Réparer l'intime

L’atelier d’art de Louise et Clémentine joue un rôle décisif pour la reconstruction des femmes brisées par la violence, souvent persuadées d’être des rebuts de la société. À travers la création de bijoux, la photo et le dessin, il leur permet de se réinventer, de retrouver leur estime de soi, et de reprendre le contrôle de leur vie.
C’est d’une grande beauté de voir ces femmes se remettre debout. Si leurs récits font parfois désespérer de l’humanité, leur résilience redonne foi en l’être humain.

« Une femme sur trois est victime de violences, vous en avez forcément rencontré, peut-être sans le savoir.
Je vous invite à découvrir nos guerrières de l’ombre, nos héroïnes. Ici elles parlent, créent et se recréent. » Ghada Hatem

La Maison des femmes de Saint-Denis soigne et accompagne les femmes victimes de violences. Elle a été créée en 2016 par la Dr Ghada Hatem. Elle propose un dispositif de soins complet, qui inclut un suivi personnel, médical, social et juridique. L’atelier de Louise et Clémentine y a lieu chaque semaine.

Louise Oligny est photographe, vidéaste. Après avoir beaucoup travaillé pour la presse, elle s’est tournée vers des projets plus artistiques.
Clémentine du Pontavice est autrice de livres et de podcasts pour enfants, illustratrice engagée et créatrice de bijoux.
« Ce qui se joue dans cet atelier va au delà du simple accompagnement thérapeutique. Il y a une porosité entre l’atelier et notre travail, parce que ce qu’on y vit est quelque chose d’intense, qui affecte un peu tout, et qui prend donc une place très importante dans notre évolution personnelle en tant qu’individu, mais aussi en tant qu’artiste. »

Texte sous les photos de corps.

« Pour la suite du Monde »
Honoré, mystifié, idéalisé, décortiqué, chanté, brisé, violé, déchiré, mutilé, instrumentalisé,
Lapidé, excisé, brulé, caché, nié, exhibé, quoi qu’il en soit, c’est du corps des femmes que
naissent les humains.
J’ai photographié ces corps de femmes victimes de violence,
Des fragments de ces corps qui font naitre des êtres humains.
J’ai mené ce projet en parallèle de l’atelier « Réparer l’Intime ».
Au départ, il s’agissait pour moi de deux travaux distincts, de deux démarches différentes.
Ces deux projets se sont juxtaposés au fur et à mesure que  cet atelier me faisait revisiter ma conception de la création.
Ces femmes sont passées de modèles à sujets. Plus notre lien de confiance se développait à travers les ateliers moins elles étaient matière, peau, corps et plus elles devenaient âme, vie, souffle. Mon intention  artistique s’est mutée en geste politique. Ce que je savais d’elles, ce que nous partagions est devenu l’essence de ces images.
C’est pourquoi ces photos, bien que n’étant pas réalisées dans le cadre de l’Atelier sont présentées ici et dans le livre. Les cloisons entre « atelier » et « travail personnel »  ont, pour moi disparu. Tout me transforme, tout est perméable et tout s’infiltre dans ma photographie.

Citations qui encadrent les portraits sur le grand mur.
Ici on m’a rendue la vie !
J’ai fini de pleurer, je n’ai plus de larmes, j’ai beaucoup pleuré. Mais maintenant les choses se sont inversées, c’est moi qui contrôle.
Maintenant je peux dire NON !