S u b L i m è s - Sous le Seuil des Marées

de « Sub » : sous, et de « Limes » : le seuil, la limite, la frontière.

1-qui dépasse le commun.

2-changement d’état de la matière.

Lors des grandes marées, lorsque la mer se retire, elle dévoile pendant quelques instants des grottes aux roches surprenantes, habitées par la faune et la flore marine.

Tel un Ali Baba je me glisse dans ces espaces libérés. J’y capte des trésors, des reflets minéraux, cariatides colorées d’algues microscopiques. Dans ces cathédrales humides et fraîches, où la lumière peine souvent à entrer, nous sommes juste de passage pour découvrir et nous émerveiller, avec un brin d’inquiétude sur le retours des 40 voleurs, les rouleaux rugissants, les gardiens de ces lieux.

La Grotte de l’Autel, profonde de 80 mètres, véritable cathédrale aux parois richement colorées par l’ocre du fer, le rouge des algues, le blanc cristal des veines de quartz, et tant d’autres teintes…, la Chambre du Diable, et son atmosphère particulière. Sonore et ténébreuse. La Cave du Charivari, …on parle de 350 grottes (recensées en 2007) dans la seule presqu’ile de Crozon, au bout du Finistère.

Certaines ne sont jamais au sec, d’autres sont fréquentées à marée basse par les pêcheurs à pieds et les curieux, mais le plus souvent leur repérage est difficile et leur approche délicate. Les conditions météorologiques sont parfois contraires, et leur accès par les falaises s’avère souvent acrobatique, et les flux des courants de marées sont toujours surprenants. Toutes ces conditions font des grottes sous-marines un sujet aussi intemporel que furtif.

Après plusieurs années de recherches et de visites avec des amis de la presqu’ile de Crozon, j’ai proposé à Bretagne Magazine d’en faire un sujet de reportage. Ce qui est arrivé en 2014 où à la fin de l’été j’ai pu accompagner une équipe du Parc Marin sur les lieux de leur étude. Ils m’ont présenté quelques unes de ces grottes remarquables, élargissant ainsi mon expérience à des lieux peu accessibles, et aussi beaux que redoutablement gardés par la houle : des boyaux qui filent sous la falaise, des hémicycles de pierres lissées par les ressacs…Vous pouvez retrouver l’article rédigé par Sandrine Pierrefeu dans le Numéro 80 de Bretagne Magazine (nov-dec 2014).

Depuis j’ai découvert d’autres grottes à marées dont celles de Binic-Etables-Sur-Mer (22) qui étaient très connues au début du XXème siècle (Voir mon reportage dans Bretagne Magazine de février 2017 sur la Baie de Saint-Brieuc). Elles sont moins nombreuses et moins maritimes qu’à Crozon, mais aussi plus accessibles. J’en ai encore découvert cet été à Binic. Attention toutefois, ne sous-estimez jamais la marée. Il y a toujours des surprises. Il est prudent de suivre la marée descendante et de remonter dès l’heure de la marée basse surtout dans les grandes marées. Et prenez toujours un « pied de pilote », une marge de sécurité en langage maritime.

Dans ces décors dignes des Mille et Une Nuits j’ai voulu y voir des shéhérazades, des reines de l’Atlantide, des sirènes aussi courageuses que superbes.

Vous me permettrez de garder sur ces apparitions un peu de mystère…

Je vous laisse écouter leurs histoires sous le seuil des marées.

ouvert du mercredi au samedi. de 14h à 19h.