Baumann Collections

Le 11 juin, un vernissage-performance-spectacle viendra inaugurer une installation de plus de 300 photos sur 300 m2 des salons de la médiathèque de Fontenay-aux-Roses.
Une conférence de l’écrivain Pacôme Thiellement sur le travail du photographe sera suivie d’une improvisation au piano par le jeune metteur en scène/musicien Bryan Chenna et de la projection d’essais documentaires d’Arnaud Baumann.
Des ateliers d’écriture sur les photographies viendront accompagner l’exposition dans sa durée.

Arnaud Baumann aura réinventé son art un nombre incalculable de fois. Il a remis entièrement sur le métier non seulement son ouvrage photographique, mais les relations entre la trame de sa vision et la chaîne du monde. Au point qu’on peut quasiment deviner la date d’une photo de Baumann aux courbes et aux couleurs, aux angles et aux profondeurs. Et toute sa vie, il a alterné les photos posées et les photos spontanées, de sorte que les deux se sont sans cesse nourries l’une de l’autre : les photos spontanées sont les esquisses de ses photos posées ; ses photos posées sont les préparatifs de ses photos spontanées. Et dans les photos spontanées, certaines sont si sophistiquées qu’on les dirait posées. Enfin, il y a ces séries qui strient sa vie d’artiste : les nus de Carnet d’adresses, les visages ridés de L’Âge du Siècle, les AutoSportraits où les voitures ressemblent à des personnages de fiction, les baptêmes d’Eau secours, les corps des Excentricités ordinaires, découpés et exposés comme des œuvres d’art. Et puis la plus récente des séries, Artistes peints, pour laquelle Baumann a inventé un système de projection permettant de photographier les peintres ou les dessinateurs tatoués de leurs propres œuvres. Les Artistes peints sont non seulement des réflexions sur le physique de l’artiste transformé en creuset de son œuvre, mais aussi des méditations sur la façon dont la photographie associe un être et son devenir, la façon dont la photographie peut fonctionner comme le « point d’assemblage », au sens chamanique du terme, entre le corps, l’âme et l’esprit. Tant que nous sommes sur la photo de Baumann, nous ne sommes pas « déboîtés » ; nous sommes « sur la bonne voie ».
Pacôme Thiellement (extrait du livre L’enquête infinie, puf 2021)