Septembre, 2022

Kasia Wandycz

jeu01sep11 h 00 minven23(sep 23)19 h 00 minKasia WandyczPapierGalerie Taglialatella, 4 Rue de Jarente, 75004 Paris

Détail de l'événement

PAPIER
D’encre diluée et de papier déchiré

De l’aube de l’imprimerie jusqu’au 21e siècle, la chose imprimée – qu’elle se présente sous la forme de livres, d’affiches, de lithographies, de prospectus, etc. – n’a cessé de laisser son empreinte sur la manière dont nous pensons le monde, dont nous le décrivons. Véhicule de nos savoirs, objet de transmission, l’imprimé marque depuis sa création notre mémoire individuelle et collective, et nos imaginaires.

Dans l’espace public, les affiches faites de papier sont des imprimés qui tiennent une place centrale. Outils de publicité, de propagande, de communication, d’information, elles tendent aujourd’hui à disparaître.

À l’aune de la suprématie du numérique dans nos sociétés, et de son support, l’écran, les affiches sont de plus en plus remplacées par des images mouvantes, sans matérialité. Elles quittent ainsi peu à peu le monde physique pour entrer dans le monde du calcul : la nature de l’affiche évolue, elle n’est plus qu’un ultime outil de contrôle du nombre de passants, de leur attitude, du nombre de fois où ils regarderont – ou non – l’image en mouvement.

Pour rendre hommage à ce monde de l’imprimé en cours d’évanescence, Kasia Wandycz a souhaité en garder les dernières traces. Depuis plusieurs années, elle s’est prise au jeu de collecter des fragments d’affiches déchirées ou malmenées par le vent, la pluie ou l’intervention humaine. Lors de ses pérégrinations dans les différentes villes qu’elle arpente, Paris, New York et Varsovie, elle s’attarde sur un détail chromatique, sur une forme, sur une composition qui attirent son oeil. Sans s’approprier l’affiche dans son entièreté comme le pratiquait Jacques Villeglé, elle n’en conserve par l’image photographique qu’une parcelle. Celle-ci devient à son tour oeuvre à part entière par le truchement d’un cadrage voulu et assumé par la photographe.

Trace du réel, l’image produite, si elle reste une appropriation, s’inscrit par cette démarche dans le champ de l’imaginaire. Sans retouche, sans recomposition, l’affiche ou plutôt les affiches superposées et abîmées se transforment, par la grâce d’un nouveau cadre dans leur matière, en une nouvelle oeuvre, abstraite, poétique, politique, aux couleurs soit pastel soit éclatantes.

Pop art, art urbain, art pictural ?

Le travail de Kasia Wandycz est à la frontière de tous ces arts. Si l’image finale est une photographie, l’artiste se joue des codes pour mieux nous laisser libre cours à notre interprétation.

En restituant une part de la mémoire collective qui s’écrit dans l’espace urbain, elle nous permet de réenchanter tout un monde en proie à l’oubli ou à la destruction.

Chaque oeuvre raconte une nouvelle histoire, que chacun peut écrire. Geste créatif par le biais d’un regard, elle est disponible pour une nouvelle appropriation par celui ou celle qui la regarde, inspiré par le jeu de pistes qu’elle a créé : de quelles affiches s’agit-il, qu’est-ce que l’on voit, à qui cela nous fait-il penser ? Nous retrouvons ainsi le plaisir de regarder, de nous interroger, de chercher. Alors que nous sommes confrontés à la profusion d’images, ce temps d’arrêt est un précieux cadeau qui nous est offert.

L’objectif de Kasia Wandycz reste surtout de nous faire percevoir la beauté d’une forme, d’une couleur, d’une épaisseur de déchirures. D’appréhender la beauté de ces papiers malmenés mais vivants, de sentir leur volume, leur relief. Distorsions de la réalité, oeuvres poétiques, ces photographies composent un univers visuel et graphique qui fait naître émotion, joie et nostalgie.

Sorties de l’anonymat de la rue, elles entrent dans un nouvel espace de contemplation quand les murs de la ville laissent place aux cimaises d’une galerie.

Née aux États-Unis, d’origine polonaise, Kasia Wandycz (1965) a obtenu un master en arts graphiques au Connecticut College. Elle a également étudié la peinture à l’Académie des Beaux-Arts de Cracovie, en Pologne. Elle vit et travaille à Paris et a été photographe pendant plus de 25 ans pour l’hebdomadaire Paris Match. Dans sa pratique artistique, elle se concentre sur le papier, à la fois comme substance de son travail et comme sujet à part entière. Dans ces bouts d’affiches usagées et déchirées, elle trouve de la poésie, et, par le biais de la photographie, ces fragments acquièrent une existence et un sens nouveaux. Déambulant dans les rues des métropoles contemporaines, elle dessine sa propre cartographie, en véritable « flâneuse », transformant le matériau imprimé à la fois en document et en symbole du temps qui passe. Ainsi, Kasia Wandycz prend plaisir à observer le papier, à s’interroger sur son avenir et ses perspectives. Son travail est une réflexion sur la signification du rôle du papier dans nos sociétés, et, indirectement, sur l’impact des appareils électroniques. Quels sont les effets profonds de la disparition progressive du papier imprimé au profit des écrans ? Sa série PAPIER a débuté en 2015 et se poursuit jusqu’à aujourd’hui.

Le livre PAPIER rassemble 36 photographies
dans un livre conçu comme un écrin.
ISBN 978-2-490952-35-9
17 x 27 cm, format à la française
84 pages, reliure cartonnée, dos rond, prix : 55€ TTC
En librairie en janvier 2023, pré-commande sur www.hemeria.com
Disponible en avant-première lors de l’expositon

Dates

1 Septembre 2022 11 h 00 min - 23 Septembre 2022 19 h 00 min(GMT-11:00)

Galerie Taglialatella

4 Rue de Jarente, 75004 ParisOuvert du mardi au samedi de 11h à 19h

Galerie Taglialatella

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