Juin, 2019

Pays de Papier

mar25jui(jui 25)10 h 00 mindim22sep(sep 22)18 h 00 minPays de PapierLes livres de VoyageLe Musée de la Photographie Centre d´art contemporain de la Fédération Wallonie-Bruxelles, 11 Avenue Paul Pastur, 6032 Mont-sur-Marchienne, Belgique

Détail de l'événement

Les photographes ont la bougeotte et, de leurs voyages, ont toujours rapporté quantité d’images. Publiées dans des livres ou des magazines, ces photographies ont permis à de nombreux lecteurs de découvrir des lieux qu’ils n’avaient jamais visités. Elles ont rendu vivants les pays, les régions ou les villes dont ces publications entendaient faire le portrait en présentant leur géographie, leur histoire et leurs populations.
Ces ouvrages et articles de périodiques illustrés constituent un genre méconnu, le « portrait de pays ». Son âge d’or s’étend de l’entre-deux-guerres à la fin des Trente Glorieuses, et correspond à l’essor du tourisme de masse. Relevant d’une production largement stéréotypée et fréquemment instrumentalisée sur le plan idéologique, ces pays et ces villes de papier n’en comptent pas moins plusieurs pépites.
Si ces publications sont le fait de contributeurs parfois un peu oubliés, nombreux sont les photographes de renom (Izis, Paul Strand, Doisneau…) et les écrivains célèbres (Prévert, Giono, Cendrars…) qui ont participé à ce boom éditorial à la faveur duquel se sont illustrées de nombreuses maisons d’édition, au premier rang desquelles La Guilde du Livre, le Seuil ou encore Arthaud.
Dans la vaste bibliothèque du voyageur, ces livres de photographies présentent les visages de contrées lointaines (Chine, Japon, États-Unis, Liban, Algérie), de lieux de villégiatures plus proches (Provence, Grèce, Venise, Paris) ou d’espaces parfois situés à deux pas de chez soi (Belgique). Ce continent éditorial à redécouvrir permet au lecteur, aujourd’hui encore, de profiter des joies du voyage sans se lever de son fauteuil.

Pays de papier. Les livres de voyage permet de redécouvrir tout un continent éditorial de plusieurs milliers de livres dans lequel la photographie a joué un rôle de premier plan. Le genre du portrait de pays, des années 1920 aux années 1970, constitue en effet un moment important de l’histoire du livre illustré mais aussi de l’histoire culturelle.
Feuilleter aujourd’hui ces « pays de papier » ne se fait pas sans émotion : s’il est légitime de ressentir de la colère à la représentation qui a été faite de certaines anciennes colonies, de l’exaspération à la répétition de motifs éculés, de la surprise à voir traité extensivement tel ou tel aspect d’un pays que l’on perçoit aujourd’hui tout autrement, ou de la sidération devant la naïveté de certaines tendances à la propagande, c’est le plus souvent le sourire voire le rire qui s’imposent. En effet, comment ne pas s’amuser des contorsions auxquelles se livrent parfois les concepteurs de ces portraits de pays ? Comment ne pas sourire des frictions entre vision d’auteur et ambition encyclopédiste, entre livre pratique et beau livre, entre texte de circonstance et vision universelle du voyage ?
Le recul avec lequel nous feuilletons aujourd’hui ces ouvrages illustrés est salutaire. Il permet, tout en s’amusant, de comprendre la force du mythe de l’« esprit des peuples », de « l’âme » de telle ou telle ville ou région. Cette tendance à vouloir définir l’essence ou le « génie » d’un pays conduit en terrain glissant puisqu’à tant vouloir décrire ce qui est unique et éternel dans un lieu, on en vient à exclure, à être sur la défensive.
Dépeindre un pays tel qu’on le rêve, figé dans son identité immuable, est un risque que court chaque portrait de pays. Malgré les précautions oratoires que prennent souvent les auteurs, ce risque existe dès lors que l’on entend portraiturer un pays, une ville ou une région.
La plupart de ces titres et collections sont aujourd’hui oubliés, mais ces « pays de papier » regorgent de perles, morceaux de bravoure descriptifs, portraits lyriques, aussi bien que d’images de choix, parfois signées, souvent non créditées, par certains des plus grands photographes du XXe siècle. Sans guère de valeur marchande, ces livres sont en général absents des expositions de « photobooks ». Ils ne figurent que rarement dans les collections des musées ou des bibliothèques spécialisées.
En revanche, ils réapparaissent dans les brocantes, tirés de la poussière des greniers où ils sommeillent. Leur valeur se trouve en réalité dans l’ensemble qu’ils forment, dans leur sérialité, dans les effets de répétition, dans leurs défauts mêmes.
Ce sont ces livres destinés à faire voyager le lecteur sans se lever de son fauteuil que Pays de papier. Les livres de voyage invite à redécouvrir.
Bon voyage…

Photo : Montage de 3 couvertures de La Guilde du Livre :
Viet Nam, Lausanne, La Guilde du Livre, 1951. Couverture. Photo © Michel Huet
Izis, Paris des rêves, Lausanne, La Guilde du Livre / Clairefontaine, 1950, couverture. Photo © Izis
Maroc terre et ciel, Lausanne, La Guilde du Livre, 1954. Couverture. Photo © Bernard Rouget»

Le Musée de la Photographie Centre d´art contemporain de la Fédération Wallonie-Bruxelles

11 Avenue Paul Pastur, 6032 Mont-sur-Marchienne, BelgiqueLe musée est ouvert du mardi au dimanche, de 10h à 18h

Le Musée de la Photographie Centre d´art contemporain de la Fédération Wallonie-Bruxelles

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