Juin, 2023

En Creux

sam24jui(jui 24)13 h 00 mindim17sep(sep 17)17 h 00 minEn CreuxCommande photographique sur le Bassin minierCRP/ Centre régional de la photographie Hauts-de-France, Place des Nations 59282 Douchy-les-Mines

Détail de l'événement

«En Creux» est l’aboutissement du travail des quatre artistes lauréats de la commande photographique lancée en 2022 à l’occasion des 40 ans du CRP/. Durant un an, Clément Brugger, Isabella Hin, Hideyuki Ishibashi et Apolline Lamoril ont éprouvé le territoire et ses stigmates. Optant pour différents aspects emblématiques du Bassin Minier, chacun d’eux a su traiter par des formes innovantes et expérimentales, l’histoire des lieux et celle des hommes.

Avec : Clément Brugger, Isabella Hin, Hideyuki Ishibashi, Apolline Lamoril

En creux, un projet artistique et collectif


Genèse

L’année de ses 40 ans, en 2022, le CRP/ a renoué avec un élément fort de son ADN, la commande photographique de territoire. Dans la lignée de la Mission Photographique Transmanche, portée par le CRP/ entre 1986 et 2006, autour de l’ouverture du Tunnel sous la Manche, ce nouveau projet réunit deux des missions cadres du centre d’art : soutenir la création contemporaine et s’ancrer au territoire.
Soutenu par la DRAC Hauts-de-France, le projet de commande a rapidement ciblé son intention et conclu un partenariat important avec la Mission Bassin minier. Le CRP/ implanté à Douchy-les-Mines depuis 1986 se trouve en effet au coeur du Bassin minier. Ce territoire est profondément déterminé par son histoire, son paysage, son évolution et ses habitants. Il est alors apparu comme un sujet évident, stimulant et ouvert pour les artistes.
La Mission Bassin minier est un organisme qui a vocation à appuyer la mise en oeuvre d’un programme global de restructuration urbaine, sociale, économique et écologique du Bassin minier. L’an passé, elle célébrait les dix ans de sa prestigieuse inscription sur la Liste du patrimoine mondial de l’UNESCO. En plus de se rapprocher sur des enjeux et questionnements communs, le CRP/ et la Mission Bassin minier se sont retrouvés sur la simultanéité de ces célébrations et sur la volonté de marquer le coup pour ce double anniversaire.

Le territoire comme sujet
Le Bassin minier se définit aujourd’hui en tant que “paysage culturel”. Ce territoire autrefois rural, s’étirant de la frontière belge à l’est, aux collines de l’Artois à l’ouest, est jalonné de trésors techniques et architecturaux issus de trois siècles d’exploitation du charbon. D’est en ouest, sur 120 km, le Bassin minier se décline sous de multiples aspects, son patrimoine et ses paysages ne sont jamais les mêmes. Pour représenter au mieux toutes ces richesses et cette diversité, le périmètre inscrit au Patrimoine mondial inclut 353 éléments patrimoniaux et 4 000 hectares de paysage, de Condé-sur-l’Escaut à Enquin-lez-Guinegatte.
Parmi ces éléments figurent les terrils et les chevalements, véritables repères dans le paysage du Bassin minier. A leurs côtés, d’autres éléments sont tout aussi représentatifs : des fosses d’extraction, des voies ferrées, des sièges de compagnies, des cités minières, ainsi que des équipements collectifs (églises, écoles, salles des fêtes, dispensaires,…). Ces derniers témoignent de la prise en charge des mineurs et de leurs familles, par les compagnies “du berceau à la tombe”.
Cet espace déterminé par la commande a offert d’innombrables portes d’entrée aux lauréats. Chacun d’eux s’est saisit de la sienne pour raconter le Bassin minier, un territoire qui permet de lire aujourd’hui encore l’histoire de ces trois derniers siècles.

Déroulement
La sélection des lauréats s’est effectuée grâce à un appel à projet largement relayé qui a permis d’identifier de nombreux nouveaux profils, tous mus par un intérêt pour le sujet. Près de 20% des candidats internationaux prouvent que la diffusion de l’appel s’est étendue au-delà des frontières. Un autre segment de 20% concernant des candidats originaires ou résidants dans les Hauts-de-France, indique la vitalité artistique de la région. Sur les 148 dossiers réceptionnés, quatre ont été distingués par un jury hétéroclite composé de personnalités du monde de l’art et de la photographie.

Attentes et enjeux
En proposant non pas un thème mais un territoire comme sujet, la commande réunit différentes attentes du centre d’art dont les principales sont :
≥ Initier des créations et accompagner des processus expérimentaux.
L’exposition reflète bien d’ailleurs la volonté clairement mentionnée dès l’appel, d’initier des démarches innovantes où la technique ou le traitement reposent sur l’expérimentation.
≥ Nouer avec des artistes n’ayant jamais collaboré avec le CRP/ et créer les conditions de leur présence dans la région.
≥ Questionner le territoire et le représenter dans toute sa diversité.
≥ Restituer leurs travaux au sein d’une exposition temporaire dans un premier temps présentée au CRP/ puis dans d’autres lieux partageant les mêmes questionnements.
≥ Enrichir les collections du CRP/ par de nouvelles productions autour du Bassin minier, thème récurrent dans le fonds, principalement représenté de façon relativement classique avec des tirages argentiques noir et blanc des années 1970-1980 livrant une version réaliste et nostalgique du territoire.
Alors que l’appel ne mentionnait pas de limite d’âge, force est de constater que les quatre lauréats sont trentenaires et plutôt émergents dans le milieu de l’art.
Cela souligne l’intérêt permanent du centre d’art pour la jeune création.
On peut noter aussi que deux d’entre eux ont été formés au Fresnoy-Studio national des arts contemporains, à Tourcoing, ce qui atteste de la qualité de cette école située en Hauts-de-France, l’une des formations artistiques les plus pointues de notre territoire.

Des approches complémentaires
Les profils des lauréats tout autant que leurs intentions se sont révélés très complémentaires. Tous ont entrepris des recherches prenant source dans le Bassin minier en pointant certains aspects emblématiques avant de recouvrir un prisme bien plus large en s’affranchissant du territoire délimité. Et tous ont creusé l’histoire et se sont beaucoup tournés vers le passé.
Clément Brugger remonte à l’élément originel qui, il y a plus de 300 millions d’années, dans l’ère Carbonifère engendrait la formation des veines de charbon : le bois. Il développe un type de gravure laser et recourt ainsi à la technique qui permit en amont de la photographie, de produire l’un des plus vastes accroissements de la diffusion d’images au XIXème siècle.
Dans une démarche empirique, Hideyuki Ishibashi interroge le paysage par l’expérience du procédé photographique et de la couleur. Il met en avant la richesse du végétal sur les terrils et renouvèle les formes de représentation de cet espace métaphorique.
C’est l’homme au travail qu’Isabella Hin a retenu de son exploration dans le Bassin minier. En se focalisant sur le vêtement comme allégorie du mineur, elle explore le bleu et ses déclinaisons en tant que couleur sociale dans un rapport d’échelle inversée et nourri de multiples références à l’art contemporain.
Apolline Lamoril, quant à elle, s’est saisie de la référence populaire ultime et aborde le supporterisme dans le football, dans une approche à la croisée de l’enquête et de l’archive. Elle utilise le R.C. Lens et la ferveur qu’il engendre comme des éléments constitutifs de mythes qui font écho à une histoire ouvrière et minière spécifique à la région.
Ensemble, ils livrent des réflexions techniques, historiques, écologiques, sociétales, artistiques et questionnent en creux notre rapport à notre histoire, au paysage, à la nature, au travail ou à la culture. L’exposition donne à voir une forme d’unité entre ces travaux et les fait aussi s’entrechoquer, se confronter ou dialoguer dans un même espace.

L’issue
Peut-on considérer que la commande a rempli sa mission, répondu aux attentes effectives du centre d’art ou plus sous-jacentes d’un territoire lassé parfois de subir son image poussiéreuse ? L’exposition «En Creux» et la rencontre avec le public apporteront les meilleures réponses. Comme l’écrivait le critique d’art Régis Durand : « Il n’y aura véritablement de réponse que lorsque le destinataire (lecteur ou spectateur) se trouvera confronté à elles – les oeuvres -, sommé de les rejeter ou de se les approprier. Cette implication du spectateur, qui figure ici métonymiquement l’auteur de la commande, n’est pas clause vaine. Il y a obligation d’assumer sa position sur la manière dont une commande a été remplie, c’est à dire d’entendre en écho ce qui nous revient de notre propre demande. Retour en écho, en miroir, de la responsabilité qui fut prise, lorsque commande fut passée de révéler, d’inventer le territoire». 1
Audrey Hoareau, directrice du CRP/

Directrice artistique de la commande «En Creux» et Commissaire de l’exposition

Photo : Chromophore, Terril 175, Sabatier Nord, Raismes © Hideyuki Ishibashi, Commande du CRP/ Centre régional de la photographie Hauts-de-France, 2023

Dates

24 Juin 2023 13 h 00 min - 17 Septembre 2023 17 h 00 min(GMT-11:00)

CRP/ Centre régional de la photographie Hauts-de-France

Place des Nations 59282 Douchy-les-MinesEntrée libre Ouverture de la Galerie Mardi … vendredi / 13:00 … 17:00 Samedi, dimanche, jours fériés / 14:00 … 18:00 (galerie fermée le lundi)

CRP/ Centre régional de la photographie Hauts-de-France

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