#HURLEALAVIE 521 cris à la face du confinement

La pandémie nous a imposé une succession de confinements, a restreint nos libertés. Notre moral, notre confiance en nous, en la vie, ont pris un coup dans l’aile. Le photographe Christophe Keip, fait le portrait de ce bouillonnement intérieur, de cette énergie vitale qu’il nous est impossible d’exprimer en ces temps d’enfermement. Pour lui il s’agit d’une nécessité, de lancer un appel à tomber les masques pour « hurler à la vie » … Crier est un acte primordial fondateur –le nouveau-né n’en est-il pas le meilleur exemple, la preuve vivante ? Ouvrir sa cage, sa cage thoracique pour sortir de nos limites, au sens propre et figuré.

Entre janvier et mars 2021, 521 personnes sont venues hurler devant son objectif, leurs colères, manifester frustrations et tristesses, crier le désir de vivre, ou de partager une joie. Si pour chacun, il s’agit d’une expérience libératrice qui répond aux besoins d’une situation conjoncturelle, cette expérience est pour beaucoup un acte révélateur, une prise de conscience, un pas insoupçonné vers l’écoute de soi. Autant de portes ouvertes aux émotions.

A partir du 25 juin et jusqu’au 11 septembre, les 521 témoignages photographiques seront exposés à la Galerie Zola d’Aix en Provence.

Un reportage dans le cœur des hommes, une expérience articulée autour de quatre grands thèmes : la colère, la peur, la tristesse et la joie. Christophe Keip nous invite à vivre ces images avec l’intelligence du cœur, à témoigner nous aussi de notre soif de vivre, une urgence qu’il confie être personnelle, les hommes de sa famille n’ayant depuis des générations pas survécu au-delà de l’âge de 50 ans.

Son travail pose une autre question : cette crise sanitaire et les chamboulements émotionnels qu’elle nous a fait traverser, ne nous aurait-elle pas aussi conduit vers une métamorphose ? Vers un autre nous, resté en silence, que nous pourrions découvrir ?
Christophe Keip a orchestré sa volonté de « donner envie aux gens de se voir dans leur vérité » et souhaite, qu’ils puissent percevoir dans ses photos ce que leur cœur a envie de leur dire. L’enjeu serait d’accéder à l’essence de soi et non à la projection d’une image de celui que nous imaginons être ou celui à qui nous rêverions de ressembler.

521 cris à la face du confinement, 521 états d’âmes, qui nous font du bien parce qu’ils nous invitent à en faire de même : lancer notre cri du cœur pour tout simplement croquer la vie à pleines dents.

Ces cris font partie de notre mémoire collective, inscrivent notre histoire, nos histoires dans un moment de l’histoire de notre planète. Des cris solitaires pour une clameur solidaire.

Texte de Valérie Mallet

Vanessa Suchar Marcus, Commissaire d’exposition

Christophe Keip est un artiste photographe portraitiste qui depuis 30 ans voyage de par le monde pour ses projets artistiques ou sociétaux, dans son studio à Aix en Provence, mais aussi dans une mine d’argent en Bolivie, ou dans un atelier Haute Couture à New-York. Il traque l’Homme dans tous ses états, dans toutes ses intentions, dans toutes ses dimensions, comme le support essentiel de ses nouvelles esquisses. Son parcours artistique croise artisans, comédiens, danseurs, sportifs, créateurs de mode, chefs d’entreprises, chercheurs d’emploi, chercheurs d’amour, familles, bref, les gens !
Ses photographies sont entrées dans de nombreuses collections privées notamment en France, Belgique, Angleterre, États-Unis, Maroc, Slovénie, Espagne et à Tahiti.