Septembre, 2023

Luca Gilli

ven22sep(sep 22)15 h 00 min2024sam27jan(jan 27)19 h 00 minLuca GilliIncognitaCentre Claude Cahun pour la photographie contemporaine (anciennement Galerie Confluence), 45 rue de Richebourg 44000 Nantes

Détail de l'événement

Perdre l’espace et se retrouver loin, profondément dans l’image. Ne plus voir le lieu, sentir les lignes qui traversent le cadre comme si elles nous passaient sur le corps. Où sont les corps ? Le désert blanc les a avalé ? Rien ne demeure. L’espace avale les bribes du temps. Mots en suspend. Le silence tambourine, il rythme le vide. Chercher le néant, l’affronter en face, sans trembler. L’air est figé. Je n’ai pas peur. Quelque chose m’échappe, il faut seulement reprendre pied dans cette fissure de l’espace. Comment retourne-t-on une fissure? Perturber deux plans : le vide, le plein, l’immense et le détail. Retourner le vide. Perdre l’espace. Perdre l’espace et confronter le regard à ce qui échappe. Avez-vous déjà remarqué qu’il fallait beaucoup de matière pour faire sentir le vide ? Nous voilà donc au milieu de signes épars qui ne formeront ni partition, ni alphabet mais bien plutôt une boîte à outils dispersés ça et là dans le dédale de murs, de chaises, de tables, de portemanteaux, de parquets esseulés, d’images oubliées. Luca Gilli agit par murmure, à la cartographie il répond sillon et creuse l’évidence. Comment dit-on cheminer ? Déambuler ? Tomber ? Comment dit-on ces mots en image ? Imaginons ainsi, que dans ce vide déserté nous suivons les détours d’une ligne. Cette ligne s’organise par instants. Elle imprime un rythme comme des respirations de scaphandre qui laissent voir par soubresauts. Quelque chose émerge et disparaît dans le blanc. Quelque chose, presque rien, ces spasmes battent la cadence et cassent peu à peu l’écho des salles. Ici, des portions de couleur, objets ou aplats peints imprègnent de leurs rires bruts le blanc de l’image, ils cassent la droiture et le poids du vide. Luca Gilli décadre l’espace, les détails deviennent paysages et ce qui semblait trait devient un sentier dans ce qui tout à l’heure se perdait dans le vide. La ligne se fait fiction : elle raconte ce que nous pouvons percevoir et le rectangle de l’image devient l’espace nécessaire au visible. Luca Gilli réinvente l’école du regard. Il se joue des fantômes parce que les fantômes ne gagneront jamais dans ce monde perdu. Nous sommes au coeur d’un nid, tout pourrait foisonner mais tout vibre de vide.

À travers l’accumulation d’objets d’un quotidien suspendu, objets usés, débraillés, diminués Luca Gilli observe comment le corps reste visible dans toutes ces marques du temps, écriture et déchirure des hommes. Face aux récits de ces corps en suspension, l’artiste donne aussi à penser à un autre corps : celui du regardeur. Comment le corps réagit à un vide qui se déploie dans sa pesanteur et s’écrit par la collection? Luca Gilli met en scène les archives de jours tranquilles, d’ennuis peut-être. Il met en scène ces archives pour réfléchir l’histoire comme une matière en construction. Son travail s’inscrit dans un constant aller-retour entre peinture, sculpture et architecture. La forme peut prendre tout aspect et c’est la façon de placer les objets, la manière dont ils s’inscrivent dans l’espace, qui est plus importante que leur existence propre. À travers cette œuvre se met ainsi tranquillement en place une redéfinition structurelle de l’art.

Dans cette série Luca Gilli collecte donc les paysages quotidiens, autour d’actions simples à la limite du perceptible qu’on devine par bribes et qui peuvent provoquer des montagnes, chambouler nos imaginaires ou nos rapports à l’espace. Un paysage est politique c’est l’assagissement de la nature par l’homme : pays sage. Les détournements plastiques minutieux par les cadrages de Luca Gilli offre un paysage qui se touche, se renifle, se contourne, se manipule. À la manière de Marcel Broothears, Luca Gilli regarde l’espace du quotidien comme une œuvre en soi. Il aborde ainsi le territoire de manière détournée en investissant les questions de matières, d’échelles, de volumes et de perceptions.

Dans Passages, Rosalind Krauss prend l’exemple de Richard Serra et Donald Judd qui disposent une chose après une autre pour leurs vidéos ou installations : les bloques laqués rouges superposés par Judd en colonne avec un intervalles équivalent à leur épaisseur, les lignes de plomb disposées par vague sur le sol par Serra. Il ne s’agit plus de sculpter une masse dans un espace mais bien de confronter la masse à l’espace et de donner à voir la vibration qui s’opère. Ainsi le dedans et le dehors se confondent, plus exactement l’entoure de l’œuvre participe à l’œuvre et le vide s’intercalant entre deux formes pleines inscrit son poids et sa présence dans le visible. L’espace crée les limites du visible et quand ce visible n’a plus de limite, nous recréons de l’espace pour le comprendre : le faire notre. L’espace, chez Luca Gilli, est toujours regardé comme le lieu de partage d’une expérience commune. Il ne s’agit pas de faire beau ou bien mais avant tout de faire vivre.

Né en 1965, diplômé en Sciences Naturelles à l’Université de Parme, Luca GILLI vit à Cavriago (Reggio Emilia- Italie). Ses séries ont été exposées dans différentes expositions personnelles et collectives en Italie et à l’étranger auprès d’institutions culturelles publiques et privées ainsi que dans des galeries privées. Plusieurs de ses œuvres appartiennent à des collections privées, des musées de la photographie et de l’art contemporain, en Italie et à l’étranger.

Dates

22 Septembre 2023 15 h 00 min - 27 Janvier 2024 19 h 00 min(GMT-11:00)

Centre Claude Cahun pour la photographie contemporaine (anciennement Galerie Confluence)

45 rue de Richebourg 44000 NantesOuvert du mercredi au samedi, de 15H à 19H et sur RDV

Centre Claude Cahun pour la photographie contemporaine (anciennement Galerie Confluence)

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