Deidi von Schaewen

Photographies de Deidi von Schaewen, Paris, avec des installations du Design Village, New Delhi

Photographe et cinéaste basée à Paris, Deidi von Schaewen travaille généralement pendant plusieurs années sur des séries de motifs à partir desquels elle développe « des typologies inattendues qui révèlent la créativité illimitée des hommes « *. Plusieurs de ces séries ont été et sont toujours réalisées en Inde, pays qu’elle parcourt depuis plus de trente ans, fascinée par la vie quotidienne dans les campagnes et les villes : Cabanes dans les bidonvilles de Bombay, peintures murales des femmes de Hazaribagh, intérieurs de nobles maisons et, surtout, lieux de culte dédiés aux dieux de la nature : bosquets et arbres sacrés.

Les arbres sacrés de l’Inde sont largement répandus dans le sous-continent et appartiennent à différentes cultures et religions, en particulier à l’hindouisme, au bouddhisme et aux conceptions animistes des peuples indigènes, qui leur attribuent chacun leur propre signification. Les sites se trouvent dans les endroits les plus divers, mais à peine explorés ou même cartographiés, ils sont difficiles à trouver pour celui qui les cherche.

Les archives de la photographe comprennent aujourd’hui près de 1000 photos d’arbres qui témoignent d’un art populaire toujours vivant et très imaginatif. Il s’agit de portraits de situations dans lesquelles le lieu et le culte ainsi que l’homme et la plante forment un lien intime : de véritables installations artistiques ou environnements nés du processus de création collective des croyants avec l’arbre, de rituels avec des décorations et des objets de dévotion colorés et, enfin et surtout, de la force d’expression plastique des arbres eux-mêmes.

Les cultures européennes connaissent également la décoration rituelle des arbres, qui remonte à des cultes bien plus anciens, préchrétiens, des Celtes et des Germains. Eux aussi vénéraient des arbres et des bosquets particuliers comme des êtres et des lieux sacrés, où l’on célébrait ce respect fondamental de la nature qui est à la base de toute culture.

Les trente-cinq photos, pour la plupart de grand format, présentées dans cette exposition au château de Boisbuchet, sont accompagnées de deux installations réalisées spécialement pour l’occasion par des étudiants du Design Village de New Delhi : des objets de la vie quotidienne indienne sous les arbres. Enfin, deux films réalisés par Deidi von Schaewen sur la cérémonie rituelle célébrée tous les douze ans en l’honneur de l’ermite forestier Bahubali à Shranavabelgola, dans l’État du Karnataka, clôturent l’exposition.

Les « arbres sacrés de l’Inde » sont au centre d’une série d’événements organisés cette année en l’honneur des arbres et des forêts. Le nom « Boisbuchet », que certains interprètent comme un bûcher pour brûler les sorcières, mais que d’autres traduisent simplement par « forêt de broussailles », justifie à lui seul le thème. Mais la raison en est la forêt en tant que telle, omniprésente à Boisbuchet comme source d’énergie et de matériaux pour le travail, comme source d’inspiration pour des expériences créatives et comme lieu de repos, et même dans un cimetière forestier caché.

L’exposition, qui s’étend sur 150 m² dans le château du Domaine de Boisbuchet se termine le 18 septembre, dernier jour des Journées du patrimoine 2022, intitulées « Patrimoine durable ».