Patricia Morosan

L’Institut Culturel Roumain est très heureux de présenter le travail photographique de Patricia Morosan, dans sa première exposition solo à Paris du 9 mai au 22 juin. L’exposition présente son projet (I) Remember Europe, qui a remporté en 2019 le prix du jury aux « Rencontres photographiques de Montpellier » et a été nominé pour le prix documentaire Wüstenrot et le prix artistique Haus am Kleistpark Berlin 2019.

(I) Remember Europe est un voyage photographique qui révèle le centre comme quête existentielle et comme métaphore politique. Pour son travail, Patricia Morosan s‘est rendue dans des localités de sept pays d‘Europe centrale et orientale (Estonie, Lituanie, Biélorussie, Ukraine, Slovaquie, Allemagne et Pologne) qui, à différentes époques historiques, ont été considérées comme le „centre géographique de l‘Europe“. Le travail ne montre pas seulement la variabilité des frontières – mais aussi un positionnement émotionnel dans les coordonnées qui se définissent comme le centre géographique de l‘Europe.

Le voyage entrepris par Morosan au coeur de l’Europe, ou devrait-on dire aux coeurs de l’Europe, la mène, bien au-delà des sept points identifiés par les cartographes, en d’innombrables lieux. Le projet de la photographe n’est pas tant d’essayer de saisir l’essence d’une supposée identité européenne, de tenter de localiser son âme, que d’accepter de se dessaisir d’une telle idée pour découvrir, avec chaque rencontre, de nouveaux centres, qui aussitôt désigneront à leur tour de nouvelles marges, de nouveaux « bords du monde », de nouveaux espaces intermédiaires. À chaque moment de son voyage, l’Europe semble ainsi basculer pour trouver un nouvel équilibre un peu plus loin.

(…..) Quelle est cette Europe qui donne son titre au projet et que signifie le « (I) Remember » qui la précède ? Faut-il y lire, outre la mise en retrait du sujet, l’expression d’un regret pour un monde disparu, ou le rappel, l’exhortation à maintenir vivante, en son nom, une communauté de valeurs, d’images, d’hommes et de femmes ? Un peu des deux, certainement : à l’heure où la polarisation du monde semble vouloir nier la lente sédimentation de nos histoires, Morosan rappelle que notre européanité partagée ne peut exister que dans le vacillement et le renouvellement permanents de nos identités. Selon les étymologistes, le nom « Europe » évoque la vastitude (eurys, la terre « large ») du regard (ops, l’« oeil »). Ce serait donc cela : un continent qui n’existe que par les regards que nous posons sur lui, dont les limites sont sans cesse repoussées ou redéfinies par l’expression collective des millions de subjectivités qui la peuplent. (Sonia Voss)

Commissariat: Laura Serani et Niccolò Hébel