Fabrice Monteiro

Pour sa rentrée artistique et à l’occasion de Brussels Gallery Weekend, didier Claes propose du 9 septembre au 8 novembre un solo show d’un artiste belgo-béninois de grande renommée, Fabrice Monteiro.

Avec un début dans le milieu de la mode, Monteiro décide de passer derrière l’objectif et de raconter ses origines à travers le medium photographique. Son support de prédilection, le portrait, soulève dans chacune de ses séries, une problématique forte liée au continent africain qu’il choisit d’aborder à travers le prisme de l’identité.

Son dernier travail « The 8 Mile Wall » explore les stéréotypes qui se sont construits pendant les périodes de l’esclavage et des colonies. La série est inspirée d’une conversation partagée avec son père alors qu’il était encore enfant, et qu’il prenait conscience d’une réalité de l’époque : en tant qu’homme noir, la seule façon d’être traité avec égard et considération en Europe était de porter un costume trois-pièces. L’artiste choisit enfin de déconstruire ces automatismes de pensée créés par des détails esthétiques, qu’ils soient costumes ou accessoires.

Le titre « The 8 Mile Wall » a été donné en réflexion à un mur de béton à Detroit portant le même intitulé, également appelé Detroit’s Wailing Wall, Berlin Wall ou The Birwood Wall. D’une hauteur de 1.8 m et d’une épaisseur de 30 cm, il s’étend sur 0,80 km au sud de 8 Mile Road à Pembroke Avenue à travers les arrière-cours des maisons le long des rues Birwood et Mendota. Construit en 1941, ce mur avait pour but de séparer physiquement les propriétaires noirs et blancs sur la seule base de la race. Le mur n’était pas particulièrement haut, ni très long, et avait plusieurs rues qui le traversaient. Toutefois, il indiquait clairement que d’un côté les Noirs ne seraient pas les bienvenus pour construire ou vivre. Le mur « 8 Mile Wall » symbolise les barrières psychologiques qui ont sciemment été créées depuis l’esclavage pour inciter à la diérence par la couleur.

Son travail cultive la projection du « double regard » à travers lequel l’artiste transpose l’héritage complexe de son histoire et de ses gènes. Ainsi à travers ces images, on ressent les relations entre l’Afrique et l’Europe qui n’ont cessé d’osciller entre curiosité et rejet, responsabilisation et déni, reconnaissance et colère. L’enjeu de la photographie de Fabrice Monteiro est non seulement de déconstruire les stéréotypes de l’image « noir » qui ont longtemps occupé nos médias mais surtout d’en proposer une nouvelle qui déstabilise le spectateur. Ici, « le «blackface» ne rit plus de toutes ses dents en roulant des billes. Il s’exhibe dignement en symbole de l’oppression mentale comme un appel à la raison, une mise au défi de rompre définitivement avec la diérence, « l’infériorisation » de son prochain. »

À PROPOS DE FABRICE MONTEIRO

Né en 1972 à Namur, en Belgique, Fabrice Monteiro est le fils d’un père béninois et d’une mère belge, il grandit au Bénin. Après des études d’ingénieur industriel, il débute une carrière dans la mode, l’occasion pour lui d’un premier contact avec le medium photographique. Passé derrière l’objectif, ses premières expériences se feront naturellement dans l’univers de la mode mais très rapidement, il décide de raconter autre chose. Les photos de Fabrice Monteiro se situent à la jonction du photojournalisme, de la photographie de mode et du tableau vivant. Fabrice vit et travaille à Dakar.

Photo : Pitit noir. 120×120. serie The 8 Mile Wall © FABRICE MONTEIRO © didier Claes Gallery