Marin Driguez

Cette exposition est le fruit d’une immersion de 3 mois à l’Institut Jules Bordet, hôpital Bruxellois spécialisé dans le traitement des cancers. J’ai suivi le quotidien des soigants et des patients hospitalisés pour un temps long, confrontés à la solitude, l’attente, la souffrance et la fin de vie.
Ce travail est un chapitre d’un projet documentaire en cours sur les hôpitaux publics Bruxellois, commencé en 2018.

Marin Driguez est un photographe français né en 1999. À l’âge de 14 ans, il commence à documenter les luttes sociales nantaises et publie ses premières images dans la presse en entamant une collaboration avec Libération. Il rejoint alors l’agence Sipa Press pour qui il couvre l’actualité Française. En 2017 il entame des études de photographie au 75 à Bruxelles. En 2022, il intègre l’Agence VU’.
S’éloignant progressivement des codes du photojournalisme, il développe une écriture documentaire et privilégie les travaux au long cours. Il réalise ainsi un sujet sur l’hôpital belge dont il documente le quotidien et les enjeux depuis 2018.
En parallèle, il poursuit des collaborations avec différents médias : Libération, Le Monde, The Washington Post, ELLE, Vice, L’Équipe, Le Nouvel Obs, la RTBF…

«Tous les chagrins sont supportables si on en fait un conte ou si on les raconte. » Karen Blixen

L’Institut Jules Bordet, centre de référence en cancérologie en Belgique, accueille des malades du cancer depuis 1939. Avant son déménagement sur le campus d’Erasme en novembre 2021, il était situé dans les Marolles, aux portes de l’hôpital Saint-Pierre, dans un grand bâtiment d’une dizaine d’étages, vétuste, semblant sorti d’un autre temps.

C’est une grande humanité que j’ai rencontrée à Bordet, une grande famille,
où les liens se resserrent pour faire face et accompagner au mieux la douleur et les maux.

Avec cette série, j’ai tenté de mettre un visage sur ceux dont la vie est rythmée par la maladie, ceux qui ne sont plus dans le monde ordinaire, qui ne sont plus considérés comme efficaces ou rentables.

Malgré la volonté et la bienveillance sans failles de soignants à bout de souffle,
j’ai été frappé par l’ennui et la solitude de l’hospitalisation. Des jours entiers, des mois voire des années, alités, ils attendent que la douleur passe, la visite d’un conjoint ou d’un proche, le résultat d’un examen, la sortie… Le temps y est interminable.

En immersion durant 3 mois, j’ai choisi de suivre les personnes hospitalisées pour un temps long, afin d’essayer de créer des relations de confiance. La plupart ont accepté d’être photographiées et j’ai été touché par leur accueil et leur ouverture. Ce projet ne prétend pas aborder le cancer dans son ensemble mais porte
un regard sur ceux qui sont à un stade avancé de la maladie. De nombreux patients représentés sur ces images sont aujourd’hui décédés, cette exposition est aussi là pour leur rendre hommage.

Ce travail s’inscrit dans un projet documentaire commencé il y a 4 ans, portant sur les hôpitaux publics Bruxellois.

Rentrer dans un hôpital, c’est « faire un voyage dans le condition humaine »
Citation extraite du film « Sur la pointe du coeur », de Anne Lévy Morelle

Photo : ©Marin Driguez / Agence VU’