Juin, 2022

Fever

mer01jui10 h 30 minven29jul(jul 29)18 h 30 minFeverVincent RosenblattGalerie du Passage, 20 Gal Véro-Dodat, 75001 Paris

Détail de l'événement

La galerie du Passage – Pierre Passebon inaugure « Fever » le 1er juin 2022, une rétrospective en 75 photographies du travail de Vincent Rosenblatt au sein des cultures urbaines de Rio de Janeiro et de la région de Belém do Pará, en Amazonie. C’est aussi le lancement en France de son premier livre de photographies : Rio Baile Funk, 200 pages, 17×23 cm, édité par LP Press au Brésil – thème de sa série principale.

Pierre Passebon, collectionneur passionné d’images, a acquis plusieurs photographies de cette série. Certaines sont publiées dans le livre Obsession Masculin, que Pierre Passebon vient de lancer aux Editions Flammarion.

Rio Baile Funk

« Depuis 2005, je dédie beaucoup de nuits aux bailes, au corps à corps avec les funkeiros. Je tente de préserver la mémoire fragile de ces rencontres, de dépeindre l’énergie, les gestes et les désirs d’une certaine jeunesse de Rio de Janeiro, du début du 21e siècle. Attiré irrésistiblement par le son scandé par les murs d’enceintes géants et la crudité des paroles qui ébranlent, à chaque baile, les fondements de la bienséance sociale et l’illusion d’une démocratie raciale brésilienne, j’ai découvert un autre Rio. Très vite, des DJ’s, MC’s et danseurs m’ont emmené de plus en plus loin, dans leurs favelas et périphéries, là où le funk se crée.
En guise de rituel d’accueil, je leur fournis mes premières images – ils les publient sur les premiers réseaux sociaux d’avant Facebook et Instagram, sur les communautés en ligne de chaque baile et favela. Ensuite, j’organisai aussi des projections sur les murs des favelas et de la ville, souvent au sein des bailes, pour valider le travail auprès de ceux que je photographie.

Le funk carioca est un kaléidoscope de rythmes, de rituels, de territoires et d’identités. Mon travail tente de rendre compte des mouvements collectifs, des élans individuels et des détails corporels : les corps des funkeiros comme autant de manifestes de liberté. Qu’il soit guerrier, politique ou sexuel – le funk me touche, surtout quand il repousse les limites de la liberté d’expression. Comme la photographie, qui étend sans cesse le domaine du visible. Que nous autorisons-nous à photographier ? Où nous permettons nous de reconnaître la beauté du monde ?

Les funkeiros ont partagé avec moi la responsabilité et le danger de produire des images de lieux « interdits » de représentation, car stigmatisés par la presse et constamment menacés par la violence d’État. Ils savaient que les plus beaux bals étaient voués à la répression et à la destruction et que cette beauté éphémère devait être documentée.

Ces dernières années, dans un contexte d’interdiction latente des bailes de favelas, une génération de jeunes producteurs noirs a réinventé les nuits de Rio. Dans des clubs populaires, les « fêtes noires » – Batekoo, Yolo Love Party et autres – ont amplifié la révolution du funk carioca: la célébration de l’identité et de la diversité sans discrimination crée, le temps d’une nuit, des espaces-temps sûrs pour vivre et rêver ».

Bate-Bola Rio, Carnaval Secret

Déferlant sur la ville en gangs, des hordes de clowns, improbables croisements entre Arlequin, poupée de chiffon, créatures hybrides de manga japonais, de films hollywoodiens et de guerriers africains terrorisent et font les délices des passants dans les favelas et périphéries de Rio de Janeiro, de la Zone Nord à la Zone Ouest. Les batebola semblent possédés par un esprit : il y a une origine afro-brésilienne dans la corporalité et le mouvement des clowns. Armés de ballons ovales qu’ils frappent au sol, sonnant comme des tirs d’armes à feu renforcés par les salves de feux d’artifices, ce sont parfois des centaines de clowns qui miment l’affrontement en bandes rivales. C’est de là que leur viennent leur nom: BateBola (« frappe-balle », en portugais). Tout dans leur apparence atteint les sens : la juxtaposition audacieuse de couleurs, la fluidité des costumes gonflés par des mètres et des mètres de tissus, les dessins pailletés, peints à la main ou sérigraphiés, le violent parfum à la fraise ou à la vanille dont ils s’aspergent. Le spectacle nous ramène à un état d’émotion primitive, rythmée par le bruit terrifiant qu’ils émettent, allié aux feux d’artifices et aux graves émis par les murs d’enceintes qui pulsent le funk carioca.
Finalement, le désir de coercition de l’État de Rio de Janeiro a complètement échoué dans sa tentative d’anéantir l’essence du désir de Carnaval qui habite ses fonctionnaires. Les miliciens paramilitaires qui dominent un tiers de la ville dans la Zone Ouest de Rio, ainsi que les jeunes employés par les gangs du trafic de drogue – confinés dans les collines et les favelas – veulent eux aussi s’amuser et se vêtir de « bate-bola », après tout ils voient beaucoup de leurs amis d’enfance (qui eux ne sont pas des hors la loi) faire leur Carnaval. Les bate-bola révèlent pendant quatre jours l’irrédentisme des favelas et des quartiers populaires : leur désir de plus d’art dans la vie, le talent et l’explosion créatrice qui est contenue pendant le reste de l’année.

Tecnobrega
Le culte des machines à son

Des idoles de lumières led, de lasers et feux d’artifices, des DJ’s adulés comme des popstars internationales : les aparelhagens – machines montées par leurs DJs, font danser des dizaines de milliers de jeunes amazoniens de l’état brésilien du Pará, dont Belém est la capitale. Depuis des décennies, des familles de la périphérie de Belém font construire leurs « Aparelhagens » – boîtes de nuit ambulantes à l’air de fêtes foraines, transportées par camions d’un bout à l’autre de la ville ou jusqu’aux villages les plus difficiles d’accès de cet est amazonien. Les musique traditionnellement exécutée sont le Funk Carioca, le Brega Funk du Nordeste et la musique née à Belém – la Tecnobrega – évolution de la Brega – souvent stigmatisée par les élites locales, considérée comme un sous-genre musical : Brega est synonyme de « mauvais gout ». Pourtant les « Aparelhagens » ont un public captif, leurs fan-clubs et déplacent les foules de tous âges.

La plupart de ces machines sont construite en bois naval et recouvertes de métal et incrustées de leds dans les ateliers de João do Som, de Marcelo da Projesom, des frères Ronaldo et Rogério de Barcarena ou encore de Grande do Som ou de Valdeci – les cinq grands artistes méconnus qui donnent vie à ces créatures uniques au monde. L’investissement total des plus grandes « machines » peut dépasser le million de dollars, investissement couvert en quelques fêtes, notamment pour le lancement des nouveaux « vaisseaux » de son. Au-delà des aparelhagens les plus célèbres, une infini- té de petites machines locale, transforment les bars les plus déglingués de la périphérie pauvre de la ville et des villages le long du fleuve en lieu d’enchantement collectif. Les tickets d’entrée coûtent de 2 à 6 euros selon les quartiers, souvent moitié prix pour les filles. Les fêtes peuvent réunir de 1000 à 10000 personnes. Des CDs des musiques jouées sont gravés en live pendant la fête, autre source de revenus générés par ce modèle informel mais puissant de production culturelle. Des centaines d’habitants du Pará vivent de cette activité pourtant stigmatisée ou ignorée par les grands médias brésiliens.

Vincent Rosenblatt
Né à Paris en 1972. Vit et travaille à Rio de Janeiro, Brésil. Après des études d’histoire, et de nombreux voyages photographiques en Pologne et en Russie de 1989 à 1997, Vincent Rosenblatt séjourne au Brésil pour la première fois en 1999-2000, grâce á une bourse d’échange Colin-Lefranc de l’École Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Paris (ENSBA) – dont il est diplômé en 2001 – après un cursus au sein de l´Atelier d´Expression Photographique de Lesly Hamilton. A partir du premier séjour à São Paulo et de nombreux retours, il décide de vivre et travailler à Rio de Janeiro. De 2002 à 2008 il développe un atelier photographique «Olhares do Morro dans les hauteurs de la favela Santa Marta, offrant un espace d’expression et de recherche aux jeunes habitants, dont certains se révèlent de vrais auteurs. Olhares do Morro est exposé au siège de l’Unesco à Paris en 2004, aux Rencontres d’Arles et à Art Basel Miami Beach en 2005, en tant qu’institution culturelle et enfin à Stockholm en 2006 et Brasilia en 2007. Parallèlement à son travail de photojournaliste, Vincent Rosenblatt documente depuis 2005 la scène underground des Bailes Funk – le Carnaval méconnu de la zone nord de Rio et la culture périphérique des métropoles brésiliennes, comme à Belém do Pará avec la scène de la Tecnobrega. Il a exposé à la Maison Européenne de la Photographie em 2011, à São Paulo lors de l’exposition « Made by Brazilians » (2014) de la Cidade Matarazzo. Au Musée d’Art (MAR) de Rio de Janeiro lors de l’exposition « Rio, une passion française » et au CACP – Vila Perochon de Niort, en 2015, où il réalise une commande de la ville et du Ministère de la Culture sur la jeunesse (exposition « Wesh – La Brèche »). En 2016, au SESC à Rio de Janeiro; à BLAM Projects à New York; son travail est représenté dans l’exposition « Histórias Afro-Atlanticas » au MASP (Musée d’Art de São Paulo) en 2018 ainsi qu’au Vitra Museum en Allemagne (expo Night Fever) – au Centro Cultural Internacional de Panama City en 2019 (expo « Fiebre Nocturna »). La Galeria da Gavea à Rio de Janeiro a présenté une retrospective de son travail carioca en 2020. En 2022, la galerie de l’Alliance Française de Rio de Janeiro montre son travail sur la jeunesse française et d’autres séries inédites réalisées au Brésil : exposition Insouciance – Jeunesses Transatlantiques– du 14 avril au 17 juillet. Son travail a été publié dans le New York Times, National Geographic, M Le Monde, Gente di Fotografia, Gup, Dummy, Libération, Courrier International, Dagens Næringsliv, Piauí, Der Spiegel, SZ, Neue Zurcher Zeitung, Repubblica Delle Donne, Geo Ado, AfishaMir, Trax – entre autres.

Dates

1 Juin 2022 10 h 30 min - 29 Juillet 2022 18 h 30 min(GMT-11:00)

Lieu

Galerie du Passage

20 Gal Véro-Dodat, 75001 Paris

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