In Overscheyt

L’exposition In Overscheyt est la seconde collaboration du photographe plasticien Quentin Guichard avec l’église Saint-Merry. En 2014, il installait déjà ses Exographies pour l’exposition internationale d’été.
Pour créer ses œuvres, l’artiste s’est immergé dans le flux ininterrompu de Dettifoss, la cascade la plus massive d’Islande. Elle incarne le principe actif de l’Origine, tel un seuil où fusionnent tous les éléments : l’eau qui s’effondre, la terre qu’elle percute dans une violence assourdissante, l’air qui la souffle et l’évapore.
In Overscheyt signifie, en ancien flamand, dans l’abîme d’en Haut. Emprunté aux Visions de la sainte Hadewijch d’Anvers (XIIIème siècle), le mot fait figure de détonation. Pour Quentin Guichard, l’oxymore touche aux limites du langage et de la représentation. Il incarne la tension sur laquelle nos mythes et nos œuvres sont fondés. Pour les artistes il est une image qui s’élabore, pour les scientifiques un rayonnement à la signature infinitésimale.
Comment peindre la lumière originelle? Quel sens donner à la matière qui l’a fait naître ? Ces interrogations évoquent un temps désormais daté : 380 000 ans après la fission originelle, le refroidissement d’un univers intensément dense permit la libération de la lumière. Ces nouvelles œuvres de Quentin Guichard sont autant de méditations sur la nature du temps où soudain la lumière est ; du temps perçu à l’orée où le miracle s’accomplit avant d’excéder les sens.
De grands formats, ces œuvres sont de pures épiphanies évoluant de l’univers premier à d’improbables visions de cimes et de ruissellements. Elles soufflent un vent de désordre où se dessinent des horizons incertains : cimes et cratères se dressent avant l’irruption du temps géologique, chargés de teintes évoquant la terre et l’embrasement à venir. La lumière que l’artiste dépeint puise à la source d’une eau qui n’existe pas encore, soufflée par un air aussi créateur que destructeur. Il peint une lumière dont nous provenons tous, sans laquelle la vie n’aurait pu advenir.

Né en 1986, Quentin Guichard vit et travaille à Paris. Diplômé de l’Ecole Nationale Supérieure des Métiers de l’Image et du Son, il a travaillé plusieurs années sur les plateaux de cinéma avant de se consacrer essentiellement à son travail de photographe plasticien.
En 2014, il expose la série Exographies, hybridation entre la captation photographique et le geste à l‘encre de chine, lors de l‘exposition internationale d‘été à l‘église Saint-Merry.
Quittant par la suite les énergies électromagnétiques de l‘univers pour les forces telluriques de la Terre, il entreprend plusieurs voyages en Islande afin de recueillir toutes les matières photographiques qui lui permettront de créer, de 2015 à 2018, les séries graphiques réunies sous l’appellation de Souffles élémentaires. Cet ensemble est présenté la première fois au public en 2018 à la galerie Cheloudiakoff (Belfort) puis à la galerie Bertrand Hassoun (Besançon), à l’occasion d’expositions individuelles.
En 2020, sa série Les lapidaires, variations monochromes et cubistes de soulèvements basaltiques, est récompensée d’une médaille d’argent au Prix de la Photographie de Paris.
En février 2021, Quentin Guichard est nommé co-lauréat du Prix Félix Fénéon artistique par la chancellerie des universités de Paris.