Julien Gérardin & Léon Gimpel

Julien Gérardin, ce notaire nancéen se passionne pour la photographie comme l’atteste en 1899 son admission au sein de l’importante Société lorraine de photographie. Il adopte l’autochrome dès sa commercialisation et réalise en quelques années des milliers de vues. La collection, versée à l’École nationale supérieur d’art et de design de Nancy, recense en effet 6 370 plaques autochromes5 au format 9×12.
Loin d’une fantaisie qui pimente l’ordinaire, la pratique de Gérardin est le fruit d’un véritable engagement. Il sillonne la Lorraine à la recherche de points de vue. Il approfondit ses thèmes en multipliant les images à l’envi, il revient sur le même site pour en épuiser les possibilités, il double fréquemment les clichés pour un infime changement de lumière ou de cadrage. Les thématiques sont peu nombreuses : essentiellement la nature (champs, forêts et rivières) saisie en pleine lumière ou au coucher du soleil et le pittoresque des villages voire de quelque ancienne ruine. Très rarement, sans doute porté par un évènement particulier ou attiré par la force d’une couleur, il s’essaye à d’autres sujets : son entourage attablé, un soldat en uniforme, sa femme sur le marchepied d’une automobile rutilante.

Léon Gimpel, benjamin de la famille, naît en 1873 à Strasbourg, c’est-à-dire nouvellement en Allemagne. Il n’y vit que quelques mois puisque ses parents, par patriotisme, décident de fuir l’Alsace annexée et s’installent à Paris. C’est au service de l’entreprise familiale de draps et tissus qu’il débute sa vie active, en tant que représentant de commerce. Il parcourt la France entière et lui vient l’envie de fixer l’image des paysages traversés et des gens rencontrés. Le 31 août 1897, chez Demaria Frères à Paris, il tient en main son premier appareil photographique, un Belek 9×12. Outre les paysages, ses images trahissent déjà l’âme d’un reporter : habitants en tenues folkloriques, mariages… Il consacre de plus en plus de temps à la photographie en réalisant de petits reportages qu’accepte de publier la revue anglaise King of Illustrated Papers, par l’entremise de Paul Géniaux26. Les contacts pris avec les périodiques français finissent par porter leurs fruits. Le 8 mars 1900, La vie illustrée le dépêche d’urgence pour couvrir le terrible incendie qui ravage le Théâtre français. Ce premier reportage publié en France inaugure sa carrière. En 1904 débute sa participation à L’illustration dont il devient un des collaborateurs attitrés les plus prisés. Lire plus…
Pierre Van Tieghem
L’essai complet de Pierre Van Tieghem est à télécharger ici

Exposition en partenariat avec la Société française de photographie, L’École nationale supérieure d’art et de design de Nancy et la collection privée de Phot’Antik-Nancy