Février, 2023

Robert Polidori

sam25fev(fev 25)10 h 00 minsam29avr(avr 29)19 h 00 minRobert PolidoriPhotographsGalerie Karsten Greve, Paris, 5 Rue Debelleyme, 75003 Paris

Détail de l'événement

« Là où vous orientez la caméra est la question et l’image que vous obtenez est la réponse à déchiffrer. »

La Galerie Karsten Greve est heureuse de présenter Photographs, une exposition personnelle du photographe canadien Robert Polidori. À travers une sélection de photographies prises à Beyrouth, Versailles, Pripyat et à la Nouvelle-Orléans, l’artiste met en exergue le lien entre l’architecture et la mémoire.
Dans ses photographies, Robert Polidori capture un passé troublé et atemporel. S’aventurant dans des lieux abandonnés ou inaccessibles, il documente des zones ravagées par le temps et les saisons, où la mémoire du passé reste tangible.
« Les gens me demandent toujours : « Comment en êtes-vous venue à la photographie ? » Grâce à Frances Yates et à son livre L’art de la mémoire, qui a eu un impact important sur moi. Il retrace l’histoire des systèmes mnémotechniques, de la Grèce antique au début du XVIIe siècle. J’avais toujours pensé que l’application naturelle de l’appareil photo était de servir l’histoire – c’était sa fonction utilitaire. Mais l’une des choses mentionnées dans L’art de la mémoire est que les étudiants de la mémoire étudiaient les pièces vides, un concept que les Romains appelaient locus, » explique Robert Polidori.
Ainsi, il photographie la Nouvelle-Orléans immédiatement après le passage de l’ouragan Katrina en 2005, une décision prise sur un coup de tête à l’aéroport JFK à New York alors qu’il s’apprêtait à monter dans un avion qui devait l’emmener vers une toute autre destination. Il y découvre des scènes apocalyptiques : West End Boulevard, New Orleans, September , 2005 immortalise une maisonnette écrasée par les arbres et surplombé e par un ciel sinistre une image qui transpire le pathos . Polidori retourne à la Nouvelle Orléans en 2006, six mois après le passage meurtrier de l’ouragan. Dans le titre de ses photographies on retrouve toujours la référence du lieu en question, les numéros des maisons vides qui peinent à rester debout. Dans ses oeuvres, la figure humaine, principale victime, est absente, alors que tous ces vestiges s’accumulent autour d’elle. Dans 5020 Warrington Street, New Orleans, March, 2006 le spectateur se sent à la fois témoin d’un terrible évènement mais aussi voyeur qui vient s’introduire dans un lieu privé, intime : une chambre symétrique avec deux dressings, les vêtements abandonnés seules traces de ses anciens occupants.
C’est cette présence absente qui fascine tant Polidori. On la retrouve également dans sa série réalisée à Prypiat, en Ukraine, cette ville étrange construite au début des années 1970 pour accueillir les travailleurs de la centrale nucléaire de Tchernobyl et leurs familles, devenue fantôme après l’accident fatal survenu dans la nuit du 25 au 26 avril 1986. Polidori s’y rend 15 ans après, en 2001. Il découvre une architecture figée dans le temps, recouverte de poussière. Ainsi, dans Music Theory Classroom in School #5, Pripyat, 2001, Polidori nous confronte à une ancienne classe de musique, comme en témoigne un ancien piano au fond à droite. Aux murs, la peinture s’écaille et la poussière envahit l’espace. Les clichés sont d’une netteté remarquable, un effet que l’artiste parvient à obtenir grâce à un appareil grand format.
À Beyrouth, ses photographies de l’hôtel Petra illustrent la manière dont les interventions humaines et le passage du temps se sont inscrit sur les murs, et comment les chambres témoignent de leur histoire. Situé au centre de Beyrouth, l’hôtel Petra, autrefois grandiose et luxueux, fut endommagé pendant la guerre civile dans les années 1980 puis laissé à l’abandon. Comme en témoigne Hotel Petra #5, Beirut, 2010, Robert Polidori révèle un bâtiment qui succombe au passage du temps et embrasse la décrépitude. Comme à Pripyat, on retrouve les couches de peintures qui s’écaillent dans une superposition de motifs. Une détérioration lente, presque lascive, se laisse faire par le passage du temps. Mais tant que ces murs restent, ils gardent la mémoire de leur grandeur passée.
D’une certaine manière, Robert Polidori associe ces lieux à des capsules de mémoire. L’absence de la figure humaine accentue l’importance de l’architecture qui s’articule autour d’elle. Cette intention se distingue dans ses photographies du Château de Versailles, qu’il a commencé à photographier au début des années 1980 pendant les très longs travaux de rénovation et d’entretien. Monument emblématique, le Château de Versailles fut foulé non seulement par les rois et aristocrates mais également par les innombrables masses touristiques qui le font vivre aujourd’hui. Mais contrairement aux innombrables intérieur luxuriants, l’artiste s’intéresse autant aux cimaises étrangement dénudées, comme Salle la surintendance de Colbert, (6) ANR.01.006, Salles du XVII, Aile du Nord – R.d.C, Château de Versailles, France, 2007 qu’aux riches moulures et décorations qui sont autant d’oeuvres d’art, à l’instar de Boiserie detail, Salon d’Angle (Salon de Jeu) de Madame du Barry, Corps Central – 2ème étage, 2007. Ainsi, le Château de Versailles devient un palimpseste dépeuplé, un temple figé de la mémoire.

Né à Montréal en 1951, le photographe canadien Robert Polidori, installé à Ojai, Californie, est connu pour ses clichés à grande échelle des environnements urbains et des espaces intérieurs vides, souvent décrépis ou détruits. Dans ses photographies, l’histoire résonne dans l’architecture qui était définie par cette présence disparue – sortes de capsules de temps qui gardent précieusement la mémoire. Polidori lui-même considère les pièces et les lieux qu’il choisit comme des « théâtres de la mémoire », là où la présence n’existe plus – il ne reste plus que les structures, qui pourraient disparaitre à jamais à tout moment. Dans les années 1970, il arrive à New York, où il travaille aux Anthology Film Archives sous la direction de Jonas Mekas. En 1980, il est diplômé de la State University of New York. En 1998, il obtient le World Press Award pour son reportage de la construction du Getty Museum, puis en 1999 et en 2000 il reçoit le Prix Alfred Eisenstaedt pour ses photographies au New Yorker Magazine. En 2007 et en 2008 il obtient le Communication Arts Award. Récemment, en 2022, il reçoit la bourse du Guggenheim pour la photographie. Ses oeuvres font partie de nombreuses collections, dont celles du Los Angeles County Museum of Art (Los Angeles), du Metropolitan Museum of Art et du Museum of Modern Art (New York), du Victoria and Albert Museum (Londres) ou encore de la Bibliothèque nationale de France (Paris).

Dates

25 Février 2023 10 h 00 min - 29 Avril 2023 19 h 00 min(GMT-11:00)

Galerie Karsten Greve, Paris

5 Rue Debelleyme, 75003 ParisHoraires d'ouverture : Mardi - Samedi 10h - 19h

Galerie Karsten Greve, Paris

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