Mars, 2023

Ruines, Variations photographiques

ven24mar(mar 24)9 h 00 mindim21mai(mai 21)17 h 15 minRuines, Variations photographiquesExposition collectiveAbbaye de Jumièges, 24 Rue Guillaume le Conquérant, 76480 Jumièges

Détail de l'événement

L’objet ruine croise l’histoire de l’art sous ses différentes formes. Figure du fragment, allégorie du temps, la ruine savoir et imaginaire. Élevée au rang de genre, elle traverse l’histoire de l’art jusqu’à la pratique de la photographie, et bien au-delà.

Quels impacts la ruine – sous toutes ses formes – a-t-elle sur le paysage, la nature, l’environnement et sur les représentations que l’on en fait ? En quoi l’interprétation contemporaine du motif de la ruine renouvelle-t-elle le genre paysage dans la pratique photographique ?

À partir de ces questionnements et de leur propre démarche artistique, les neuf photographes seino-marins présentés dans cette exposition proposeront chacun un regard personnel et une libre interprétation du motif « ruine », trouvant leur écho à l’Abbaye de Jumièges.

Alexandra FLEURANTIN
Depuis une vingtaine d’année, Alexandra Fleurantin alterne entre résidences de création, projets de médiation avec le milieu scolaire et expositions individuelles et collectives telles que Beaux gestes à Port Jerôme sur Seine, Kraken au théâtre du Passage à Fécamp et Death Valley qu’elle présente à l’Abbaye de Jumièges.
Cette série a été réalisée au printemps 2021 à l’invitation de l’association Vaertigo à Athis de l’Orne. Ce travail en partie photographique contemple les traces du passé industriel révolu des vallées de la Suisse Normande où se sont développées d’abord les manufactures de coton puis les usines d’amiante. Un territoire entre deux époques, déserté par l’industrie en quête de nouvelle histoire.

Coline JOURDAN
Coline Jourdan propose dans le cadre de cette exposition collective la série Soulever la poussière réalisée entre 2020 et 2022. Ce projet interroge sur l’extractivisme minier. Il s’appuie sur des recherches d’un groupe de scientifiques de Toulouse sur l’ancienne mine d’or et d’arsenic de Salsigne située dans la vallée de l’Orbiel dans le département de l’Aude.
La photographie se fait recueil des vestiges de ce que le paysage renferme et de son passé minier qui est redevenu verdoyant mais imprégné d’un romantisme intoxiqué.

Julie PRADIER
Les travaux de Julie Pradier présentent des ruines modernes, infrastructures de loisirs, des constructions militaires ou encore des pratiques culturelles qui affectent le paysage.
Dans sa série Europe, after the rain, Julie Pradier propose des images du rivage anglais à Brighton. On y retrouve comme partout ailleurs sur le bord de mer anglais des jetées consacrées aux loisirs, à cela près que l’une des jetées a brûlé, laissant apparaître une carcasse a demi-émergée de l’eau. Les décombres se métamorphosent en épave d’un monde englouti, nous rappelant notre propre vulnérabilité.

Louise BRUNNODOTTIR
La proposition de Louise Brunnodottir, Rotomagus, s’inscrit dans un travail de recherche autour de la ville de Rouen et son patrimoine historique en particulier les églises, nombreuses à Rouen.
Entre les pierres se tissent des dialogues d’opposition : vide/plein, noir/blanc, ombre/ lumière, sacré/profane qui se répondent entre eux. Cette série questionne le rapport fondamental entre l’homme et la mémoire des lieux.
« En créant des paysages éclatés, amalgamés, imaginaires n’appartenant qu’à l’esprit de celui ou de celle qui les regarde, on posera la question suivante : en considérant que le paysage est un mode d’approche de l’espace (naturel, public, urbain) comment seront représentés les paysages futurs ?» LB

Marie-Hélène LABAT
Marie Hélène LABAT propose dans le cadre de l’exposition collective de l’Abbaye de Jumièges, une série intitulée Vestiges urbains dans laquelle elle aborde cette thématique dans une ambiance années 80 mêlant photographies argentiques et numériques, surimpression et collages.
« Un jour alors que je photographiais la démolition de l’immeuble Jules Adeline, construit en 1956, dans le quartier Grammont à Rouen, un homme s’est approché de moi et m’a dit : « on veut nous effacer ». Il voulait parler de sa vie d’ouvrier qui s’était passée dans cet endroit, dans cet environnement. Une parole qui m’interpelle sur les notions de disparition, d’effacement, sur la mémoire des lieux.» MHL

Thomas CARTRON
Pour cette exposition à l’Abbaye de Jumièges, Thomas Cartron propose une série sur les derniers regards de personnages mythiques, religieux ou légendaires. Les personnages de ses photos ont tous un rapport particulier avec les notions de regard, de remords, de punition dont les récits font encore écho avec les enjeux de la société contemporaine.
« Mon travail s’articule autour de la question de ce qui reste de la photographie lorsqu’elle disparait et de ce qu’elle ne montre pas lorsqu’elle est apparue. Les thématiques de la ruine, de la résistance, de la trace sont très présentes dans ma pratique.» TC

NIKODIO
Pour l’Abbaye de Jumièges, NIKODIO propose des clichés de sa série Ruines composée d’archives photographiques de l’artiste, retrouvées miraculeusement après l’incendie de son domicile en 2020. Ces tirages ont été scannés en haute définition avec l’aide de la Galerie Point limite à Rouen où il en fait une exposition du 12 mars au 16 avril 2022.
« Sous les décombres carbonisés encore tièdes, une boite en métal a protégé quelques-unes des mes photographies argentiques. Cette boite révèle les vestiges d’un passé, que l’alchimie d’événements incontrôlés a sublimés.» Nikodio

Perrine FLIECX
Perrine FLIECX est passionnée d’art urbain et se spécialise dans les friches industrielles qui l’attire de par leurs atmosphères et l’esthétisme des lieux délaissés.
Chaque photo présentée dans le cadre de l’exposition à l’abbaye de Jumièges est traitée comme un tableau, une nature morte où les couleurs, la lumière, la composition contrastent avec le sujet.
« J’appellerai « ruines » ces espaces délaissés, victimes et témoins d’une histoire que l’on préfère souvent oublier parfois même cacher : bassin sidérurgique de la meuse ou bassin houiller lorrain, anciennes cités militaires soviétiques, palais italiens dévastés par des tremblements de terre, églises et maisons victimes de l’exode rural, lieux publics trop couteux ou plus aux normes etc…» PF

Anya TIKHOMIROVA
Artiste pluridisciplinaire, le travail d’Anya TIKHOMIROVA explore le vivant et son expérience. Sa force, son élan, sa fragilité, son évanescence, sa détérioration et sa dissolution.
Les œuvres de la série After G.M. sont influencées par le travail et l’esthétique du peintre Giorgio Morandi (1890-1964). Si G. Morandi chérissait les objets uniques, patinés par le temps, faits de matériaux « nobles », ayant âme et personnalité, cette série représente l’opposé : des objets produits par millions, sortis du même moule, impersonnels, polluants. Nous nous retrouvons alors sûrement autour d’une réflexion sur notre époque : il a été dit de Morandi que ces toiles étaient une façon discrète de rejeter le monde moderne. Cette série dénonce également, modestement, les signes annonciateurs de notre ruine.

Photo : Coline Jourdan

Dates

24 Mars 2023 9 h 00 min - 21 Mai 2023 17 h 15 min(GMT-11:00)

Abbaye de Jumièges

24 Rue Guillaume le Conquérant, 76480 JumiègesJusqu’au 15 septembre : tous les jours de 10h à 13h et de 14h à 18h. À partir du 16 septembre : de 10h à 12h30 et de 14h30 à 17h Plein tarif : 7,50€ / Tarif réduit : 5,50€

Abbaye de Jumièges

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