Mai, 2024

Florian Ruiz

sam04mai(mai 4)10 h 00 minsam21sep(sep 21)19 h 00 minFlorian RuizLe monde de l’invisibleGalerie SIT DOWN, 4, rue Sainte Anastase 75003 Paris

Détail de l'événement

Dans son travail, Florian Ruiz met à mal une forme de tyrannie du visible et grâce à des superpositions d’images, obtient des vues paysagères faites de perspectives brisées et de palimpsestes visuels qui rejoignent les préceptes de l’esthétique extrême-orientale, où le visible est un état transitoire engendré par le fond indifférencié. Loi d’affaiblir le médium, ces pratiques hétérogènes permettent de vivifier notre lien avec le monde et ses réalités.

Héloïse Conésa (conservatrice du patrimoine responsable de la photographie contemporaine au département des estampes et de la photographie de la BNF)

Le monde de l’invisible

Le monde de l’invisible réunit trois projets photographiques réalisés au Japon portant sur la catastrophe nucléaire de Fukushima, sur les espaces chamaniques et sur la légende d’Onikuma. Dans ce travail, j’ai voulu interroger la représentation du réel et de l’invisible dans la photographie de paysage en invoquant ce qui s’adresse a l’imagination et ce qui s’adresse al’œil. Dans les paysages enneigés des hauteurs de Fukushima, j’ai voulu révéler la présence invisible de la contamination radioactive. Équipé d’un compteur Geiger, j’ai mesuré la radioactivité en Becquerel (Bq), unité qui exprime le nombre de désintégration et de mutation d’atomes à la seconde. Inspiré par l’épure et le dispositif de panneaux des estampes japonaises, par un procédé numérique, j’ai mis en image l’altération de l’atome dans les paysages. Cette déformation du réel, la mutation des paysages rendent perceptible la présence de la radioactivité. Les effets de transparences, les perspectives brisées donnent naissance à des formes en mouvement, un lieu de passage, un monde de l’impermanence. Le chamanisme au Japon, issu des sociétés traditionnelles sibériennes, est encore très présent dans certaines régions, notamment sur l’île d’Hokkaido. Dans cette pensée religieuse fondée sur l’animisme, il existerait ce monde-ci, visible, quotidien, profane, et d’autres mondes, invisibles : le monde des dieux, des esprits, des ancêtres… J’ai photographié ces espaces du sacré chamanique situés dans la nature. Par un procédé numérique, j’ai voulu faire percevoir un monde imperceptible, flottant, indécis qui s’entrelace et se superpose avec le monde réel. Paysages où les formes s’évaporent, où des percées de réels peuvent apparaître, surgir de ce monde en mouvement. Dans la region de Nagano, subsiste la legende d’une creature malefique mi demon (oni) mi ours (kuma). L’Onikuma est un ours gigantesque capable de marcher sur ses pattes arrières comme les humains. Il serait doté d’une force exceptionnelle et pourrait déplacer des rochers que dix hommes réunis ne pourraient pousser. Les légendes disent qu’il descendrait parfois des montagnes la nuit pour enlever dans les villages, les chevaux qu’il devore ensuite dans sa grotte.
Dans ces forets enneigées, j’ai décidé de mener une quête photographique ala recherche de la présence invisible de cet animal mythologique en utilisant des procédés d’imagerie scientifique. A l’aide de superpositions d’images capturées avec les procédés techniques des cameras nocturnes pour saisir de nuit le passage fugace de l’animal et de la vision thermique afin d’enregistrer les ondes de chaleur émises par son corps, j’ai cherche à constituer un paysage qui rend accessible ce que nos yeux ne peuvent voir. Et ainsi rendre possible un dévoilement de l’invisible, une rencontre avec cet animal mythologique. Onikuma nous plonge dans ces forets mystérieuses, dans des paysages aux frontières de l’invisible, de l’imaginaire et de l’irréel. Utilisant des procédés d’imagerie scientifique dans la photographie de paysage, cette approche permet d’appréhender le réel d’une façon inhabituelle, rendant visible d’autres réalités. Dans ce projet, la photographie est un jeu de construction, un lieu d’expérience qui s’affranchit du réalisme et du désir d’imiter les apparences afin de rendre perceptible l’invisible. Dans Le monde de l’invisible, la photographie est un jeu de construction, un lieu d’expérience qui s’affranchit du souci d’imiter l’apparence des choses et de reproduire le monde. Le regard peut se perdre devant ces images, laissant la réflexion en flottement devant un univers parfois impalpable afin de nous interroger sur la rencontre entre le visible et l’invisible. Les photographies de Fukushima portent un titre, celui de la mesure de la contamination radioactive au sol exprimé en becquerels (Bq).
Florian RUIZ

Photo : Série Onikuma, Onikuma #1, 2024 © Florian RUIZ courtesy galerie Sit Down

Dates

4 Mai 2024 10 h 00 min - 21 Septembre 2024 19 h 00 min(GMT-11:00)

Galerie SIT DOWN

4, rue Sainte Anastase 75003 ParisLa galerie est ouverte du mardi au vendredi de 14h à 19h et le samedi de 12h à 19h

Galerie SIT DOWN

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