Journal de photographes

Photo : Quartier général de l’armée russe. Grozny, Tchétchénie, 1994.
© Alain Keler / Courtesy Polka Galerie / MYOP

« Journal de photographe(s) » rassemble pour la première fois deux signatures majeures du photojournalisme contemporain, Alain Keler et Pascal Maitre. Deux auteurs qui n’ont eu de cesse de raconter le monde en s’interrogeant sur ce qu’ils ont vécu. La galerie Polka a fait le choix de juxtaposer leurs oeuvres respectives en réunissant près d’une quarantaine d’images de l’un et l’autre. En noir et blanc pour Alain Keler, en couleur pour Pascal Maitre.

Sur les murs, chaque photo a son histoire (cf annexe 1 & 2) : les deux auteurs dialoguent et nous montrent ce qu’ils ont voulu voir, de la guerre en Tchétchénie aux grandes villes du «Sud» africain — Kinshasa, Lagos, Mogadiscio. De l’Irlande du Nord à la jungle de Colombie.

Né en 1945 à Clermont-Ferrand de parents d’origine juive polonaise réfugiés en zone libre pendant la deuxième guerre mondiale, dont plusieurs membres furent déportés sans retour, Keler a passé sa vie à courir après l’actualité. Des conflits au Moyen-Orient jusqu’aux Etats-Unis avec les grandes parades ou lors des manifestations contre la guerre du Vietnam, en passant par l’Amérique Latine sous la pression des dictatures.
Ses photographies ressemblent à des méditations métaphysiques, souvent mélancoliques, sur le temps. Celui qui fabrique l’Histoire, comme celui dont est fait son histoire. Cet aller-retour entre le monde et la conscience donne leur substance aux images de Keler.

Pascal Maitre est né en 1955 dans le Berry, dans une famille de paysans et d’artisans. Hasard de la grande Histoire, la plus importante base militaire de l’OTAN en Europe prend ses quartiers non loin de chez lui. Les Yankees débarquent par milliers. L’un deviendra son oncle par alliance et lui offrira son premier boitier, un Rolleiflex. Son sésame vers le monde entier. L’Inde d’abord, puis l’Iran, l’Amérique du Sud, et bien sur l’Afrique où il a signé certains de ses plus beaux reportages au long cours. Sans oublier l’Afghanistan aux côtés du commandant Massoud ou face aux majestueux bouddhas de Bâmiyân avant leur destruction par les Talibans.

C’est en 1986 pour le projet « One day in the life of America » que Maitre et Keler se rencontrent pour la première fois. De là est née une amitié et une complicité professionnelle. Ensemble, ils fonderont l’éphémère agence Odyssée avant que Pascal Maitre ne rejoigne Cosmos en 1994. En 2018, Alain Keler l’encouragera à rejoindre le collectif Myop, avant que Maitre n’intègre les rangs de la Fondation VII en 2024. Les voici de nouveau réunis cette année, au sein de la galerie Polka. Ensemble, ils vous racontent leurs histoires.