Motifs citadins

Ballade entre les lignes. Au moment où l’on pense saturer dans les fourmilières urbaines, le regard oublie parfois d’être contemplatif. En levant les yeux on se raccroche à ses formes qui nous entourent. Un reflet, une lueur, un dégradé, un angle, de la hauteur, un vertige. Tout un univers esthétique, haut en couleurs, en textures s’offre à nous. Dans ce labyrinthe de petits mondes, la géométrie nous sort du tourbillon quotidien de non-sens, du pèle-mêle de vies tourmentées. Comme nos ancêtres des jungles nous avons recrée le décor rassurant et vertical qui semble un refuge pour nos âmes.

Arnaud Robles nous propose sa vision de l’environnement urbain, façades fragmentées et toituresterrasses singulières. Ces photographies présentent d’une manière différente l’identité et la culture d’une ville. Les éléments de l’architecture parlent d’eux-mêmes et nous renvoient très rapidement à l’imaginaire, à l’analogie des espaces urbains. Le photographe met en évidence également les jeux de lumière et de texture que peuvent créer les bâtiments modernes vitrés. Nous pouvons faire la comparaison avec les gratte-ciels et la colorimétrie subtile des décors de Play Time de Jacques Tati. En parallèle du travail de Noël Podevigne qui laisse une place importante au travail de la nature, Arnaud Robles met ici, en lumière le travail de l’homme, de la modernité… Il construit et déconstruit ces différents éléments de l’espace urbain. Composition quadrillée, structuration de l’environnement, à ce moment-là, le photographe nous perd et ne permet plus une identification distincte de l’architecture. Notre imagination diverge, est-ce un fragment de tissu, du wax, ou le travail d’un maître verrier ? Les habitants de ces villes ne sont pas visibles, la cité en constant mouvement est dans ces photographies éteintes, comme une ville fantôme. Seuls sur l’une d’entre elles, des vêtements étendus sur un fil à linge nous indiquent la présence furtive et abstraite de ces habitants. Le travail d’Arnaud Robles nous invite à lever la tête lorsque nous déambulons dans les rues. Nous serons surpris de découvrir l’architecture sous un nouvel angle. Emma Gaydier