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Co-directrice de la galerie Eric Mouhet, Valérie Bazin revient sur les raisons qui ont conduit la galerie à participer à ce rendez-vous incontournable de la scène européenne, Art Brussels offrant une caisse de résonnance plus grande à des formes de revendications sociétales, politiques et queers, d’après leur expérience. A cette occasion, la galerie présente les artistes : Romeo Gómez López (1991, Mexique), Pierre Gaignard (1984, France) et Miron Schmückle (1966, Roumanie).

Valérie Bazin (C) Hafid Lhachmi – ADAGP Paris, 2024

Cofondateur de Salón Silicón, un projet hybride entre galerie et collectif artistique, fondé à Mexico en 2017 pour soutenir le travail des artistes femmes et des membres de la communauté LGBTQ+, Romeo Gómez López, qui bénéficie également d’une exposition à la galerie de Bruxelles « 2025: A Space Algodicy » imagine un récit à la croisée de la philosophie, de l’histoire et de la science-fiction autour de certaines formes ostracisation subis en tant qu’artiste queer, de la douleur et de la souffrance générées par l’emprise capitaliste sur nos vies et de l’anarchie comme une posture de solidarité et d’égalité. La galerie a présenté l’artiste à l’occasion de la foire Zonamaco (Mexico) 2024 et remporté un vrai succès comme le précise Valérie.

Romeo Gómez López, Cryodreams 2025, courtesy the artist, Eric Mouchet Galerie

Miron Schmückle joue sur l’illusion, ses peintures délicates, titrées en latin, détournent les codes de l’illustration scientifique pour donner vie à une flore luxuriante et envoûtante, entièrement fictive. Autant de dérives imaginaires grotesques, envoutantes et luxuriantes, virtuoses et chimériques.

Miron Schmückle, The Nymphs Are Departed II, 2023, courtesy the artist, Eric Mouchet galerie

Pierre Gaignard (rencontré plusieurs fois au Wonder, artist-run space dont il est cofondateur), à partir de son installation « Griza:j Hypermat’ (lithophanie pour une IA) » poursuit son exploration des datas et de mondes parallèles dans des univers composites relevant d’une esthétique du bricolage aux confins de la magie et de la science-fiction.

Silina Syan, En chaîne et en Or, 2025 détail, vue exposition En chaîne et en Or, Confort Moderne Poitiers 2025 courtesy the artist (C) Arthur Pequin

Valérie Bazin explique le mode de fonctionnement entre les différents acteurs de la galerie qui reste une petite entité, souple et agile, et pourquoi elle a décidé de rejoindre l’équipe au moment de l’ouverture de l’espace de Bruxelles. Elle apprécie l’approche non hiérarchisée et les initiatives permises par Eric Mouchet autour du choix de certains artistes ou de certains projets. Elle décrit son métier au quotidien très polyvalent entre la vente et la promotion des artistes, les demandes de journalistes, de prêts d’œuvres ou de productions en tant que telles, les contacts avec les commissaires ou directeurs d’institutions… Ne venant pas d’une famille tournée vers l’art, le chemin a été plus long pour en arriver là où elle est actuellement. Très touchée par le contact de certaines œuvres qui ont été de véritables déclencheurs comme avec Joseph Beuys. Son Master en histoire de l’art à la Sorbonne s’est révélé particulièrement pertinent autour d’un mémoire sur l’action de l’œuvre d’art directement sur le corps du visiteur sans avoir besoin de passer par un discours préalable. Intitulé « les environnements encombrés dans l’art contemporain », ce projet de recherche prenait comme point de départ le Merzbau du Kurt Schwitters en passant par Allan Kaprow, le groupe Dylaby jusqu’à aujourd’hui avec les artistes Sun Yuan & Peng Yu, ou encore Lygia Clark et Cildo Meireles, en établissant un état des lieux chronologique.

Silina Syan, Sonar Bangla (Lux Reflections) 2023 vue exposition En chaîne et en Or, Confort Moderne Poitiers 2025 courtesy the artist (C) Arthur Pequin

A présent que son travail s’est diversifié et enrichi, elle ressent encore à quel point toute œuvre d’art est différente, certaines pouvant être comprises du premier regard si l’on pense notamment à Kubra Khademi, artiste emblématique de la galerie, qui nue et vaillante, est en train de tuer le dragon du patriarcat. On comprend que c’est une femme qui a subi des situations, a su se révolter et s’imposer avec cette volonté de rependre sa parole et de témoigner et de partager cette force en elle, comme elle le résume. De même avec Romeo Gómez López et tout un territoire très intéressant à rencontrer à travers notamment ses écrits très impactants selon elle.

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INFORMATIONS PRATIQUES
Art Brussels
Événement terminé
Brussels Expo
​Place de Belgique 1
1020 Bruxelles ​
http://www.artbrussels.com

Co-director of the Eric Mouchet Gallery, Valérie Bazin reflects on the reasons that led the gallery to take part in this key event on the European art scene. According to their experience, Art Brussels offers a broader platform for societal, political, and queer forms of expression. On this occasion, the gallery is presenting the works of artists: Romeo Gómez López (1991, Mexico), Pierre Gaignard (1984, France), and Miron Schmückle (1966, Romania).

Romeo Gómez López, co-founder of Salón Silicón—a hybrid project between gallery and artist collective, founded in Mexico City in 2017 to support the work of women artists and LGBTQ+ community members—is also featured in a solo exhibition at the Brussels gallery, « 2025: A Space Algodicy. » In it, he imagines a narrative at the crossroads of philosophy, history, and science fiction, addressing forms of ostracization experienced as a queer artist, the pain and suffering caused by capitalism’s grip on our lives, and anarchism as a stance of solidarity and equality. The gallery presented the artist at the 2024 edition of the Zonamaco fair in Mexico, where, as Valérie notes, his work met with great success.

Miron Schmückle plays with illusion—his delicate paintings, titled in Latin, subvert the conventions of scientific illustration to bring to life a lush and mesmerizing, entirely fictional flora. These are grotesque, enchanting, luxuriant, and chimerical imaginary offshoots, marked by virtuosity.

Pierre Gaignard—whom I’ve encountered several times at Wonder, the artist-run space he co-founded—continues his exploration of data and parallel worlds through his installation “Griza:j Hypermat’ (lithophany for an AI).” His work inhabits composite universes shaped by a DIY aesthetic that lies at the intersection of magic and science fiction.

Valérie Bazin explains how the gallery operates as a small, flexible, and agile structure, and why she decided to join the team at the time of the Brussels space’s opening. She values the non-hierarchical approach and the freedom that Eric Mouchet offers when it comes to selecting artists or projects. Her day-to-day work is highly versatile, ranging from sales and artist promotion to handling press requests, coordinating artwork loans or productions, and maintaining relationships with curators and institution directors.

Coming from a non-art background, her path into the art world was less direct. She recalls being deeply moved by certain artworks that served as true catalysts—such as those of Joseph Beuys. Her Master’s degree in Art History from the Sorbonne proved particularly meaningful. Her thesis focused on the direct physical impact of artworks on viewers, without requiring any prior explanatory discourse. Titled “Cluttered Environments in Contemporary Art,” the research examined a chronological trajectory beginning with Kurt Schwitters’ Merzbau, continuing through Allan Kaprow and the Dylaby group, and leading up to artists such as Sun Yuan & Peng Yu, Lygia Clark, and Cildo Meireles.

Now that her role has become more diverse and enriched, Valérie still feels just how different each artwork can be. Some can be understood at first glance—such as those by Kubra Khademi, one of the gallery’s emblematic artists, who appears naked and defiant, in the act of slaying the dragon of patriarchy. As Valérie puts it, one immediately understands that this is a woman who has experienced oppression, found the strength to rebel, to assert herself, and now speaks out—bearing witness and sharing the power she carries within.

She feels the same way about Romeo Gómez López, whose work opens up a fascinating and vital space—especially through his deeply impactful writings.

Marie-Elisabeth De La Fresnaye
Après une formation en littérature et histoire de l'art, Marie de la Fresnaye intègre le marché de l'art à Drouot et se lance dans l'événementiel. En parallèle à plusieurs années en entreprise dans le domaine de la communication éditoriale, elle créé son blog pour partager au plus grand nombre sa passion et expertise du monde de l'art contemporain et participe au lancement du magazine Artaïssime.

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