Courte Vie Pleine

Les Ateliers Médicis présentent cet été – dans le cadre du festival L’Été des Ateliers : Courte Vie Pleine, exposition de photographies monumentales d’Aristide Barraud présentée dans les rues de Clichy-sous-Bois et Montfermeil : du 18 juin au 30 juillet. Avec Courte Vie Pleine, Aristide Barraud rend à la ville et aux habitants de Clichy-sous-Bois/Montfermeil les images et sensations qu’il a su en capter durant les mois qui ont précédé la disparition du Bâtiment 5 de la cité des Bosquets à Montfermeil. Écrivain, ancien joueur de Rugby, Aristide Barraud est également photographe et vidéaste : il met en miroir son cheminement intérieur avec celui du quartier des Bosquets à Montfermeil. L’exposition est composée de grands tirages photographiques collés sur les façades d’immeubles, palissades de chantiers, murs des Ateliers Médicis, complétés par un affichage dans le Nord de Paris et par une web-série en trois parties réalisée avec Dogukan Tur et Murat Arslan, deux enfants des Bosquets issus comme lui de l’école Kourtrajmé.

Bâtiment B5 de la cité des Bosquets, là où les tours tombent

J’ai rencontré le Bâtiment 5 de la cité des Bosquets à Montfermeil, lors de mon entrée à l’école Kourtrajmé dans la section « Art & Image » de l’artiste JR.
J’ai investi le chantier, habitué les gens à ma présence, photographié les derniers signes de vie sur les murs et tenté de comprendre. J’ai passé du temps avec des garçons de mon âge travaillant dans le froid et la canicule, détruisant les murs à la masse, jetant les meubles dans des bennes à travers les fenêtres ouvertes aux quatre vents.
Certains d’entre eux ont grandi dans la tour qu’ils détruisaient peu à peu. Je les ai écoutés me parler de leur lien avec le B5 et je les ai photographiés dans leurs anciens appartements. Autour de nous les papiers peints rappelaient la vie passée. Et plus tard dans les nuits d’été, nous sommes revenus coller ces images et écrit sur les murs.
Puis en octobre 2020, la grande faucheuse est arrivée et le bâtiment a été grignotés, peu à peu, les mots et les photos s’envolant en poussière après quelques mois d’existence. Et avec eux, les restes de cette parenthèse de ma vie remplie par la destruction, entamée par les blessures subies lors des attentats du 13 Novembre 2015 alors que j’étais joueur de rugby professionnel en première division italienne.
J’ai mis un terme à ce chapitre de ma vie, sur le toit du Bâtiment 5, au milieu d’un chantier de démolition.

Aristide Barraud

Né à Saint-Cloud, ancien joueur de rugby professionnel en France et en Italie. Il publie son premier livre “Mais ne sombre pas” aux éditions du Seuil à l’arrêt de sa carrière en 2016. Déjà animé par la poésie, la vidéo et la photographie depuis son plus jeune âge, il est choisi en janvier 2020 par JR pour faire partie de la première promotion de l’école Kourtrajmé « Art & Image ». Diplômé en Histoire et en cinéma à La Sorbonne, il situe son travail photographique, d’écriture et de peinture entre ce qui disparait et ce qui demeure, comme le suggère le sujet de sa première exposition en juillet 2020 sur son travail autour de la destruction du dernier bâtiment de la cité des Bosquets à Montfermeil, dans le cadre d’une résidence aux Ateliers Médicis. Il a exposé en septembre 2020 au Palais de Tokyo un nouveau travail pour l’exposition “Jusqu’ici tout va bien” sur les vingt-cinq ans du film La Haine. Il est actuellement en résidence aux Ateliers Médicis.