Mathilde Eudes

Pour la première exposition de Mathilde EUDES intitulée Non Obsura, sous le commissariat de Caroline Wiart et Patrice Galiana à la Galerie La Moulinette (81bis rue Lepic, Paris 18° ), on découvre des photographies noir et blanc rehaussées de dorures, des dessins intimes dans des cadres Napoléon III, des poèmes rédigés à même des mouchoirs dénichés dans l’armoire familiale, ou bien encore des objets fétiches d’une généalogie perdue. On le comprend, comme l’indique le titre de l’essai de Patrice Galiana, il s’agit là de S/R/éparation : une orchestration délicate d’images et de reliques de la maison abandonnée après un deuil, de la découverte d’un secret et d’une remonté dans le temps par les émotions pour retrouver une paix intérieure. Non Obsura ne prétend pas faire toute la lumière mais éclaire l’existence de chacun là où gît sa part d’ombre.

Extrait du texte de l’exposition :

« Arrêtons un instant notre regard sur cette œuvre emblématique du corpus de Mathilde Eudes : celle de la maison familiale abandonnée, plongée dans la nuit, désertée de ceux qu’elle abritait et désormais éclairée des seuls aplats d’or déposés sur deux de ses fenêtres. Tout est ici double et se déploie selon une composition où, terme à terme, s’opposent les constituants de l’image : l’invisibilité de la masse sombre qui occupe l’exacte moitié inférieure du tirage répond ainsi aux éléments visibles que révèle la moitié supérieure, l’obscurité de la partie droite à la clarté de la partie gauche, l’intériorité de la maison à l’extériorité du jardin, la pérennité des pierres de l’imposante bâtisse au caractère éphémère de la végétation du parc. Mais ce sont bien sûr ces deux fenêtres trouant la nuit de leur halo doré, chacune isolée de l’autre sur une façade différente, irrémédiablement séparées par l’arrête du mur, qui expriment avec le plus d’évidence cette dualité irréconciliée. Tout est ici répliqué mais antagoniste, tout se fait écho mais symétriquement, sur le modèle de cette intrigante clé biface fabriquée par le père pour le portail. Se disent ici une gémellité contrariée, la séparation d’avec son double, et la dissociation d’avec un autre soi-même qu’évoque obstinément à bas bruit le travail de Mathilde Eudes. » Patrice Galiana