Madonnas

« Madonnas »
Qui aurait pensé à l’évidence ? Mais bien sûr : Ji Sun Son et Pierre Funes, les fondateurs de la galerie PJ ont remarqué ce fil rouge dans l’oeuvre de Joêl-Peter Witkin.
Lequel ? La Femme bien entendu, plutôt préciser : les femmes. Mais encore : des stars, des divinités, des femmes du quotidien déifiées ou réifiées.
En effet, Witkin n’a pas cessé de photographier les femmes.Rubens a peint « La Femme », Ingres a dessiné un modèle de femme, Degas a « saisi » au pastel des danseuses donc des femmes.
Witkin ne choisit pas un modèle de femme. Il cherche une certaine femme pour chaque projet. Une à qui il manque un bras, une sans jambes, l’autre siamoise, une autre aux canons de la Renaissance, la dernière venant d’outre-tombe.
N’oublions pas que l’oeuvre de Witkin est fragmenté par l’illustration et l’appropriation de l’Histoire de l’Art, par son mysticisme qui rapproche confusément mythologie gréco-latine et religion chrétienne et égalise beautés de la Renaissance, femmes difformes, estropiées et cadavre (osons le mot !).
Il est passionnant de constater que derrière ce fil conducteur, l’artiste remet en question sa technique, son cadrage, sa mise en scène, son modèle et ce pendant plus de quarante ans.
C’est l’un de ces points essentiels qu’a su révéler Ji Sun Son en sélectionnant ces 15 portraits féminins et en oubliant les exemples caricaturaux cherchant à définir Witkin au grand public : monstres, squelettes, cadavres entiers ou en morceaux, provocations apparentes.
Effectivement, tous ces modèles devenus des héroïnes sous l’oeil de Joel-Peter Witkin, nous invitent à une aventure à la fois temporelle, historique et artistique.

Baudoin Lebon, 22/02/2022