Anne-Lise Broyer

La galerie S. est heureuse d’accueillir Comme l’oiseau borgne, une exposition personnelle d’Anne-Lise Broyer en marge des deux expositions monographiques consacrées actuellement à son travail : Recueil et Madame Air au Musée et au Château de Tours sur l’invitation d’Hélène Jagot ainsi qu’à sa présence au sein de l’exposition Épreuves de la matière présentée à la Bibliothèque nationale de France sur le site François Mitterrand et dont le commissariat a été assuré par Héloïse Conesa.

Jean-Louis Murat (qui s’est éteint brutalement près du Col de la Croix-Morand en mai dernier) et Anne-Lise Broyer ont en commun cet inconvénient d’être né quelque part, l’un entre Tuillère et Sanadoire, l’autre dans le Val de Saône. Il et elle revêtent un même Manteau de pluie, fréquentent la beauté (tous les mois de juillet), partagent un certain romantisme puisé notamment dans une enfance passée à arpenter les chemins d’un territoire rural, sauvage. L’un et l’autre ont installé leur écriture sous un ciel animal. L’une a beaucoup écouté l’autre.

Comme l’oiseau borgne n’est pas littéralement un hommage au chanteur mais un ensemble d’images anciennes ou inédites dont le fil conducteur est un lien défait entre des lieux, des lectures, des chansons, des époques… une manière de se tenir avec élégance et sensualité dans un monde cabossé.

Les ailes des pélicans de Valparaiso sont peut-être celles de L’Albatros de Baudelaire, La silhouette fantomatique d’une Dame blanche, les pages d’un livre entre lesquelles on laisse glisser ses doigts, l’oeil qui nous observe du fond d’un coquillage évoque parallèlement l’univers de Georges Bataille qui passa lui aussi une partie de son enfance dans le territoire auvergnat, pêchant la truite à main nue jusqu’à sa sortie du séminaire Saint-Flour. Les vies se lient, se délient.

Dans la même veine, les techniques se maillent : le dessin au crayon de bois à même le tirage argentique, la photographie, la couleur et le noir & blanc… Et c’est l’ensemble de ces liens qui se font et se défont sous nos yeux qui constitue l’essence du geste d’Anne-Lise Broyer.