Le Grand Tour

Dès le XVIIe siècle, les artistes sillonnent l’Europe pour parfaire leur éducation et leur culture. Ce voyage initiatique de deux ans relève d’une pratique spécialisée qui sert à apprendre le métier de peintre, de dessinateur, d’architecte ou de sculpteur. Inséparable de l’évolution du goût et du Beau, le Grand Tour est ainsi le moteur de choix esthétiques précis et de pratiques centrées sur le déplacement, le regard et la rencontre involontaire avec le paysage et l’œuvre d’art. L’artiste arpente, avec un regard neuf, les caractéristiques diverses de la nature et de la culture et prend, si nécessaire, tout ce qui va réformer son regard et nourrir les fondements de son art.

Par leurs œuvres présentées au Bois Fleuri, Corinne Szabo et Denis Thomas nous invitent en quelque sorte à les accompagner, prendre la route à notre tour, nous laissant surprendre par tous ces objets qui ont attiré leur l’attention, nous montrant ce qu’ils ont retenu de ce parcours.

Dans le « Grand Tour » de Denis Thomas, généralement lié au territoire de la Nouvelle Aquitaine et plus spécifiquement de la métropole bordelaise, la rencontre avec la forme se concrétise par la fréquentation photographique quotidienne de points de vue récurrents dont la géométrie pure s’impose comme règle d’assemblage du Beau. Fixant alors un répertoire de signes qui « parlent aux yeux » (Quatremère de Quincy) : cercles, rectangles, pyramides, cubes…, le photographe cherche un langage universel, une écriture fondée sur des rapports d’essentialité à l’œuvre dans la nature et l’architecture, rapports rendus visibles dans un grand mur d’images.

Elargissant son « Grand tour » au monde et aux instances muséales les plus reconnues, Corinne Szabo est également à la recherche du prototype général de l’art qui serait, selon les théories antiques, enfermé dans la matière informe. Sa pratique repose sur un principe d’associations entre des éléments extraits de multiples collections (livres, images, éléments naturels) : ici, des totems superposent d’imposantes pierres sur des troncs découpés et sont mis en regard de cartes postales d’œuvres historiques, de catalogues artistiques et de chapiteaux de colonnes antiques.

Témoignant de ces « rencontres avec les choses », les travaux des deux artistes recèlent alors une dynamique interne qui, dans le cadre d’un vaste champ de références, joue sur l’origine des formes et la mémoire artistique.

Mardi de 15h à 19h
­Mercredi de 10h à 12h30 et de 15h à 19h
­Jeudi visites guidées sur inscription
­Vendredi de 15h à 19h
­Samedi de 10h à 12h30 et de 13h30 à 17h