Le coeur est un muscle. S’emparer du regard amoureux

Si l’amour est un langage commun, un territoire universel, il a majoritairement été exploré dans l’art par les hommes pour représenter le corps des femmes.
La muse au masculin n’affiche ni portrait, ni corps à dévoiler. Il est le grand absent de nos imaginaires. Comment photographier aujourd’hui l’être aimé en tant que femme ? Comment porter un regard sur l’autre, non plus assujettie à lui mais désirante ? Parler d’amour c’est aussi tenter de contourner le piège d’un mot usé et saturé. A sa simple évocation, on restreint déjà son champ.
A ces réflexions, Marion Bornaz propose de répondre par le prisme de ce qui constitue le coeur de son travail personnel : l’intériorité comme boussole de navigation. Si sa dernière exposition « Une Forêt » s’attelait à donner corps au processus de résilience par une échappée dans des contrées sauvages et allégoriques, « Le coeur est un muscle » construit des ponts entre des espaces, des matières vivantes et des sensations qui alimentent un dialogue intime.
Une même fascination pour l’insondable profondeur des êtres, le mystère des paysages infinis et les liens qui nous unissent. Face à l’autre, il n’est pas question d’adoration ou de dévouement ; « Le coeur est un muscle » scrute dans le temps ce qui prend vie dans les corps ; la photographe cherche par ses associations un autre vocabulaire, une cartographie du sensible à arpenter.
Cette série est une déclaration :
L’amour se pratique et le coeur est un muscle.