Laetitia El Hakim

Photo : © Photographie Laetitia El Hakim, Domestica (f.), 2021

Résidence de création dans le cadre du programme NAFAS

Au Liban, comme presque partout dans le monde, les femmes sont considérées comme des citoyennes de seconde zone, et elles se battent encore aujourd’hui pour leurs droits les plus élémentaires.

Chaque once de liberté obtenue par une femme semble avoir été empruntée, et non donnée. Les comportements oppressifs à leur égard sont principalement dus à des gouvernants religieux et sectaires. Depuis près de 30 ans, la mère de Laetitia El Hakim a créé un livre de cuisine avec des recettes empruntées à des amis. Elle a toujours manifesté un manque d’intérêt total pour la cuisine. Face à cette indifférence, le père de l’artiste a pris en charge la cuisine. Ce changement de dynamique du foyer, qui était normal pour elle, a suscité des questions dans leur entourage en raison de l’anomalie de cette inversion des rôles dans la société libanaise. De son côté, son père n’a jamais été attaché à une recette, préférant faire évoluer librement sa cuisine, mélangeant les ingrédients au gré de ses envies. En revanche, sa mère n’a jamais pu cuisiner sans s’appuyer sur son livre de recettes « empruntées ».

Ces « recettes empruntées » ont été le déclencheur d’une réflexion, tentant de dépasser les limites et les règles fixées par les instructions et les ingrédients.Domestica (f.) est une oeuvre en trois chapitres qui explore la domestication des femmes à travers le corps (Mythes), le savoir (Sorcières) et l’être (Femmes). La première installation de l’oeuvre prend la forme d’un livre d’artiste qui présente les idées qui seront explorées plus en profondeur au fil des chapitres.