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Eric Guglielmi était photojournaliste, photographe et éditeur, sa galerie vient d’annoncer sa tragique disparition à l’âge de 51 ans. Autodidacte, c’est au début de son adolescence qu’il commence à faire de photos. Il débute sa carrière en chambre noire, qu’il lui donnera une véritable passion pour le tirage. Il quitte le laboratoire pour parcourir et raconter les histoires du monde qu’il confie à la presse. Il arrête le photojournalisme pour des travaux aux longs cours et troque son boîtier pour une chambre grand format. Sa dernière série, telle une prophétie, s’intitulé « Paradis Perdu »…

Nous partageons ici l’hommage, de sa galerie.

Eric Guglielmi © Thierry Arensma

Éric fut l’un des tout premiers artistes de la galerie Maubert, présentant ses clichés du fleuve Niger dès la troisième exposition, il y a 10 ans. Il laisse une œuvre monumentale, passant plus de 30 ans à sillonner le monde : en Europe, en Amérique du Sud et surtout en Afrique. Artiste bouleversant et bouleversé, il quitte le photojournalisme en 2002 pour construire une réflexion de long cours, à revers de l’actualité, nous permettant de « voir différemment ». Fidèle à ses origines ardennaises, il signe deux séries cultes autour du poète Rimbaud et de la forêt ardennaise. Sa dernière série Paradis Perdu nous amène dans la forêt du bassin du Congo, deuxième poumon vert de la terre, auprès des tribus Baka, victimes de la déforestation.

Au delà de son rôle de photographe, Éric marque d’une empreinte inoubliable la Galerie Maubert, lui permettant de découvrir, dans son atelier, le travail caché de Payram, ou nous présentant, toujours bienveillant, le travail d’Arnaud Lesage via la sublime édition d’Anatopée aux Éditions GANG, qu’Éric avait fondées en 2010. Puriste du tirage, il n’hésitait pas à accompagner les autres artistes de la galerie, Laurent Goldring, Jonas Delhaye, Nicolas Floc’h, qui lui seront éternellement reconnaissants.

Nos pensées vont à ses trois enfants, sa compagne, ses parents, ses fidèles amis, tous les jeunes photographes qu’il a formés et aidés, sans hésitation, notamment Franck et Louis, tous ses admirateurs du Doc, où il a créé le laboratoire argentique pour tous les artistes qui souhaitaient s’y essayer (du tirage aux sels d’argent au Platine palladium ou bien à la gomme bichromate qu’il venait tout juste de dompter), tous les collectionneurs, directeurs d’institution, amis de musée qui venaient l’écouter avec passion.

Franc, engagé, honnête, passionné, généreux, Éric était un ami. C’est en sa compagnie que nous avons passé les plus beaux moments à l’écouter refaire le (son) monde. Son amour de l’autre, son engagement et sa lutte contre l’indifférence resteront à jamais gravés dans sa magnifique oeuvre que nous continuerons à faire vivre grâce à vous.

https://www.galeriemaubert.com/eric-guglielmi

Ericka Weidmann
Après des études d'Arts Appliqués et de photographie, elle rejoint un magazine en ligne consacré à la photo en tant que directeur artistique, poste qu'elle occupera pendant 10 ans. En 2010, elle s'installe comme DA en indépendant. En parallèle, elle devient responsable éditorial pour Le Journal de la Photographie et c'est en septembre 2013 qu'elle co-fonde le quotidien L’Oeil de la Photographie pour lequel elle est rédactrice en chef jusqu'en septembre 2016 avant de fonder 9 Lives magazine ! Ericka Weidmann est également journaliste pigiste pour d'autres médias.

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