Antoine Poupel

Mon voisin Sam Szafran (1934-2019) était un homme, un artiste, un ami extraordinaire.

Nous déjeunions souvent ensemble, et nous avions convenu de faire son portrait.

Plus préoccupés par nos moments amicaux partagés à parler de notre vie, de nos parcours, de l’actualité, que de figer un instant ; le temps est passé trop vite. Sam a tiré sa révérence, et c’est son cercueil que j’ai photographié.
Lors d’une visite à sa veuve Lilette, pris de regrets de n’avoir aucun souvenir en images de l’ami Sam, me retrouvant dans son atelier, le désir de photographier ce lieu m’envahit. C’est un univers chargé, magique, que l’on retrouve dans la plupart de ses tableaux : escaliers sans fins, végétation exubérante, nombreux chevalets et centaines de pastels. J’ai pris des centaines de photos de son atelier, lieu précieux où se loge sa présence.

Sam Szafran était considéré comme le plus grand pastelliste français.
Ce fut un grand honneur, et beaucoup d’émotion, lorsque Lilette m’autorisa à venir travailler dans l’atelier de Sam et surtout à utiliser ses pastels.

J’ai travaillé mes images en y apposant des traces avec ses pastels. J’entendais ainsi poursuivre notre lien amical, nous retrouver unis dans mon travail, rendre hommage à Sam…lui donnant une présence colorée, et vivante…

Une rétrospective de Sam Sazfran aura lieu à Paris à l’orangerie en Octobre 2022.

J’ai eu l’occasion d’être l’invité d’honneur du festival photographique au Havre pour une exposition personnel aux Jardins Suspendus du Havre en 2019. J’avais montré à l’époque ma série sur les saisons du Japon.

Ces jardins suspendus devenus célèbres sont extraordinaires, surtout les serres.

J’ai eu l’idée d’y refaire une exposition en photographiant ces jardins à ma manière et d’en faire l’exposition d’été 2022, l’exposition devait s’appeler « Face à Face ». L’hommage à Sam dont l’atelier est comme une serre face aux serres et jardins du Havre.
En me mettant au travail, j’eu souvent l’occasion de croiser et de parler aux jardiniers de la place. J’ai découvert des gens extraordinaires par la passion de leur métier. J’ai commencé à faire les portraits de deux jardiniers. Puis mon travail s’est finalement concentré sur la plupart, il y en a maintenant 30.
En discutant avec eux, je n’ai pas voulu faire un portrait passif mais de collaboration. J’ai choisi des endroits du jardin qu’ils aimaient, et j’ai mélangé l’ensemble pour en faire une œuvre.
L’exposition s’appelle maintenant « Côte à Côte ».