Eric Bottero

Boites de conserves, gobelets, fils de fer, papiers journaux, sacs en plastique… Ces déchets sont devenus, grâce à l’imaginaire du styliste-costumier Béninois Prince Toffa, des textiles des broderies, des tissages, pour des manteaux de cour ou de longues jupes à traines. Toute une philosophie post-moderne de récupération et recyclage de matériaux délaissés, qui embrasse la symbolique de la pierre philosophale, une alchimie qui conduit à muter le déchet vers le précieux, et en extraire la beauté. Lorsqu’Éric Bottero découvre, à Cotonou, les oeuvres de Prince Toffa, il n’a qu’une idée en tête : mettre sa pratique de la photo de mode au service de l’expression ethnique et mystique. Mais Prince Toffa ne se contente pas de créer des tenues époustouflantes et oniriques, il les fait porter à des mannequins ou s’en pare lui-même dans des performances pour raconter l’histoire de sa culture, pour nous plonger dans le grand bain de l’animisme et nous faire côtoyer les divinités du vaudou.

Né à Paris en 1968 Eric Bottero démarre sa carrière de photographe à l’aube des années 1990. Il fait ses premières armes pour différents clients dans les domaines du textile et l’accessoire vestimentaire. Ces travaux le conduisent à travailler comme photographe de mode, pour la presse et la publicité.
A la fin des années 1990, Eric Bottero se tourne vers la photo expérimentale et commence à en explorer différents aspects. Commence alors pour le photographe, une carrière sur la scène artistique qu’il mène en parallèle à celle commerciale de la mode. Il travaille notamment sur le support du négatif couleur. Il rehausse à la main ses négatifs à l’aide d’encres, de pigments et de gravures. Il s’attaque également au tirage photographique lui-même, en le rehaussant aussi de peintures et de gravures.
Invité au Bénin en résidence d’artistes au Centre d’Art de Cotonou en 2017, il s’imprègne de la culture vodou et confirme son amour pour l’Afrique. Il retourne à Cotonou en janvier 2019 et initie une série de portraits du performeur Prince Toffa en compagnie de modèles féminins habillés de ses réalisations faites de matériaux de récupération. Depuis 2019 et jusqu’en 2021, plusieurs expositions voient le jour autour de cette collaboration avec l’artiste béninois.
Mais déjà l’artiste explore de nouvelles voies. Les productions se font de plus en plus en extérieur. Il se rapproche de la nature et s’engage sur un travail où la forêt devient le sujet central d’une série de triptyques. Une fois de plus, la technique va être mise à l’épreuve.
C’est le début des impressions sur feuilles d’or et des finitions à l’émail à froid.