J'irai revoir ma Normandie

Le musée d’Art, Histoire et Archéologie d’Evreux consacre son exposition d’été au studio Marlot & Chopard qui montrera deux séries photographiques inédites portant sur le paysage normand dont une commande entièrement réalisée à Evreux.
Le clin d’œil à la célèbre chanson de Frédéric Bérat renvoie tout d’abord à la beauté des paysages normands sous le soleil. Ces derniers y sont comparés aux paysages de Suisse ou d’Italie, faisant ainsi miroiter un ail- leurs aussi pittoresque que mythifié qui résonne avec les photographies estivales et la végétation luxuriante des séries Paris-Rouen-le Havre et Evreux présentées au musée comme un voyage imaginaire dans la lumière, la douceur et la chaleur d’une journée d’été. J’irai revoir ma Normandie évoque également la dizaine d’années qu’ont passé Rémy Marlot et Ariane Chopard à revenir toujours parcourir un territoire à l’esthétique inépuisable et à leur proposition de le faire redécouvrir aujourd’hui au spectateur à travers leurs photographies.
13 tirages argentiques de format 80 x100 cm de la série Paris-Rouen-le Havre invitent à une promenade le long de la Seine en été dans le chemin de ronde du musée. Cette série « fleuve », qui comprend près de 200 photographies explore la variété du paysage français de Paris à la mer. Allant du paysage industriel à des vues bucoliques et pittoresques qui rappellent le passage des Impressionnistes sur ce territoire, quelques fois heurtée par la rencontre fortuite d’objets inattendus, la série porte également sur des zones en attente de re-qualification et amène à la conscience du spectateur l’identité forte d’un territoire paysager unique mais aussi la fragilité de ce patrimoine naturel et urbain et parfois, sa disparition.
En écho à cette série, le musée d’Art Histoire et Archéologie d’Evreux à proposé l’été dernier à Rémy Marlot et Ariane Chopard une résidence de création afin qu’ils poursuivent ce travail sur le paysage normand dans la ville d’Evreux. Après avoir parcouru à pieds la ville et ses collines verdoyantes ils ont choisi d’exposer en regard des collections du musée, 10 tirages argentiques qui rendent compte de leur approche esthétique du patrimoine paysager local. Dans la continuité de la série Paris-Rouen-Le Havre, la série Evreux offre une vision poétique et hors du temps de la ville à travers la représentation d’espaces en mutation, devenus objets photographiques, qui racon- tent en filigrane une histoire, la mémoire et l’esprit des lieux.
S’affranchissant des codes de la photographie documentaire, l’exposition invite le spectateur à un parcours onirique à travers des images que les photographes ont choisies pour leur capacité à suggérer un ailleurs, dans un jeu de références visuelles empruntant tant à des symboles culturels, leurs souvenirs personnels qu’à la peinture ou au cinéma pour aboutir à la reconstruction d’un paysage fantasmé.
En prolongement de l’exposition, une sélection » « Evreux, 2022 » inédite de tirages anciens et modernes, issus du fonds photographique du musée, poursuit cette interrogation sur la notion de paysage.