Octobre, 2024

Matérialité

ven11oct(oct 11)10 h 00 mindim29déc(déc 29)19 h 00 minMatérialitéExposition collectiveFondation Manuel Rivera-Ortiz, 18 rue de la Calade 13200 Arles

Détail de l'événement

Photo : Détail : © Thaddé COMAR

La matérialité interroge la nature de ce qui est tangible, définissant le caractère concret des choses.
Mais qu’en est-il de l’image ? Est-ce une matière ? Quelle est sa nature ?
Ce programme propose de répondre à cette question complexe, sans prétendre apporter une réponse définitive. Il invite à s’interroger sur ce que nous voyons et met l’accent sur la recherche et la création, en privilégiant l’expérimentation, les processus en cours et les résultats provisoires. Comment produit-on une image ? Qu’est-ce qui fait image ? L’expérimentation dévoile des traces, celles du monde, et met en lumière notre relation au vivant.
Le thème de la matérialité permet de rendre visible les structures qui façonnent, fragmentent et génèrent l’image dans un présent dominé par la dématérialisation technologique. Derrière cette apparente immatérialité se cachent des éléments matériels indispensables : données, minéraux et énergie, qu’il est essentiel de ne pas ignorer. Par ailleurs, la surveillance numérique dématérialise la matière humaine, la transformant en séquences de chiffres et en analyses comportementales. Le visage, autrefois identitaire, se métamorphose et se dissimule pour échapper aux caméras. Cependant, ces mêmes données, logiciels et machines peuvent aussi engendrer de nouvelles formes.
Ce programme exprime le désir de disséquer l’image, de la faire émerger comme matière, d’observer

– Florent BASILETTI, directeur

HOW WAS YOUR DREAM ? THADDÉ COMAR

How was your dream ? est un projet photographique réalisé lors des manifestations de Hong Kong entre juin et octobre 2019. Ce travail traite des nouvelles formes de manifestation et d’insurrection dans notre époque post-contemporaine dominée par des sociétés de contrôle sans faille. Cinq ans auparavant, à Hong Kong, le « Mouvement des parapluies » a été rapidement réprimé par la violence étatique et policière. En 2019, le soulèvement démocratique entamé en mai s’est donné les moyens de se poursuivre. Face à un arsenal de contrôle sophistiqué (reconnaissance faciale, géolocalisation, fichage, écoutes, infiltration, canons à eau, gaz lacrymogène, hélicoptère, armes soniques, fusils non létaux), les manifestants de Hong Kong ont développé un répertoire de techniques basées sur des principes d’invisibilité et d’intraçabilité (anonymat, lasers de cécité, poche de faraday, vision par drones, masques en tout genre, communication cryptée etc…), leur permettant d’atténuer les effets de la répression. Ces nouveaux dispositifs, qui contribuent à la transformation des formes de lutte et de résistance, poussent cependant à l’effacement progressif des singularités individuelles. À l’avenir, les sociétés et les systèmes de contrôle sophistiqués nous contraindront-ils à faire disparaître nos singularités humaines ? Cela se fera-t-il au profit d’une nouvelle identité commune ?

MATÉRIAULOGIE DES IMAGES – LA CELLULE

Cette exposition présente les résultats de deux ans de recherches en art et création dans le cadre du projet Matériaulogie des images, mené par une quarantaine de chercheur·es et étudiant·es. Né de la rencontre entre le travail de recherche en esthétique de Sophie Lécole Solnychkine (Université Toulouse – Jean Jaurès) et le laboratoire La Cellule de Yannick Vernet (École Nationale Supérieure de la Photographie), ce projet explore l’image à travers la matière. Il s’agit d’interroger les relations entre les images et les matériaux du monde (terre, minéral, végétal, processus biologiques) en tant que forces actives. En repensant l’image par ces substances, le projet invite à une approche écocentrée et interdisciplinaire, intégrant esthétique, sciences, et humanités écologiques. Cette démarche vise à révéler les interrelations entre les formes d’images et leurs milieux, en expérimentant de nouvelles façons de produire et de comprendre les images, au plus près des éléments du monde vivant. Projet financé par le Ministère de la Culture dans le cadre du dispositif « Recherche dans les écoles supérieures d’art et de design » (RADAR).

GAME BOY – PIERRE CORBINAIS

Lancée en 1998, la Game Boy Camera transforme la célèbre console portable de Nintendo en un appareil photo rudimentaire. Bien que visionnaire sur certains aspects, tels que la caméra frontale, les filtres « stickers » et les GIFs animés, la qualité d’image reste limitée : 128×112 pixels, quatre nuances de gris, focale fixe, avec pour seuls réglages : le contraste et la luminosité. Pierre Corbinais utilise sa Game Boy Camera pour capturer des reflets anonymes, des foules en mouvement et des scènes de rue. Les images, contraintes par les capacités techniques du dispositif, invitent à voir le monde autrement. Chaque détail, même le plus banal, devient un sujet d’observation, soulignant l’idée que tout dans notre quotidien peut être capturé, surveillé et archivé. Dans cette exposition, les photographies en noir et blanc, transcendent les limites de la Game Boy Camera, interrogent nos réalités contemporaines et la frontière entre créativité et contrôle. Elles démontrent comment un objet, même ludique ou nostalgique, peut être détourné de son usage initial pour devenir un outil de réflexion sur notre société hyperconnectée.

AN ETERNAL WASTELAND – MATHIS CLODIC

Entre 2009 et 2015, Mathis Clodic a passé plus de 4 000 heures sur Modern Warfare 2, un jeu de tir à la première personne qui a marqué une génération, mais désormais obsolète. Avec un regard empreint de nostalgie, il explore aujourd’hui les paysages abandonnés de cet univers numérique. Intitulé An Eternal Wasteland, ce travail propose une expérience contemplative fondée sur le détournement d’un champ de bataille vidéoludique.Présenté comme un projet en cours, An Eternal Wasteland réunit un ensemble d’images et de vidéos où se croisent différentes influences artistiques. On y retrouve l’essence du machinima – un genre cinématographique réalisé à partir de jeux vidéo – mais aussi une référence explicite à la tradition du paysage romantique et au pictorialisme. Dans cet espace vidéoludique déserté, le jeu devient un lieu de méditation, où le spectateur est invité à redécouvrir des espaces virtuels à l’étrange temporalité. Côtoyant dans l’univers du jeu vidéo les problématiques spatio-temporelles soulevées notamment par Andreï Tarkovski, An Eternal Wasteland explore un territoire en attente d’activation, afin d’offrir une réflexion sur l’étrange processus d’éternisation à l’oeuvre dans les ruines de certains mondes virtuels.

MODUS INOPERANDI – MAUD MARTIN

À partir de scénarios anticipant de possibles modes de vie futurs, Maud Martin a établi une liste de néologismes qui ont alors servi de prompts pour la génération d’images à l’aide d’une intelligence artificielle. Ces objets, aussi plausibles que dysfonctionnels, apparaissent comme des vestiges absurdes de notre société techno-industrielle. Malgré l’automatisation du processus, la machine révèle ici son incapacité à faire de la prospective, elle ne peut produire que des objets fossilisés, des assemblages de données recyclées, qui à défaut de nous projeter dans le futur participe à archiver le présent. En déjouant les systèmes prédictifs par le biais du langage cette série invite à interroger nos imaginaires et notre rapport aux objets techniques. L’usage d’un vocabulaire inventé constitue ici un champ d’expérimentation, les images obtenues apparaissent comme les notes de bas de page d’une fiction en creux, à imaginer. La part d’erreur de la machine crée un interstice dans lequel il apparaît tentant de s’engouffrer, pour sortir du programme et révéler sa part d’absurdité.

Dates

11 Octobre 2024 10 h 00 min - 29 Décembre 2024 19 h 00 min(GMT-11:00)

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