Mai, 2021

Lisières

mer19mai14 h 00 mindim19sep18 h 30 minLisièresVincent ChevillonSTIMULTANIA Pôle de photographie, 33 rue Kageneck, 67000 Strasbourg

Détail de l'événement

Chercheur attentif et soucieux, Vincent Chevillon suit les traces des animaux et consigne ses pensées dans des prises de vue tirées au cordeau.
Chaque détail révélé par l’image photographique pourrait lui apporter une réponse et permettre l’avancée d’une enquête infinie… Ses expositions sont autant de pistes explorées méticuleusement pendant des années : l’artiste organise chaque pièce de son œuvre comme une porte des enfers, un génial maelstrom de troncs, de pierres, d’os et de plumes, au creux duquel règne un équilibre flottant.

Qu’il voyage en catamaran ou dans les réserves des musées, Vincent Chevillon trace d’adroites lignes des vents entre les Canaries, la mer Baltique, le rocher du Diamant ou les réserves de chasse du Duc du Luxembourg. Il s’intéresse à tout, de la dentition des cachalots, qui n’ont qu’une vingtaine de dents sur la mâchoire inférieure et qui avalent tout rond les calmars, à l’arthrose des éléphants d’Asie, enfermés dans des cages

contraignant le développement de leur colonne vertébrale. Il lit Giono, Tournier, Goethe, Haraway, Ingold et Glissant.

Ah ! mémoire rocailleuse insurge-toi en taillis. / Chaque buisson de mémoire cache un tireur. / Sur nos têtes le battement du moulin / Dans nos nuits toussent les boucans / L’homme a beau faire le cri prend racines. *

Pour lui, « les mots qui sont dits ont une incidence sur le monde ». Dans l’espace, son œuvre se déploie ; les pièces monumentales, superbes réalisations d’un artiste-artisan, montées en polyptyques, débitées, scandent la pesanteur des mots. Et les oiseaux semblent tomber du ciel…

Céline Duval

* Édouard Glissant, « Le sang rivé », éditions Présence Africaine, 2012

“Il semblerait que notre monde ne puisse plus contenir nos rêves expansionnistes et progressistes. Des troubles inquiétants agitent notre biosphère et nous engagent à de nouvelles responsabilités citoyennes, nous incitent à repenser à une échelle plus vaste notre histoire anthropocentrée avec celle d’autres êtres.

Nos musées, nos espaces naturels reflètent aujourd’hui sinistrement les mots de Descartes, que l’homme se rende un jour « comme maître et possesseur de la nature ». Cet héritage colonial, tant vis à vis des territoires que de ce qui les composent (ou de ceux qui les composaient), nous oblige à reconsidérer notre usage du monde.”

Vincent Chevillon

Les muséums ressemblent à de curieuses arches renversées où reposent des restes naturalisés, parfois dernières présences matérielles d’espèces, d’environnements disparus. Par ailleurs, les espaces « naturels » qui abritaient ces êtres semblent aujourd’hui désormais désertés…

Un sentiment de vase communicant se dessine par ce curieux rapprochement. La conservation de ces collections et de ces espaces soulève de nombreuses problématiques – parfois embarrassantes, au premier comme au second degré – et crée des situations paradoxales mêlant vie et mort, conservation et extinction, emmêlant le rationnel à l’irrationnel, le civilisé au primitif, le moderne au prémoderne, le scientifique au romantique.

Initialement formé aux Sciences de la Terre, Vincent Chevillon a grandi en outremer (Martinique, île de la Réunion). Il complète sa formation par des études en Art, rejoint en 2010 le post-diplôme des Beaux-arts de Paris, puis le programme expérimental SPEAP (Art-Science et Société) de Bruno Latour à Science-Po Paris en 2017-2018. Depuis 2014, il enseigne l’Espace et le Volume à La Haute École des Arts du Rhin (HEAR) à Strasbourg.

Ses recherches convoquent différents champs d’études, navigant de l’anthropologie, la géophysique à l’iconologie. Il développe des dispositifs généralement évolutifs à partir d’éléments récoltés ou façonnés, des images, des récits qui se formalisent sous forme d’installations, d’éditions, d’œuvres numériques ou d’objets. Un premier ensemble de cette recherche (Spermwhaler’s dream) a été exposé en 2011 dans un module de la Fondation Pierre Bergé – Yves Saint Laurent au Palais de Tokyo. En 2013, il entreprend une étude de terrain à bord d’un voilier lors d’une itinérance de 7 mois en mer de part et d’autre de l’Océan Atlantique. Cette enquête, SEMES, a reçu le soutien du FNAGP et de la DRAC Grand Est et a été exposée au printemps 2016 à l’Espace Khiasma. Il développe depuis 2013 une plateforme encyclopédique participative intitulée archipels.org avec différentes structures (FNAGP, SCAM, Espace Khiasma, Dicream, SPEAP).

Photo : Lamassu, 2021 © Vincent Chevillon

Dates

19 Mai 2021 14 h 00 min - 19 Septembre 2021 18 h 30 min(GMT-11:00)

STIMULTANIA Pôle de photographie

33 rue Kageneck, 67000 StrasbourgOuvert du mercredi au dimanche de 14h à 18h30

STIMULTANIA Pôle de photographie

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