Christophe Moëc

Photoreportage réalisé dans les Hautes-Terres, en Papouasie-Nouvelle-Guinée. L’image de ce pays d’Océanie est souvent déformée par rapport à la réalité. Les idées reçues proviennent en majorité de festivals culturels et ethniques qui ont le vent en poupe, comme le Goroka Show ou le Mount Hagen Cultural Show, tous deux situés dans cette même région des Highlands.

Ces festivals sont nés après la seconde guerre mondiale à l’initiative des premiers colons européens dans un esprit de créer un espace de dialogue et de réconciliation entre les différents clans ethniques antagonistes. Au fil du temps, ces événements sont devenus de gigantesques attractions touristiques avec la complicité actives des autochtones, non pas seulement pour la manne financière qu’ils représentent, mais en tant que vecteur d’affirmation identitaire en puisant dans leurs traditions anciennes qui disparaissent face à la mondialisation.

Cependant, l’image de la Papouasie-Nouvelle-Guinée du 21e siècle, pays du Commonwealth, ne saurait se résumer à ces exhibitions folkloriques. Ainsi, l’originalité de la démarche de Christophe Moëc a consisté à se rendre à mi-chemin entre Mount Hagen (capitale des Hautes-Terres occidentales) et Goroka (capitale des Hautes-Terres orientales), dans la province reculée de Simbu où il n’y a plus d’aéroport faute de maintenance, afin de rapporter des images de la vie quotidienne avec réalisme dans l’esprit photojournalisme.

La province de Simbu équivaut à la moitié de l’Ile-de-France en surface pour 404.000 habitants (66 habitants/km2). La capitale Kundiawa compte 12.000 habitants. Terre montagneuse, possédant peu de ressources naturelles (mis à part le café) et très peu de tourisme. Les habitants de Simbu ont un caractère bien trempé, ils sont dynamiques et tournés vers l’extérieur. Simbu représente la première source de main-d’oeuvre du pays.

Ses photos de Simbu sont prises en milieu rural, donc avec un certain côté rustique naturellement et si elles déconstruisent les stéréotypes habituels ce n’est pas tant par l’absence de « pittoresque » que par la recherche d’authenticité.

« Simbu est une terre indomptable au sens où la nature dicte sa loi. Survivre est la norme, il n’y a pas de place pour la mollesse et dans ce milieu hostile les habitants se sont forgé un tempérament hors du commun. »

Christophe Moëc est un photographe français spécialiste du portrait pris sur le vif où le visage humain est saisi dans son environnement naturel, il perpétue la tradition argentique, photographie 35 mn et moyen format. Du 5 avril au 30 mai 2023, l’espace Andrée Chedid à Issy-les-Moulineaux (Hauts-de-Seine) lui consacre une exposition sur la Papouasie-Nouvelle-Guinée (en couleur et en noir et blanc, sur deux salles), dans le cadre d’un cycle consacré à la Nature.