Paysans, Suisse

Dans le cadre du Printemps de la Photographie de Pomerol 2019, Hugues de Wurstemberger présente son exposition « Paysans, Suisse » (1995).

Né en 1955 à Berne d’un père suisse et d’une mère française, le photographe Hugues de Wurstemberger a toujours su capter l’événement avec une authentique vision d’auteur. Son style est identifiable entre mille : qualité du noir et blanc, cadrage carré du moyen format, art d’excentrer le sujet de manière à donner un rôle prépondérant à son environnement, refus de l’effet autant que de la répétition… Cette « fraîcheur du regard », qui ne s’apprend dans aucune école.

« Ce travail sur les paysans vient de loin. Il est l’occasion, pour Hugues de Wurstemberger, de rappeler combien l’enfance, les proches, une terre d’alpage avec laquelle il entretient un rapport quasi charnel, tout cela est déterminant dans son œuvre. C’était, pour Wurstemberger, une première façon de saluer les paysans des montagnes, secoués par la modernisation, ces « gaillards, des gens bien », dont il scrute les gestes quotidiens, les coutumes, les loisirs et les combats. (…)

Wurstemberger montre une communauté à l’opposé de l’image proprette que l’on s’en fait. C’est une « quincaillerie paysanne », comme il dit, « contrepoint à la Suisse des banques et de la propreté ». Des paysans qui se battent comme des lutteurs, se plient en deux sous l’effort et l’usure, montrent leur cul à la montagne, tiennent leur pantalon avec des grosses bretelles, ont le jarret épaissi par la tâche. Le personnage de Wurstemberger est imprégné d’ironie. Fatalement les images aussi. Mais son ironie tutoie à la fois la cruauté et l’admiration. Ceux qui durent, ceux qui défient les modes de vie standardisés ne peuvent qu’être salués par Wurstemberger. »

Michel Guerrin
Journaliste et éditorialiste au journal Le Monde

Photo : Suisse, Lac des Joncs, 1988
Fête de Lutte © Hugues de Wurstemberger / VU’