Isabelle Bonjean

L’univers photographique d’Isabelle oscille sans cesse entre la rêverie, le réel, l’équilibre et le chaos.
Ses cadrages, souvent resserrés, magnifient le détail qui se charge alors d’une poésie mystérieuse, où ne subsiste que la trace fragile mais obstinée d’un réel désormais incertain.
Les rebuts médiocres et le défaut sous toutes ses formes, fissures, sillons ou craquelures, s’anoblissent et s’élèvent dans la hiérarchie du Beau.
Ici, le lisse et l’impeccable n’ont pas leur place. Isabelle cherche l’éphémère ou l’accident – « la petite étincelle de hasard » comme l’écrivait Walter Benjamin – dans les scintillements fugitifs, les souffles passagers et les reflets mouvants. L’idée de fugacité et d’imperfection qui traverse toute son oeuvre évoque le memento mori des vanités et ses allusions à la fuite du temps et la finitude à venir.
Mais elle puise également ses sources dans l’esthétique japonaise du wabi-sabi qui valorise l’aspect transitoire et défectueux des choses. Et puis, il y a aussi cette sensation que les clairs-obscurs, les cadrages et les associations d’images suscitent en nous, un sentiment indéfinissable, trouble et déconcertant, comme une sorte de déjàvu subtilement distordu : le familier des choses et des lieux semble se dissoudre et tourner à l’étrange, comme une résurgence de l’« inquiétante étrangeté » freudienne. D’une formidable puissance visuelle, l’oeuvre d’Isabelle privilégie à la fois l’émotion, l’imagination et la contemplation. Énigmatiques et merveilleuses, parfois déroutantes, ses photographies traduisent toujours une vision du monde empreinte d’une profonde humanité.

Isabelle Bonnet, Historienne de l’art, spécialisée en photographie

Je gagne ma vie en photographiant, des bijoux aux produits de beauté en passant par les accessoires, ce que l’être humain produit de plus raffiné, de plus exquis. C’est un travail inspirant et précis. Rien, ou si peu, ne peut être laissé au hasard. La lumière, la composition, le concept doivent être absolument maîtrisés, avec juste ce qu’il faut de lâcher-prise pour apporter une touche de poésie. Mheanwhile… je prends des photographies pour trouver un sens.
Je les prends au sens strict du mot. Je laisse les choses et les gens venir à moi et je les saisis car je ne peux leur résister. Lorsque j’étais étudiante, j’ai découvert par hasard un livre de Keizo Kitajima NewYork. Il a été ma première introduction à la photographie japonaise.
Naturellement Daido Moriyama est très vite entré dans ma vie. Je partage sa philosophie lorsqu’il s’agit de photographier le monde autour de moi. Pas d’intention, mais laisser le réel entrer en moi à travers un geste spontané. Prendre une photographie qu’on ne peut s’empêcher de faire. Je lui dois la liberté que je m’octroie lorsque je saisis la vie autour de moi. En 2024 j’ai été malade. Je n’ai pas pu travailler pendant de longs mois. J’ai dû me concentrer sur ma santé. Pendant ces jours vides, entre deux traitements, je dormais. Je n’avais la force de rien. Étape après étape, opération après opération, la situation s’est améliorée. Mais ma convalescence était loin d’être achevée. Je souffrais de ne pas pouvoir me remettre au travail, je bouillais d’impatience, je mourais d’ennui. Fin octobre, j’ai vu mon amie Melanie C Grant et alors que je lui confiais mon spleen, elle m’a simplement répondu : “Why don’t you think about an exhibition of your work for next year? It would keep your mind busy”. So here we are. Et cette exposition est bien sûr dédiée à Daido-san, avec humilité, respect et amour.

Isabelle Bonjean, Photographe

Isabelle Bonjean est née à Paris, où elle vit et travaille. Ses photographies couvrent une variété de domaines tels que les natures mortes, les bijoux, la beauté et les cosmétiques, la photographie conceptuelle et les intérieurs.
Le travail d’Isabelle peut être défini comme avant-gardiste, moderne et raffiné. Elle contribue largement à des publications telles que Vogue Gioiello, Surface, Wallpaper, L’Officiel, V, Citizen K, Gloss, Vogue Nippon et Departures, entre autres. Elle a réalisé des campagnes pour Boucheron, Cartier, Chaumet, Helena Rubinstein, Lancôme, Perriet-Jouët, Louis Vuitton, Shiseido, Chanel et Swarovski.
Ces dernières années, Isabelle s’est également lancée avec autant de succès dans la publicité cinématographique. Tout au long de sa carrière, Isabelle a remporté des prix tels que la médaille d’argent de la Society of Publication Designers, le prix Jasmin pour la photographie de beauté et a été choisie par Tag Heuer pour l’exposition du Fonds des Nations unies pour les femmes.