentaire moderne.

Il s’est attaché aux grandes mutations de notre époque dont sont victimes les populations les plus fragiles, subissant les conflits et la pauvreté ; ainsi que les dérives tragiques, tant humaines qu’environnementales, d’une société industrielle en voie de disparition. Son travail associe une analyse rigoureuse des situations, à une puissance plastique formelle et poétique.

A travers la force graphique de ses images, par sa maîtrise toute en nuance du noir et blanc – sa palette de gris est parfaitement maîtrisée -, ses images puissantes incarnent, au plus haut point, le pouvoir qu’a la photographie de changer notre regard sur le monde.

Cette exposition présente deux faces du travail de Sebastião Salgado à travers une sélection de tirages issus de la collection de la Maison Européenne de la Photographie à Paris.

La MEP a soutenu le travail de Sebastião Salgado dès les années 1980. Elle a constitué une collection unique et représentative de son travail et a exposé ses travaux à de multiples reprises. Ce soutien a permis au photographe d’entreprendre dans les années 1990 certains de ses plus grands projets et en retour, Sebastião et Lélia Wanick Salgado ont soutenu la MEP, à travers une importante donation en 2018, célébrant ainsi près de quarante ans de relations fortes et amicales.

Le parcours s’attarde d’abord sur les 25 premières années d’un photographe engagé qui s’est confronté à la fureur et aux tourments de l’humanité ; suivi de son regard sur le monde des origines à travers son projet Genesis, hommage à la beauté et à la fragilité d’une planète restée à l’abri de la folie des hommes et qu’il est vital de préserver.

Sebastião Salgado a quitté le Brésil, alors sous la coupe d’une dictature militaire, en 1969, pour la France, avec Lélia Wanick Salgado, son épouse qui est sa partenaire de vie et de travail depuis le premier jour. Après une solide formation en économie sociale, et alors qu’il travaille comme économiste dans un grande organisation EDITO DU COMMISSAIRE 2 international à Londres, il revient en France en 1973, et décide de tout abandonner pour devenir photographe.

Très vite il s’oriente vers une photographie sociale, rejoignant les grandes agences de presse française, Sygma, Gamma, puis Magnum en 1979. Pendant 25 ans, il sillonne le monde en mettant la problématique humaine au centre de ses projets.

Ses premiers reportages portent sur la condition des travailleurs immigrés en Europe ou sur les ravages de la sécheresse et de la famine en Afrique (1984-1985). Puis il entreprend son premier grand projet personnel : Autres Amériques (1977-1984), où il revisite l’Amérique latine, son continent d’origine, en évoquant la persistance des cultures indiennes et paysannes.

Riche de sa formation en économie, il décrypte et documente les grands mouvements sociaux et politiques qui modifieront les équilibres du monde à la fin du siècle dernier, et leurs conséquences sur les populations.

Ce qui caractérise sa démarche photographique, c’est l’ampleur des projets qu’il réalise sur plusieurs années, fondés sur une riche recherche documentaire et un discours social et politique réfléchi. Il créé sa propre structure dirigée par son épouse Lélia Wanick Salgado qui réalisera ses grandes expositions et dessinera ses ouvrages les plus emblématiques.

Il se lance ainsi dans de vastes fresques photographiques. Ce sera La Main de l’Homme où pendant six ans, il parcourt trente-cinq pays à la recherche des industries en voie de disparition, et qui emploient encore des travailleurs manuels (1986-1992), puis Exodes (1994-1999), sur les vastes mouvements migratoires qui bousculent les équilibres de notre planète : l’abandon des campagnes vers les villes, l’immigration économique, les réfugiés fuyant les conflits les plus terribles.

A force de côtoyer la misère et la souffrance au fil de ses nombreux reportages et de voir la violence d’un monde en perdition, Sebastião Salgado traversera une période sombre de doute et de mélancolie. Mais en 1998, il entreprend, avec sa femme Lélia, la création de l’Institut Terra, vaste projet écologique sur les terres de la ferme familiale au Brésil, qui lui redonnera une énergie nouvelle.

Il entreprend alors au début des années 2000, un nouveau projet intitulé Genesis, à la recherche du monde des origines, celui qui a évolué pendant des millénaires sans être confronté au rythme de la vie moderne, avant d’oublier ce qui fait de nous des êtres humains. Il réalisera de 2004 à 2012 près de trente-deux voyages aux confins du monde, des Galápagos à l’Amazonie, en passant par l’Afrique et l’Arctique. Cette deuxième partie de l’exposition nous révèle des paysages, un faune sauvage et des peuples qui ont su échapper au monde contemporain. Elle met à l’honneur ces régions vastes et lointaines où, intacte et silencieuse, la nature règne encore dans toute sa majesté, loin de la folie dévastatrice des hommes. Quelque 46% de la planète vivent encore au temps de la Genèse, nous rappelle Salgado.

En 2018, Lélia et Sebastião Salgado ont fait don à la MEP d’un ensemble exceptionnel de 105 tirages dont 75 de la série Genesis qui sont présentés ici pour la première fois.

Cette collection témoigne de l’engagement d’un homme et de son épouse, qui ont tout fait ensemble, et de l’immense talent d’un photographe qui a su regarder le monde au plus près, témoignant de ses grandes évolutions sociétales pour en traduire avec force les fractures et mais aussi ce qui lui reste d’humanité

Pascal Hoël
Commissaire de l’exposition
Responsable des collections de la MEP

Dates

1 Mars 2025 10 h 30 min - 1 Juin 2025 18 h 30 min(GMT-11:00)

Les Franciscaines

145B, avenue de la République 14800 DeauvilleOuvert du mardi au dimanche de 10H30 à 18H30

Les Franciscaines

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