Juin, 2024

Bernard Plossu

ven07jui(jui 7)12 h 00 minsam27jul(jul 27)19 h 00 minBernard PlossuRétrospectiveGalerie Camera Obscura, 268 Boulevard Raspail 75014 Paris

Détail de l'événement

Enfin ! L’oeuvre de Bernard Plossu, une somme, un regard, une écriture qui apparaît dans les années soixante-dix comme une nouvelle vague dans la photographie française et qui a inspiré une génération de photographes, cette oeuvre fait enfin l’objet d’un Photo Poche.

Nous sommes heureux, à l’occasion de cette parution, de présenter une exposition rétrospective qui retrace soixante ans d’images en une soixantaine de photographies.

Il s’agit de donner à voir ce qui fait le style singulier et remarquablement constant de Bernard Plossu depuis ses débuts (Voyage mexicain : 1965-1966) : une photographie libre et expérimentale, ouverte à une perception immédiate de la vie, intuitive et spontanée, mais aussi sous-tendue par un formalisme que Plossu aime à qualifier de « cubiste ».

Bernard Plossu, photographe du voyage, de la marche à pied, du hasard photographique, de l’imprévu et de l’entrevu, est en effet un photographe de la forme, sensible aux lignes de force, aux équilibres de masses, qu’il manie en acrobate, sur le fil dynamique d’un regard toujours en chasse.

Autre caractéristique primordiale de son travail : le refus de l’effet. Plossu le décrit souvent d’un mot, understatement : l’art de ne pas en faire trop, la subtilité.

Banissant les effets de perspective, il se limite strictement au 50 mm, proche de la vision naturelle de l’oeil.

Et, lorsqu’il photographie en couleur, il tire en «Fresson », dont les couleurs sourdes, le contraste et le grain s’accordent à son travail noir et blanc et à son principe de l’image « anti-spectaculaire ».

« Rares sont les photographes qui ont suscité presque spontanément leur légende, mais comme toute légende celle-ci s’est effectuée au prix d’une simplification. Auteur d’une écriture photographique, Bernard Plossu est allé glaner des images dans les franges du réel où les photographes n’allaient pas, ou peu… des photographies imparfaites du point de vue d’une certaine orthodoxie, tremblées, bougées, sombres ou surexposées, mais traductions fidèles d’une expérience.

De fait, Bernard Plossu a fait école et inspiré beaucoup de photographes, qui n’ont pas toujours vu que cet abandon à l’expérience reposait en réalité sur une vision extrêmement maîtrisée et structurée. »

Christophe Berthoud – L’abstraction invisible. Bernard Plossu (Textuel, 2013) Si elle est proche de la vie, la photographie de Plossu est tout sauf sentimentale.
La part de formalisme est déterminante dans un regard influencé autant par la peinture de Mondrian que par celle de Corot.

Plossu revient longuement dans ses entretiens avec Christophe Berthoud sur la primeur de la forme dans sa pratique photographique. C’est en effet une attirance et une perception intuitive, fulgurante, de l’équilibre des lignes et des masses qui produit chez lui le désir d’image. D’où cette idée d’une abstraction invisible qui sous-tend et structure tout son travail.

« Je vois d’abord un agencement de formes, soit des lignes abstraites, soit un objet majeur et centre d’attraction ». Mais il ajoute : « quand le formalisme est juste, le contenu apparaît ».

Couleur Fresson

En 1967, la rencontre avec la famille Fresson, dépositaire de la technique de tirage pigmentaire (« charbon ») qui porte leur nom, va déterminer toute la suite du travail couleur de Plossu. Les tirages couleur Fresson seront beaucoup montrés au début de sa carrière aux Etats-Unis, avant de subir une éclipse. Ces dernières années, plusieurs livres et expositions leur ont été consacrés et ont mis en lumière cette partie de son oeuvre. Plossu aprécie la douceur charnelle, le rendu des Fressons, leur couleur non standardisée, aléatoire et vivante, soumise aux aléas et au tour de main de chacune des trois générations de Fresson (Pierre, Michel, Jean-François) qui se sont succédées depuis le début de leur collaboration.

« Leurs tirages ont du grain, ils sont mats, comme les photos en noir et blanc…Le grain donne une ambiance proche des photos faites au Tri-X, le côté mat est anti-spectaculaire et ça me plait. Les Fressons atténuent délicatement la violence de toute lumière excessive. »

Selon Bernard Plossu (né en 1945), l’acte photographique est lié à l’expérience de la marche pendant des heures, à la sensation du sol sous les pieds, à la température de l’air, à la lumière, aux odeurs et aux sons. Pour lui, la photographie, avant d’être un langage, est un mouvement du corps. Il photographie à l’intuition, capture les instants de grâce et ses paysages intermédiaires, témoignant d’un sens de l’émerveillement unique, du Mexique aux États-Unis, de l’Afrique à l’Europe.

Photo : Carmel, Californie, 1974 – Tirage charbon Fresson

Dates

7 Juin 2024 12 h 00 min - 27 Juillet 2024 19 h 00 min(GMT-11:00)

Get Directions