Janvier, 2025

François Kenesi

jeu09jan(jan 9)12 h 00 mindim26(jan 26)20 h 00 minFrançois KenesiGalerie La Moulinette, 81, rue Lepic 75018 Paris

Détail de l'événement

Le jeu et le code
Que voit-on ici ? D’abord peu de choses. Le choix de l’abstraction réduit le contenu des œuvres de François Kenesi à quelques formes spectrales difficilement identifiables (les fragments géométriques des séries Planches Contact et Random négatifs, les traces chromatiques de la série Palinopsie) ou à des surfaces minimalistes faiblement expressives (les papiers plus ou moins éclairés des séries Plain et Sans titre). Pourtant, nul silence derrière cette ascèse. Au contraire. C’est précisément parce que ces planches contact, ces pellicules, ces papiers dévoilent peu que notre attention est attirée sur eux et non sur le motif qu’ils représentent. Je ne les vois pleinement qu’à proportion de leur renoncement initial à la figuration. Le médium passe au premier plan, le support devient le sujet.
Ainsi, s’affirme le territoire de cette recherche : au travers de ce qui nous est donné ici à contempler – la planche contact, la pellicule, le papier, mais aussi la lumière, la couleur, le positif et le négatif, le passage du temps… – c’est la photographie elle-même, dans ses différentes composantes formelles, qu’interroge patiemment François Kenesi.
Comment procède-t-il ? Il déconstruit d’abord le langage photographique dans une opération qui vise à en isoler les unités constitutives, qui dès lors s’affirment comme le champ d’exploration de ces séries. En somme, une analyse morphologique de la photographie par elle-même. Puis, une fois ces composantes formelles isolées, il les déplace vers une autre pratique artistique : les Planches Contact deviennent peinture, les pellicules des Random négatifs s’incarnent dans le dessin, le papier, la lumière et le passage du temps de la série Sans titre prennent la forme d’une installation mise en abyme, les couleurs de Palinopsie migrent vers la vidéo.
Cette translation permet à François Kenesi d’expliciter et d’objectiver le code photographique, de le constituer en sujet autonome, d’en faire la ligne d’horizon de son projet artistique. Mais, ne nous méprenons pas : il n’y a rien de systématique, de figé, aucune pesanteur théorique dans sa recherche plastique. A l’inverse, la place du hasard s’y revendique centrale : les fragments géométriques des Planches Contact supposent d’en accepter les aléas optiques, leurs superpositions dans la série Random négatifs ont une origine purement accidentelle, tout comme les volumes imprévus des empilements de papiers de la série Plain. Quant aux compositions colorées de la série Palinopsie, elles doivent tout aux improvisations de la persistance chromatique d’écrans de smartphones. Cette part laissée à l’aléatoire produit un réjouissant pas de côté. C’est, en dernière analyse, ce jeu avec le code que nous donnent à explorer et à savourer ces séries. Encore fallait-il rigoureusement exhumer ce code photographique, puis le déplacer vers un nouveau langage, pour s’offrir finalement la liberté d’en jouer. C’est ce que nous proposent les œuvres de François Kenesi, ressuscitant ainsi ce fameux serio ludere (le jeu sérieux) que se plaisait tant à citer Daniel Arasse.
Patrice Galiana

François Kenesi : serio ludere

François Kénési est un artiste français né à Paris en 1967.
De sa formation à l’architecture et à l’urbanisme, il a conservé un goût immodéré pour la géométrie, l’agencement des espaces et une prise en compte de la localisation des réalisations.
De la pratique de ces métiers, il a conservé un fonctionnement « par projets », ainsi chaque sujet est abordé comme une nouvelle expérience en soi. Chacun est donc unique, mais issu d’un même cheminement.
Son désir de l’image l’a finalement emporté et formé à la photographie, au dessin, à la peinture et aux outils digitaux, il mixe les techniques dans son travail.

« Les œuvres que je réalise sont les témoins d’une quête permanente vers une forme de « chose spirituelle », dans la mesure où je tente de donner forme à une idée aussi bien que de transformer le réel en une œuvre abstraite. Pour me mettre dans les pas des propos de Paul Klee, il me semble que l’art n’a pas à reproduire le visible mais à rendre visible.
Mon intention, qu’elle parte du réel ou qu’elle naisse de mon imagination, consiste à donner naissance à des œuvres sobres, utilisant différentes techniques telles que le dessin, la peinture, les outils numériques, les installations, … sans oublier la photographie qui joue un rôle particulier dans mon cheminement. Ces médias sont là comme des regards différents qui, posés sur un même objet, permettent d’en capter plusieurs points de vue.
Ainsi, comme un randonneur, je voyage léger avec en poche une sorte de couteau suisse qui me permet de faire face à mes interrogations. L’image, au sens de l’œuvre plastique, n’est pas un but en soi, mais un moyen, un prétexte parfois.
Dans mon processus de création, la réflexion est centrale, c’est-à-dire que l’idée, le concept, est fondamental. Ce qui m’importe, c’est la réflexion autour de ce que je fais. Parce que pour moi, nous avons un besoin de nous épanouir, un besoin de nous élever, et l’art peut nous y aider.
L’art conceptuel va tenter d’apporter des éléments de réponse aux interrogations dont déborde notre monde. Cette forme d’art va par exemple aussi s’interroger sur ce qu’est l’art et quel est son rôle. »

Dates

9 Janvier 2025 12 h 00 min - 26 Janvier 2025 20 h 00 min(GMT-11:00)

Galerie La Moulinette

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