Janvier, 2025

Animalia

ven17jan(jan 17)12 h 00 minsam08mar(mar 8)19 h 00 minAnimaliaLe singe et l’hirondelleGalerie Camera Obscura, 268 Boulevard Raspail 75014 Paris

Détail de l'événement

Photo : Népal 1994 © Pentti Sammallahti

Avec les photographies de
Michael Ackerman
Michel Vanden Eeckhoudt
Sarah Moon
Bernard Plossu
Paolo Roversi
Pentti Sammallahti
Yamamoto Masao

Avoir aperçu une bête sauvage – dauphin, loutre, héron, renard, vipère – me fait ma journée.
Quand je rencontre un nouveau visage, je n’ai pas de repos que je ne lui aie trouvé son animal, son homologue en physionomie dans les univers immenses de Cuvier, de Fabre ou de Linné. Ces apparentements, je ne sais pourquoi, me rassurent.
Cette parenté avec le monde animal que je ressens profondément remonte aux jours lointains de cette Arche où nous vivions plutôt serrés mais tous ensemble et où, pendant mille interminables journées de pluie, de solides connivences se sont établies.
Après que Noé eut échoué sa coque sur les flancs du Mont Ararat, cette grande ménagerie s’est vidée; chacun est retourné à ses affaires, de son côté, les uns vers Nachitchevan, les autres vers Maku, comme si cette cohabitation n’avait été qu’un songe. Ce jour-là, beaucoup de promesses ont été oubliées et l’humanité a perdu en partie de sa substance.
(Nicolas Bouvier, Le Hibou et la Baleine , éditions ZOE, 1993)

Nicolas Bouvier, à sa façon poétique et souriante, dit si bien à quel point le monde animal nous est cher, à quel point il nous touche (voyez l’enthousiasme inné des enfants pour les bêtes !).
Il fait aussi le constat de la séparation, de la perte de l’ancienne proximité entre l’homme et les autres membres du règne animal.
Les photographes, comme les fabulistes, tentent parfois de renouer ces fils. Ils nous montrent que cette proximité n’a pas totalement disparue et que tout est affaire de regard et de sensibilité.

Les animaux sont omniprésents dans l’oeuvre de Michel Vanden Eeckhoudt et de Pentti Sammallahti et ils occupent une place importante chez Yamamoto Masao.
Ils apparaissent aussi chez Paolo Roversi, portraiturés à l’égal des humains et le monde de Sarah Moon est peuplé d’oiseaux, d’éléphants et de chiens.
Leur humanité blessée nous touche chez Michael Ackerman et Bernard Plossu saisit les rencontres qu’ils nous offrent, fugaces, légères, et pleines de vie.
Il nous fallait bien rassembler un jour cette ménagerie et voir quel dialogue pourraient avoir entre elles toutes ces bêtes.
C’est le projet de cette exposition, imaginée pour le plaisir.
Pentti Sammallahti a beaucoup photographié les chiens, intercesseurs familiers entre nous et le monde sauvage qu’ils ont à peine quitté. En Russie, des sardines sèchées dans les poches,
il savait les attirer pour en faire les acteurs de ses images.
Sous d’autres cieux, il a saisi un singe cavalier dont on pourrait se demander s’il ne fut pas aussi bâtisseur, rescapé d’un monde où les rôles s’inversent.
Le regard de Michel Vanden Eeckhoudt sur l’animal est plein d’empathie et de tendresse, mais il ne cache pas le versant dramatique de l’existence des bêtes, et son sourire tourne parfois au vinaigre quand il rencontre la détresse de l’animal enfermé. Cette photographie d’une extrême virtuosité est au service d’un regard humaniste qui, au travers de notre rapport à l’animal, parle évidemment de nous.
On a parfois comparé la photographie de Yamamoto Masao au Haïku, court poème qui retient l’essence d’un instant. C’est dans l’émerveillement qu’il saisit les oiseaux, les singes, les papillons et les chiens : une ménagerie légère dont les petits personnages semblent à mi-chemin du rêve et du souvenir d’enfance.

Dates

17 Janvier 2025 12 h 00 min - 8 Mars 2025 19 h 00 min(GMT-11:00)

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