Mars, 2025

Cyril Becquart

jeu27mar(mar 27)10 h 00 minmer30avr(avr 30)18 h 30 minCyril BecquartLa ValléeLabo Photo Rétine, 85 rue d’Italie 13006 Marseille

Détail de l'événement

Il y a quelques années, j’ai été amené à investir un petit cabanon de pierre, perdu, tout au fond d’un vallon, au coeur de la forêt des Maures. J’y ai passé du temps, souvent seul.
J’alternais entre l’explorateur, le bucheron, le bâtisseur… L’esprit de l’ancien propriétaire planait autour de moi. D’une ruine, à la seule force de ses bras, il avait reconstruit le cabanon originel. Après son décès, la nature a repris ses droits. Pourtant je voyais les marques de ses coups de pioches dans le sol, ses traits de scie sur les troncs, l’empreinte de ses mains sur les pierres qu’il avait déplacées. J’étais dès lors investi d’une mission, poursuivre son oeuvre.

En explorant la forêt, j’ai découvert des traces plus anciennes encore. Des bouts de murs, des restanques, les vestiges d’une mine, l’histoire d’un autre temps. Le passé était prégnant. Un passé enfoui, ligoté de racines. Je vivais avec des fantômes qui me parlaient postérité, traces, héritage et… oubli. Et si j’entassais quelques pierres, et si moi aussi, j’édifiais un mur, il pourrait être là, encore, dans plusieurs centaines d’années. Ce serait ma pyramide. L’éternité et toute sa vacuité.

Au cours de mes séjours, à chaque instant, je ressentais la puissance de la nature. L’énergie de la forêt dans laquelle je baignais, la force qu’elle me transmettait, pour peu que je m’arrête quelques minutes pour l’observer. Je devinais le monde caché des animaux qui l’habitaient. Je les entendais mais ne les surprenais que rarement. Ils étaient là, autour de moi. Nous vivions côte à côte, sans nous effleurer. Depuis peu, il y a le loup. Je sais qu’il me surveille.

J’ai levé les yeux vers les étoiles. Cherché une autre forêt par delà les galaxies. J’ai scruté le ciel en attendant la pluie. J’ai constaté le combat des châtaigniers face à la sécheresse. J’ai observé le monde miniature des insectes, leur travail acharné pour maintenir ce monde en équilibre. J’ai perçu le lien qui nous unissait tous. La forêt était notre passé, mais aussi notre futur.

Il y a une dimension mystique à cette force. Les hommes ne s’y sont pas trompés. La forêt a partout été perçue comme un refuge pour les ancêtres, les divinités, l’au-delà. Lors de précédents voyage, en Chine, en Inde, au Bénin, ou en Amérique du Sud, j’ai systématiquement retrouvé ce lien au sacré.
Et ce bout de forêt ne déroge pas à la règle. Que ce soit sous la forme d’une vierge miraculeuse, d’une source sainte, ou d’un menhir. Ou d’une phrase mystérieuse que je retrouve, comme un mantra, gravée à de multiples endroits : « La beauté de ces lieux fait oublier les peines de la route »

Du fond de ma vallée, j’ai eu la tentation de la fuite. La forêt refuge, pour me dissimuler, comme enfant, lors des longues parties de cache-cache que j’aimais tant. Comme adulte, pour échapper à la fureur du monde. J’ai revu ces images d’ermites, d’hommes isolés de tout, dans une grotte sur les pentes de l’Himalaya, dans une cabane au bord du lac Baïkal, ou dans une forêts de l’Ouest américain.
La forêt était une ile dont je pouvais être le naufragé volontaire. Et cette question qui me poursuit. Est-il possible de photographier tous ces fantômes ?

Cyril Becquart

Série démarrée en 2020.
Prises de vues à la chambre 4×5″
Plan films Noir et blanc
Tirages argentiques barytés – papier bergger
Tirages pigmentaires – papier Fine Art Hahnemühle Photo Rag Baryta 315 gsm

Dates

27 Mars 2025 10 h 00 min - 30 Avril 2025 18 h 30 min(GMT+00:00)

Lieu

Labo Photo Rétine

85 rue d’Italie 13006 Marseille

Other Events

Get Directions