Entre rêve et réalité : l’univers d’Irène Jonas

A l’occasion de la parution aux Éditions de Juillet du nouveau livre d’Irène Jonas, Bouquinistes de Paris – Les derniers mohicans, José Nicolas propose à l’Atelier/Galerie Taylor-Paris une exposition consacrée à la photographe, dont il soutient le travail depuis 2021, et une signature de son nouvel ouvrage.

Des tirages de cette série, jamais exposée, seront accompagnés de photographies peintes qui feront voyager collectionneurs et amateurs des rives de la Baltique jusqu’à la Russie, d’Istanbul à Rio, de plages bretonnes aux fêtes foraines. Irène Jonas est photographe et sociologue. Elle témoigne de nos sociétés dans ses textes et ses études et y adjoint une photographie libre, qui s’éloigne du documentaire, mais toujours encrée dans une réalité, ou dans l’archéologie d’une réalité, de son souvenir, de ces traces, impressions, couleurs et émotions qui restent en mémoire.

Avant la pandémie, elle a cheminé sur les quais parisiens de la Seine jusqu’à sa rencontre avec un petit groupe de bouquinistes du quai de la Tournelle. Résistants face à la vague numérique de l’édition, à sa dématérialisation, ces ardeurs défenseurs des livres ont accepté Irène Jonas dans leur univers. Ils lui ont permis d’être le témoin privilégié de leur commerce, de la passion qui les anime et du lien qu’ils créent et entretiennent avec les lecteurs, les collectionneurs, mais aussi les simples passants ou touristes. Alors que leur existence professionnelle a été plus que menacée par l’organisation des Jeux Olympiques – pour partie – sur la Seine, elle a poursuivi et achevé son travail toujours en lien avec eux. Elle a saisi, au fil des saisons, les différentes étapes qui jalonnent les journées des bouquinistes, de la collecte des livres aux échanges avec les clients et jusqu’à la vente. Sans oublier l’attente, la solitude, les heures creuses, la proximité du trafic automobile et le décor « carte postale » de la Seine en arrière-plan, des monuments historiques parisiens. Irène Jonas fixe également la chorégraphie des corps des clients dans leurs attitudes de lecture ou de recherche d’un titre dans les boîtes, voire dans la fébrilité de tenir entre leurs mains un ouvrage désiré ou de découvrir un auteur au hasard de leur déambulation.

Son écriture photographique place les bouquinistes, leurs clients, les boîtes qui abritent leurs trésors, et plus généralement l’atmosphère même de ces quais de la Seine, dans un hors-temps, suspendu entre idéal et réalité. Le grain de ses images nimbe ce peuple des quais parisiens d’une aura onirique, d’une poésie que l’on sent fragile. Une manière de témoignage et d’alerte. Une éternité volatile. Un récit fictionnel accompagne les images, s’inspirant des entretiens qu’elle a réalisés auprès des bouquinistes et de leurs acheteurs.

Fidèle à sa fiction documentaire, Irène Jonas brosse à sa manière le portrait de ces acteurs incontournables de la vie culturelle et patrimoniale parisienne.

Photo : « Bouquinistes de Paris » © Irène Jonas – agence révélateur, courtesy Atelier/Galerie Taylor, Paris