Raphaël Dautigny

Après le vif succès rencontré par l’exposition de la série ‘Surf’, qui avait attiré un large public d’amateurs, de collectionneurs et de professionnels de la décoration, la Galerie Meubles et Lumières poursuit sa collaboration avec Raphaël Dautigny en présentant un nouveau chapitre de son œuvre photographique. Du 6 mars au 5 avril 2025, venez découvrir ‘Ski’, une série captivante qui livre une vision très personnelle de la photographie de montagne. À l’instar de Surf, les sujets sont délibérément éloignés, s’intégrant dans l’immensité des paysages enneigés avec une poésie toute particulière.

Raphaël Dautigny se lance dans la photographie de manière autodidacte à New York en 1998, avant de rejoindre en 2000 le collectif Luce, auquel il restera fidèle jusqu’en 2008. Passionné par la photographie américaine, il développe rapidement un talent de coloriste, s’inscrivant dans la lignée de maîtres comme Stephen Shore et William Eggleston, qu’il admire. Ses voyages le poussent à explorer des séries proches du reportage, toujours à la recherche du paysage idéal où l’esthétique domine, tout en maintenant l’homme au cœur de ses compositions. C’est à travers de nombreux portraits réalisés pour des magazines et journaux, notamment pour la célèbre 4ème de couverture du journal Libération, qu’il affine son approche de la figure humaine. Sa collaboration avec des maisons de luxe telles que Dior, Yves Saint-Laurent, Métaphore et Bon Point marque un tournant dans sa carrière. Il photographie notamment l’esthétique radicale et minimaliste des boutiques Yves SaintLaurent sous la direction artistique d’Hedi Slimane. Dans ces espaces épurés, faits de marbre, de verre et de métal, il choisit délibérément d’absenter la figure humaine, offrant ainsi un environnement presque méditatif. Il photographie également les scénographies de défilés pour le bureau Betak, capturant des instants où l’homme n’a pas encore pris place, un monde en attente, un univers des Hommes sans Hommes. Ce jeu subtil entre absence et présence tisse un fil d’Ariane tout au long de son œuvre.

Très instinctif, Raphaël Dautigny travaille à l’argentique, avec un Hasselblad, une technique qui le contraint de mettre à distance le résultat immédiat d’une prise de vue et à laisser place à l’inattendu, où l’imperfection devient une esthétique précieuse. Chaque photographie est ainsi un acte réfléchi et engagé, témoignant de son profond investissement dans l’analyse de son environnement, de la composition, et de la lumière avant de déclencher. Objet tangible, la pellicule argentique ne révèle les images qu’après un processus minutieux, permettant au photographe de redécouvrir son travail au fil des étapes. Cette lenteur renforce la symbiose entre l’artiste et son environnement, et confère à ses photographies une dimension contemplative qu’il parvient à retranscrire avec une maestria rare.

En 2006, en quête d’espace et de recul vis-à-vis de son sujet, il entame la série ‘Surf’, qu’il ne cessera de nourrir, jusqu’à en parler comme d’une véritable relation amoureuse, une obsession : « C’est la série que je pourrais poursuivre à vie ». C’est dans la continuité de ce travail que naît en 2018 la série ‘Ski’. Là encore, il ne cherche pas à magnifier la puissance de la montagne face à l’homme, mais compose subtilement avec la lumière naturelle, surprenant le spectateur à travers une succession de petites scénettes. Alors que dans ‘Surf’ ses points de vue étaient principalement en plongée, ici, confronté à l’immensité du paysage montagnard, il adopte un point de vue en contre-plongée. L’élément naturel, imposant et majestueux, devient alors la toile de fond sur laquelle l’être humain évolue. Plus qu’une simple continuité, ces deux séries se répondent et se complètent. ‘Ski’ explore avec finesse la rencontre entre l’immobilité stable des montagnes enneigées et la dynamique du mouvement humain. La confrontation entre l’homme et la nature se fait à la fois intime et universelle, soulignant la tension entre l’individu et un monde plus vaste, où la majesté du paysage s’impose sans jamais dominer.